Elections chez LR : le député Pierre-Henri Dumont, futur "monsieur immigration" d'Eric Ciotti ?

Le 11 décembre, Eric Ciotti a été élu nouveau patron des Républicains avec près de 54% des voix. Le député LR du Pas-de-Calais Pierre-Henri Dumont est pressenti pour devenir le forgeron de la politique migratoire de la droite traditionnelle.

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Ce n'était pas son candidat mais ce sera son président. Le député de la 7ème circonscription du Pas-de-Calais, Pierre-Henri Dumont a rapidement pris la parole à l'issue du scrutin qui a désigné, le 11 décembre, Eric Ciotti comme nouveau patron de la maison LR. "Félicitations à Eric Ciotti pour sa belle victoire ce soir", célèbre-t-il sans rancune sur Twitter.

Eric Ciotti, un président qui divise ?

Partisan d'une ligne plus modérée, Pierre-Henri Dumont avait soutenu le candidat Aurélien Pradié. "Nous avons fait un excellent score avec un quart des voix. Lors de l'entre-deux tours, Eric Ciotti a proposé de reprendre nombre de nos propositions, il est venu dans ma permanence à Calais à la rencontre des militants. C'est quelque chose qui me convient, même s'il faudra effectivement faire en sorte que l'ensemble des sensibilités qui correspondent à la droite soient représentées demain chez Les Républicains" réagit-il auprès de France 3. 

Une manière de rassurer, peut-être. Eric Ciotti avait en effet fait des vagues chez Les Républicains en septembre 2021 en affirmant : "Au second tour le la présidentielle, si le match se joue entre Emmanuel Macron et Eric Zemmour, je voterai Eric Zemmour." Mais Pierre-Henri Dumont le martelait dès l'annonce des résultats : "La ligne est extrêmement claire : aucune alliance à avoir, ni avec le Rassemblement national, ni avec Eric Zemmour."

Ces déclarations d'apaisement n'ont pas convaincu tout le monde. Le maire de Metz, François Grosdidier, a claqué la porte de la maison-mère sans attendre, fustigeant les positions très droitières d'Eric Ciotti. "J'avais adhéré à un rassemblement, fidèle aux racines gaullistes, en phase avec la société, avec un président, Jacques Chirac, qui nous grandissait" a-t-il écrit dans son message d'adieux.

Plus de 85 000 adhérents pour le vote

Le député du Calaisis veut avant tout retenir la qualité du processus démocratique des Républicains. "Ce qui domine, c'est déjà le sentiment d'un scrutin qui s'est bien déroulé. On est le premier parti de France en termes de nombre de militants. (...) Il n'y a que chez Les Républicains qu'il y a cette compétition interne, qui est saine et qui permet de donner une légitimité à Eric Ciotti qui est aujourd'hui à la tête de notre mouvement."

Si plusieurs autres partis n'ont effectivement présenté qu'une seule liste lors de leurs élections internes, il convient cependant de modérer l'appellation de "premier parti de France". Selon France Info, à la veille de la primaire, LR comptait quelque 85 000 adhérents à jour dans leur cotisation. Les rangs sont donc effectivement assez bien garnis. LR s'offre un beau rattrapage si l'on considère qu'au 1er juin, ce nombre était retombé à 48 500 personnes. L'enjeu du choix du patron de la droite traditionnelle a donc motivé les foules.

Pour autant, selon des données compilées par BFM en décembre 2021, les partis LREM et LFI, où l'adhésion est gratuite, revendiquaient respectivement 420 000 et 600 000 encartés. Ces chiffres sont tous à prendre avec précaution : ils évoluent rapidement, sont bien souvent surévalués par les partis politiques et restent dans certains cas impossibles à vérifier.

Pierre-Henri Dumont, futur "Mr immigration" ? 

Quoiqu'il en soit, pour Pierre-Henri Dumont, pas question de prendre la même porte que son collègue de Metz. Les urnes ont parlé. D'autant que le député calaisien pourrait bien avoir un rôle-clé à jouer dans les prochains mois. Il est pressenti pour devenir le conseiller immigration du nouveau président.

Questionné à ce sujet, Pierre-Henri Dumont ne s'avance pas outre-mesure, mais souligne sa compétence. "En tout cas c'est un dossier sur lequel je travaille, j'étais l'orateur du groupe LR à l'Assemblée lors du débat immigration il y a moins d'une semaine et je suis fléché pour être l'orateur sur le nouveau projet de loi qui va arriver d'ici quelques mois à l'Assemblée. C'est un sujet que je maîtrise, je suis là pour améliorer la vie quotidienne des Français et je pense que ça passe par l'application de nos mesures. Si pour cela je dois aider le président nouvellement élu dans ses fonctions, ce sera avec plaisir."

Pour lui, la ligne politique de LR sur la question migratoire est limpide. "Il s'agit de passer de l'immigration que nous connaissons aujourd'hui, c'est-à-dire familiale, sous-qualifiée et subie, à une immigration de travail, surqualifiée et choisie" résume-t-il.

LR défend une immigration qui rapporte

Pour appuyer sa formule, Pierre-Henri Dumont avance des chiffres : "aujourd'hui, 40% des immigrés ont un niveau scolaire égal ou inférieur au brevet des collèges. (...) Moi au contraire, je considère qu'il nous faut des médecins, des ingénieurs, des ouvriers qualifiés. L'immigration n'est pas là pour remplir des sous-métiers."

S'ils ne peut pas être considéré comme faux, ce chiffre est néanmoins à contextualiser et à relativiser. Le premier est issu d'une étude de l'INSEE sur l'insertion des immigrés et, il est important de le préciser, elle inclue l'ensemble des immigrés vivant en France, dont la moitié des actifs sont arrivés sur le territoire avant 1998. 

Les données les plus récentes compilées par l'institut de statistique montrent une réalité qui a drastiquement évoluée. Les "immigrés arrivés en 2019" sont 24% à ne pas avoir de diplômes, contre 20% de la population générale, mais ils sont aussi largement plus nombreux à être diplômés du supérieur : 43% contre 30%. Par ailleurs "le niveau de diplôme des nouveaux arrivants immigrés augmente, comme dans la population générale, au fil des générations" note l'INSEE.

"On est le seul pays de l'OCDE où l'immigration a un coût négatif pour les finances publiques donc il faut trouver des solutions pour qu'il se passe ce qu'il se passe partout ailleurs : une immigration qui rapporte aux finances publiques. Ça passe par une meilleure intégration mais aussi par une diminution en particulier de l'immigration familiale", argumente encore Pierre-Henri Dumont.

La coût de l'immigration pour les finances publiques, lui, est issus des calculs faits par l'OCDE. La contribution budgétaire nette des personnes nées à l’étranger, calculée sans les dépenses liées à la dette publique, mène effectivement à un chiffre négatif de -0,53. On pourrait donc en conclure que les personnes issues de l'immigration coûtent plus qu'elles ne rapportent.

Mais la contribution budgétaire nette des personnes nées à l'étranger en incluant toutes les dépenses est elle, affichée à +1,02 et donc excédentaire, comme dans tous les pays de l'OCDE. Il est cependant vrai que cette marge à la faveur des finances publiques reste la plus faible des pays européens, à l'exception de la Suède.

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