"Il nous manque des professeurs ici et lui est muté dans l'académie de Versailles", des élèves en carrosserie sans professeur depuis la rentrée à Outreau

Parents d'élèves, enseignants et lycéens se mobilisent au lycée professionnel Clerc à Outreau pour récupérer leur professeur de carrosserie. Depuis la rentrée de septembre, certains élèves n'ont toujours pas de cours dans cette discipline. L'enseignant qui les suivait a été affecté en région parisienne. Une situation qui ne convient ni aux élèves, ni au professeur, actuellement en arrêt maladie.

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Le cas du lycée professionnel Clerc, à Outreau et de son professeur de carrosserie n'est hélas pas isolé, mais il reflète toute la raideur de l'administration.

Raphaël Pecqueux est un enseignant investi, apprécié de tous. Ancien carrossier professionnel dans un garage pendant 20 ans, il décide de transmettre son savoir-faire aux jeunes et se découvre ainsi un goût pour l’enseignement. Pendant deux ans, il donne des cours comme contractuel dans le lycée professionnel d’Outreau. Tout se passe à merveille. Ses collègues lui conseillent alors de passer les concours pour être titularisé, ce qu’il fait. Il est bien conscient qu'avec cette titularisation, il ne sera pas forcément nommé dans l'établissement pour lequel il travaille mais il se dit prêt, s'il est nommé ailleurs dans l'académie, à s'organiser familialement pour faire les trajets chaque jour. Naïvement, il pense que sa situation : marié, père de trois enfants en bas âge lui permettra de rester dans un lycée de l'académie de Lille.

Une titularisation à 300 km de son domicile

Mais voilà : le ministère de l’Éducation décide de le nommer pour cette rentrée en région parisienne, à 300 km de chez lui. Une décision qu’il ne comprend pas, d'autant que dans cet établissement, il manque déjà trois professeurs de carrosserie sur cinq. Personnellement, la situation est difficilement tenable, familialement, financièrement et surtout psychologiquement. Il est actuellement en arrêt maladie.

Une situation ubuesque

Ses collègues éprouvent un sentiment de culpabilité. Ce sont eux qui l'ont débauché de son poste au garage et lui ont conseillé par la suite de passer les concours pour la titularisation. "On ne comprend pas", explique Eric Patin, professeur de mécanique. "Il nous manque des professeurs ici et lui est muté dans l'académie de Versailles. Là-bas, il y avait aussi un contractuel qui se retrouve de fait sans poste. Par ce genre de manipulation, on arrive à un stade où il manque deux professeurs ! Finalement, on se demande si passer les concours, c'est vraiment intéressant."

Élèves et parents d'élèves mobilisés

Alors, depuis le mois de juin, élèves, parents d’élèves, enseignants se mobilisent pour garder leur prof. Car depuis la rentrée de septembre, les lycéens en bac pro carrosserie n’ont pas de cours dans cette discipline et ils sont inquiets. "C’est gênant, on prend du retard" relève Lalie, élève de 18 ans en première carrosserie. "J'ai choisi la carrosserie par passion et j’ai envie d’apprendre. On nous dit que les élèves ne sont pas motivés, mais quand il y a des élèves qui veulent apprendre, il n’y a pas de professeur."

Rudy Mounier est le père d’un lycéen en bac pro carrosserie. Lui aussi craint pour l’avenir de son fils. " Il était motivé et prêt à poursuivre en BTS, ce qui nous avait même étonnés ! Mais là, il ne veut plus aller en cours, il y a plein de trous dans son emploi du temps ". Cathy Câlin, représentante des parents d’élèves, alerte :"On nous parle de décrochage scolaire, mais là, c'est ce qui va se produire, si la situation perdure !" 

Le ministère de l'éducation sourd aux revendications

Le sort de Raphaël Pecqueux est entre les mains du ministère de l'Éducation. Sollicité par mail, il répond qu'un seul poste de professeur de carrosserie était ouvert pour toute l'académie de Lille, que 13 candidats ont postulé, que Raphaël Pecqueux est arrivé deuxième "non-entrant" dans l'académie. En clair, il n’est pas prioritaire ... De toute façon ce poste unique n’est pas assigné au lycée d’Outreau. Il rappelle que les affectations des lauréats dépendent des capacités d’accueil ouvertes par le ministère, en fonction des besoins exprimés par chaque académie.

"Le ministère, poursuit-il, détermine les capacités d'accueil de chaque académie en fonction des emplois qui lui sont octroyés pour l’année et des besoins disciplinaires exprimés par chaque académie lors d’une phase de dialogue bilatéral."

Et qu'il recherche, dans ce cadre, "une répartition équilibrée des lauréats des concours entre les académies pour assurer une répartition équitable des besoins."

Une logique comptable qui colle malheureusement mal à la réalité du terrain.

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