Inondations dans le Pas-de-Calais. Le blues du cresson, victime collatérale des intempéries de novembre dernier

Ce légume d’hiver, cultivé d’octobre à mai, s’épanouit dans une eau peu profonde et à faible courant. Mais depuis les inondations qui ont frappé le Pas-de-Calais en novembre 2023, la récolte du cresson a pris du retard. Le gel, puis le dégel, n’ont rien arrangé.

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La récolte du cresson prend l’eau… Littéralement. À Quesques, là où la Liane prend sa source, la cressonnière de Marc et Sylvie Guilbert a subi de plein fouet les aléas climatiques. En tout, ils ont perdu l’équivalent de deux mois de récolte. "En novembre, en plus de l’eau de la Liane qui remontait par le sol, on avait la pluie, explique Marc. Quand on a 140 litres d’eau au mètre carré sur une durée de 6 à 24 heures, cela a forcément déchaussé le cresson."

Pour pousser, le cresson a besoin d’eau, mais pas trop. Seul le pied doit être immergé. Sur leurs 800 mètres carrés de parcelle, le producteur doit s’assurer que la Liane, qui irrigue les fossés, ne dépasse pas un certain niveau. Il faut aussi vérifier que l’eau soit à bonne température pour que le cresson ne gèle pas. Ce jour-là elle fait 10,8 degrés.

Après une semaine ensoleillée, la récolte peut reprendre, avec un mois de retard. Les pieds dans l’eau, Sylvie profite du temps clément pour couper plusieurs dizaines de bottes. Le cresson, ça se mérite. "Il y a un mois que je ne suis pas venue car il a gelé", raconte-t-elle. "Je suis contente de revenir. J’aime bien être dehors, je ne m’ennuie pas, il y a l’eau qui coule, les oiseaux, j’adore !" Pour la sexagénaire, c’est aussi l’eau de la Liane, chargée en oligo-éléments, qui donne à la plante cette couleur verte si vive et son goût de radis, qu’on apprécie en salade ou en soupe.   

2000 bottes de cresson en moins en 2024

Sylvie et son mari, retraité d’une entreprise d’élevage, ont repris cette cressonnière il y a six ans à Quesques. Aujourd’hui, ils vendent leurs produits essentiellement aux particuliers et à des magasins bio à Saint-Omer et Boulogne. Une fois les charges payées, les Guilbert retirent de leurs ventes environ 8000 euros chaque année. Mais la récolte s'amenuise.

"Avant, tout le monde avait son petit coin de cresson, aussitôt qu’il y avait un cours d’eau"

Sylvie Guilbert, productrice de cresson, La Cressonnière de la Liane

"Jusque-là, on récoltait jusqu’à 10 000 bottes par an", précise Marc. "En 2023, on est descendu à 7000. On espère en retirer 5000 cette année". Il y a 50 ans, son arrière-grand-père approvisionnait tout le village en cresson. Aujourd’hui, Marc et Sylvie sont les seuls producteurs à la source de la Liane. "Avant, tout le monde avait son petit coin de cresson, aussitôt qu’il y avait un cours d’eau", raconte Sylvie. "Aujourd’hui plus personne ne veut reprendre de cressonnière. C’est toujours l’hiver, il faut toujours être baissé, les pieds dans l’eau."

À l’avenir, ils craignent que les mauvaises conditions climatiques n’aient peu à peu raison de cette plante délicate, qu’il faut entretenir tout au long de l’année.

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