Depuis le 22 janvier dernier, Médecins sans frontières (MSF) propose pour la première fois des places d'hébergement d'urgence aux personnes les plus vulnérables à Calais, un service dédié surtout aux mineurs exilés alors qu'une centaine d'enfants et d'adolescents dorment dans des campements de fortune.
Comme chaque hiver, les places d'hébergement d'urgence sont chères pour les personnes vivant à la rue. Une situation aggravée à Calais par la présence d'exilés en attente de traverser la Manche pour rejoindre l'Angleterre. Nombre d'entre eux dorment dehors, dans des campements de fortune. Parmi eux, des mineurs, livrés à eux-mêmes. Face à cette urgence, Médecins Sans Frontières a décidé et ce pour la première fois d'ouvrir des places d'hébergement pour le personnes les plus vulnérables, dans un hôtel à Calais.
"Une prise en charge humaine"
Ils sont une centaine de mineurs dans le Calaisis, à vivre dans des campements insalubres en plein hiver. C'est souvent la seule option pour ces jeunes exilés, faute de place dans des hébergements d'urgence. Depuis le 22 janvier dernier, une nouvelle option s'offre à eux, l'accès à un hébergement alloué par Médecins Sans Frontières dans un hôtel calaisien. Vingt places par nuit sont disponibles et proposées en priorité aux mineurs non-accompagnés dont la demande de mise à l’abri a été refusée par les services de protection de l’enfance (ASE).
"Si on a mis en place ce dispositif, c'est parcequ'on a constaté que depuis six mois il y avait trop de refus, parce le dispositif de l'ASE est saturé, dans cette période hivernale", évoque Ali Besnaci, coordinateur MSF à Calais.
"Cela répond à une urgence, une défaillance et des manquements des services de l'état", continue-t-il.
Dans un hôtel de la ville, l'association voit parfois arriver des jeunes hommes trempés, après avoir tenté la traversée : "encore hier matin, deux jeunes mineurs se sont présentés à nous, mouillés de la tête aux pieds... Si la demande de mise à l'abri du département leur a été refusée, ils n'ont nulle part où aller ".
"Ce que nous leur proposons c'est une prise en charge humaine, une douche, un abri au chaud, qu'ils ne vivent plus dans la boue" confie Ali Besnaci.
Un plan grand froid trop peu activé
Depuis le mois de novembre 2023, le Nord-pas-de-Calais connaît de grosses intempéries : une tempête, suivie d'innondations, des vagues de froid extrêmes et des chutes de neige. Ces conditions météorologiques rendent d'autant plus difficiles la vie des exilés même si des places supplémentaires en hébergement d'urgence sont bien prévues par le plan grand froid. Seulement, "il est activé au compte goutte, il devrait être permanent l'hiver. De plus, il est inadapté. Les places proposées sont difficiles d'accès, il faut marcher longtemps pour y accéder, c'est trop éloigné, ce qui décourage les exilés", précise le coordinateur MSF de Calais.
Pour l'association, les personnes vivant au milieu des flaques d’eau, les pieds dans la boue, dans des couvertures et des vêtements trempés, avec pour seul chauffage des petits feux de camp, risquent de développer des maladies liées à l’exposition au froid ou des complications dues à l’absence de traitement des infections.
"Ce qui nous inquiète particulièrement concernant les mineurs, c'est que ces jeunes sont exposés à une dégradation de leur santé physique d'une part, mais aussi à l'emprise, aux mauvaises rencontres, ils sont extrêmement vulnérables, si cette situation perdure, on envisage le pire pour eux..." observe Ali Besnaci.
Depuis le 22 janvier dernier, MSF a fourni 80 nuitées d'hôtels aux mineurs exilés qu'elle accompagne. Un dispositif qui prendra fin le 31 mars prochain.