Les élus de Blendecques et d'Arques, deux communes du Pas-de-Calais qui figurent parmi les plus touchées de ces dernières inondations, espèrent de Gabriel Attal qu'il annonce de "vraies mesures" concernant les digues, les pompes et le curage des cours d'eau, afin d'apaiser les esprits et de préparer l'avenir.
Une visite que les maires du Pas-de-Calais vont scruter avec attention. Gabriel Attal, fraîchement nommé Premier ministre depuis 14 heures, ce mardi 9 janvier 2024, est actuellement en déplacement à Clairmarais près de Saint Omer, où il doit rencontrer les élus des communes sinistrées lors des dernières inondations.
Chère @Elisabeth_Borne, tu as été une Première ministre d'action et de courage. Ton histoire personnelle tout autant que ton éthique politique ont fait de toi un exemple.
— Gabriel Attal (@GabrielAttal) January 9, 2024
Nous savons ce que nous te devons.
Merci pour tout. pic.twitter.com/6jLPTne52K
La présence du Premier ministre succède à celle de Christophe Béchu, ministre de la Cohésion des territoires, dépêché à Arras depuis 14 heures pour une réunion avec, entre autres, les présidents des communautés d'agglomération des Hauts-de-France. Une entrevue dépourvue d'élus locaux que les maires du Pas-de-Calais n'hésitent pas à décrier, évoquant une "déconnexion du réel" de la part du ministre.
Un déplacement qui divise
Arrivé peu avant 18 heures à Clairmarais, Gabriel Attal a été accueilli par un cortège de maires sceptiques, en colère, ou tout simplement curieux d'entendre les annonces de nouveau Premier ministre. "C'est déjà bien qu'il vienne à notre rencontre, alors que nous, les maires, n'avons même pas été conviés à Arras où des mesures importantes étaient censées être annoncées", déplore Benoît Roussel, maire d'Arques convié à Clairmarais. "C'est une bonne chose qu'on puisse lui parler directement et pas par l'intermédiaire de quelqu'un."
C'est déjà bien qu'il vienne à notre rencontre, alors que nous, les maires, n'avons même pas été conviés à Arras où des mesures importantes étaient censées être annoncées.
Benoît Roussel, maire d'Arques
Un optimisme qui n'est pas partagé par tous les représentants des habitants du Pas-de-Calais. Lorsqu'il a été informé du déplacement surprise de Gabriel Attal, Vincent Maquignon, adjoint au maire de Blendecques, ne s'en est pas réjoui : "Je vois sa venue d'un œil défaitiste. Déjà quand on voit la réunion d'Arras avec Christophe Béchu où nous, les élus, n'avons pas été conviés, alors que nous sommes sur le terrain, j'ai peu d'espoir."
Besoin de sécurité...
Au cœur des revendications des maires et de leurs équipes : le curage des cours d'eau et la création de nouvelles digues, accompagnées d'une rénovation des fortifications déjà existantes. Le maire d'Arques le répète : "les digues actuelles sont insuffisantes". Lors des trois crues qui ont éprouvé la commune ces derniers mois, l'eau de l'Aa parvenait à passer par-dessus la digue, fragilisant ce dernier rempart avant l'inondation. "On demande à être protégé, de savoir quand les rivières seront curées et les digues réparées... Pour l'instant il n'y a pas encore de mort mais si rien n'est fait cela laisse présager le pire."
Pour l'instant il n'y a pas encore de mort mais si rien n'est fait cela laisse présager le pire.
Benoît Roussel
Dans un post sur le réseau social X, le président de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, interpellait le Premier ministre en demandant sa venue "immédiatement" pour "prendre des décisions fortes et rapides dont les sinistrés ont besoin."
M. le Président de la République, @EmmanuelMacron, avec Jean-Claude Leroy, Président du @Pasdecalais62, nous souhaitons que votre nouveau premier ministre vienne immédiatement suite aux inondations pour prendre des décisions fortes et rapides dont les sinistrés ont besoin.
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) January 9, 2024
... Et de réponses
D'autant plus que, comme le fait savoir Vincent Maquignon, "la période des pluies ne fait que commencer", laissant planer une grande incertitude quant à de nouvelles inondations dans les prochains mois. "Les sinistrés aimeraient pouvoir commencer leurs travaux sans risquer de devoir les recommencer à chaque fois. Il faut des mesures concrètes, installer des pompes supplémentaires à Mardyck, faire des travaux dans l'Audomarois. Car une fois les ministres partis, on reste seuls face à nos problèmes."
Il faut des mesures concrètes (...) car une fois les ministres partis, on reste seuls face à nos problèmes.
Vincent Maquignon, adjoint au maire de Blendecques
En tant qu'élu, l'adjoint au maire de Blendecques fait état d'une tension grandissante avec les habitants sinistrés de sa commune. Selon lui, l'équipe municipale "se fait facilement malmener" par les habitants, qui demandent des réponses "que la mairie ne peut pas apporter." "Je comprends leur colère, mais nous avons tous besoin de réponses, même nous en tant qu'élus, afin d'éviter de s'autodétruire."