Un hommage à Dominique Bernard est organisé ce dimanche 13 octobre 2024, un an après sa mort. Place des Héros, tous honorent la mémoire du professeur tué lors de l’attentat d’Arras. 8000 personnes sont attendues.
L’hommage a débuté ce dimanche 13 octobre 2024 à 11 heures du matin, en présence de quatre ministres. Il y a un an jour pour jour, Dominique Bernard a été tué, dans son lycée, par un ancien élève radicalisé. Sur la place des Héros d’Arras, élèves, parents et habitants de la ville expriment leur émotion.
8000 personnes sont attendues ce matin. Devant le beffroi, la foule se presse dans le calme. Pour Catherine, enseignante à la retraite, “il faut être là aujourd’hui”. Une rose blanche à la main, les larmes aux yeux, elle est toujours aussi émue un an après le drame. “C’est atroce ce qu’on a vécu, c’est intolérable”, souffle-t-elle. “Aller bosser et se faire trucider par un terroriste, c’est inconcevable.”
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Une émotion palpable
Plus loin, Maëlie et sa maman sont aussi venues avec une rose blanche. La jeune fille, ancienne élève de Gambetta, témoigne : "C'était important d'être là pour honorer sa mémoire, mais aussi pour moi, pour me relever petit à petit. Ce qui aide, c'est la solidarité à Gambetta entre les élèves. On a vécu la même chose, pas tous de la même façon. Mais on s'est tenu la main pour avancer."
Dorothée, sa maman, a tenu à accompagner Maëlie, "pour qu'elle n'ait pas à affronter ce moment toute seule". Lorsque la sonnerie retentit, marquant le début de l'hommage, cette dernière fond en larmes dans les bras de sa mère.
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Autour d'elles, l'émotion est palpable alors que commencent les différents tableaux de l'hommage : d'abord, un concert de musique classique. Et après la beauté des violons, un moment de grâce : un spectacle de danse contemporaine.
Pas un son ne résonne sur la place, hormis les morceaux musicaux et une voix qui énonce, dans les micros : "Rire, sortir, étudier, aimer. Continuer encore."
Des applaudissements saluent la danse. Sur scène, s'ensuit une lecture solennelle de "Avant la Nuit", d'Hélène Dorion, par la comédienne Mélissandre Fortumeaux. François, un ami de Dominique Bernard, enchaîne avec une autre lecture, cette fois-ci d'un texte d'Abdelattif Laabi, "J'atteste". Alors qu'une artiste peint une fresque en arrière plan : en bleu, blanc, rouge, on y voit une colombe avec un rameau d'olivier, symbole d'amour et de paix. "Liberté, égalité, fraternité", peut-on lire.
Trois interprétations musicales succèdent à ces lectures. À la harpe et au chant, "Music for a while" et "Asturiana", suivies d'un morceau de Damien Saez, "Les enfants paradis", à la guitare-chant.
Cédric, un père de famille, a les yeux remplis de larmes. Il tenait à être aux côtés de son plus jeune fils, Noah. Théo, son aîné, était au lycée Gambetta lors de l'attentat d'Arras mais n'a pas souhaité venir. "C'était trop dur pour lui". Tous deux sont venus le représenter. Noah, quelques minutes plus tard, fera un malaise et sera pris en charge par la Croix-Rouge.
Un hommage à toutes les victimes du terrorisme en France succède aux interprétations musicales. Toulouse Montauban, le Bataclan, Charlie Hebdo, Bruxelles, Paris, Marseille, Strasbourg, Nice, Conflans-Sainte-Honorine... Chaque attaque terroriste est citée, pour ne pas oublier. Pour finir par Arras.
Un an plus tard, nous lui devions d’être là à vos côtés, aux côtés de toutes celles et ceux qui ont souffert et souffrent encore. Oui un an plus tard nous sommes toujours ensemble, toujours debout.
Frédérique Leturquemaire d'Arras
Frédérique Leturque, le maire d'Arras, prend ensuite la parole, rendant un hommage solennel à Dominique Bernard et réaffirmant son soutien à sa famille. "Un an plus tard, nous lui devions d’être là à vos côtés, aux côtés de toutes celles et ceux qui ont souffert et souffrent encore. Oui, un an plus tard nous sommes toujours ensemble, toujours debout."
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"Ce 13 octobre 2024, nous avons aussi une pensée pour Samuel Paty", affirme l'édile. Il clôt son discours par une phrase d'Antoine de Saint-Exupéry : "Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis." "Vive l'école, vive la vie, vive la République et vive la France", ajoute-t-il.
La cérémonie touche à sa fin. La famille et les officiels déposent leurs roses blanches devant le portrait de Dominique Bernard, devant la scène. Les personnes présentes sur la place des Héros sont ensuite invitées à déposer leurs fleurs à leur tour.