Face aux inondations à répétition, les agriculteurs du Pas-de-Calais se sont donné rendez-vous à Outreau pour lutter contre l'inaction de l'État dans l'entretien des cours d'eau du département. Pour y remédier, ils ont décidé de procéder à leur propre curage de la Liane.
"Il y a un immobilisme qui a eu lieu pendant 20/30 ans, et aujourd'hui on en paie les conséquences, dénonce Lucie Delbarre, présidente de la FDSEA 62, si les cours d'eau étaient bien entretenus il n'y aurait pas cette problématique". Face au deuxième épisode d'inondation en deux mois, les agriculteurs du Pas-de-Calais dénoncent une forme d'inaction politique qui expliquerait l'importance des crues de ce début d'année 2024.
La FDSEA 62 et les Jeunes Agriculteurs ont donc lancé un appel à la mobilisation sur leurs réseaux sociaux. Le rendez-vous a été donné à Outreau ce lundi 8 janvier. De nombreux tracteurs, ainsi qu'une grue sont attendus le long de la Liane pour procéder à un curage. Dans l'attente d'une action de l'État, "on passe à l'acte" explique Lucie Delbarre.
Pour éviter les inondations, entretenir les cours d'eau et les wateringues
Pour les agriculteurs du Pas-de-Calais, les deux épisodes d'inondations qui se sont succédés entre le mois de novembre et de janvier ont eu des conséquences délétères sur leurs exploitations. Fourrage, bétail, humidité des terres... "On compte plusieurs millions d'euros de perte" explique Quentin Destombes, président des Jeunes Agriculteurs Nord Pas-de-Calais.
"On sait très bien que quand les sols se gorgent d'eau, c'est très positif pour les nappes phréatiques. Mais lorsqu'ils sont trop gorgés d'eau, toutes les pluies partent directement dans les fossés et les rivières. Si on ne facilite pas le transport de cette eau par des entretiens réguliers, cela devient complexe." ajoute Quentin Destombes. Pour les syndicats agricoles, la violence de ce second épisode de crue aurait pu être évitée par un entretien plus régulier des cours d'eau du Pas-de-Calais.
Tout le monde se renvoie la balle
Jérémie DumontAgriculteur de Saint-Etienne-au-Mont (62)
Ce transport de l'eau pourrait être facilité par l'entretien des wateringues et des curages, c’est-à-dire l'opération qui permet de retirer les sédiments qui se sont accumulés au fond d'un cours d'eau.
Des travaux trop long à mettre en place
Néanmoins face à l'ampleur des travaux, "tout le monde se renvoie la balle" dénonce Jérémie Dumont, agriculteur de Saint-Étienne-au-Mont, "personne ne veut payer." En novembre dernier, le président de la République Emmanuel Macron s'était rendu sur place pour constater les dégâts et proposer des solutions face aux crues. Mais "on tarde à avoir les aides", dénonce Lucie Delbarre.
On en a marre qu'il n'y a rien qui bouge. Avant de curer il faut faire des études. Mais il faut arrêter de faire des études prendant des années, faut arrêter de tourner autour du pot.
Jérémie DumontAgriculteur de Saint-Étienne-au-Mont (62)
Pour lancer les travaux, des enquêtes environnementales doivent être menées. Trop longues pour les agriculteurs. "On en a marre qu'il n'y ait rien qui bouge. Avant de curer il faut faire des études. Mais il faut arrêter de faire des études, faut arrêter de tourner autour du pot" s'agace Jérémie Dumont.
Dans l'attente d'actions du gouvernement, les agriculteurs se sont donc réunis le long de la Liane pour procéder eux-mêmes au curage du cours d'eau.