Les agriculteurs du Pas-de-Calais ont organisé une opération coup de poing ce vendredi 16 février 2024 en débutant le curage du canal de Marck au niveau de Calais et jusqu'à Saint Omer. Une façon pour les agriculteurs de demander à l'État "de prendre ses responsabilités" dans le curage des cours d'eau, qui n'a pas encore commencé.
"On commence à en avoir marre." Cent jours après les premières inondations qui ont ravagé le Pas-de-Calais, les sinistrés attendent toujours que l'État procède au curage des canaux et des cours d'eau. Parmi eux : les agriculteurs du département qui ne décolèrent pas, pointant du doigt les travaux qui n'ont toujours pas commencé dans les cours d'eau du Pas-de-Calais.
"On a été patients parce qu'on nous a dit 'il faut attendre que les niveaux baissent' et là on voit que les travaux ne sont toujours pas engagés... On voudrait que l'État prenne ses responsabilités et vienne avec un carnet de chèques pour payer le grutage et l'évacuation des boues", estime Antoine Peenaert, président du territoire du Calaisis pour la FDSEA qui rappelle que les travaux d'urgence sont censés être achevés d'ici le 31 mars prochain.
On voudrait que l'État prenne ses responsabilités et vienne avec un carnet de chèques pour payer le grutage et l'évacuation des boues.
Antoine Peenaert, président du territoire du Calaisis pour la FDSEA
Curage aux frais des agriculteurs
Alors les agriculteurs ont pris les choses en main. Ce vendredi 16 février 2024, les professionnels du Pas-de-Calais se sont donné rendez-vous à Calais, sur les bords du canal de Marck, avec leurs tracteurs... Et leur grue. Toute la journée les agriculteurs se sont mobilisés pour curer eux-mêmes le canal, qui gère l'écoulement des champs dans le Calaisis, remontant cadis, poteaux et vase noire à l'air libre jusqu'à Saint Omer. "À nos frais !", s'exclame un représentant.
Selon la FDSEA, le canal n'a pas été curé depuis 25 ans, faisant monter le lit du cours d'eau de 50 centimètres. "Avec ce curage, le niveau devrait beaucoup baisser, ce qui permettrait à nos terrains agricoles de se ressuyer et de simplifier l'intervention pour mettre nos cultures", souligne Antoine Peenaert.
Avec ce curage, le niveau devrait beaucoup baisser, ce qui permettrait à nos terrains agricoles de se ressuyer et de simplifier l'intervention pour mettre nos cultures.
Antoine Peenaert
Une profession directement touchée
"Avec le manque de curage et les pluies qui nous sont tombées dessus au mois de décembre, des producteurs n'ont plus aucun légume à récolter cet hiver." Les producteurs de choux et de céleris de l'Audomarois ont enregistré de nombreuses pertes dans leurs cultures, qui ont fini par pourrir après être restées sous l'eau pendant quinze jours.
"Des endiveraies ont aussi été impactées, avec parfois 50 centimètres d'eau dans les bâtiments", rapporte Dominique Bayard, responsable syndical du marais de Saint Omer. "Impossible de rentrer en production et de mettre en culture, ce qui a provoqué des pertes sur le moment, mais aussi des pertes à prévoir puisque des endives n'ont pas pu s'enraciner correctement."
Impossible de rentrer en production et de mettre en culture, ce qui a provoqué des pertes sur le moment, mais aussi des pertes à prévoir puisque des endives n'ont pas pu s'enraciner correctement.
Dominique Bayard, responsable syndical du marais de Saint Omer
Des pertes parmi les cultures auxquelles s'ajoutent des pertes matérielles, qui font monter la note des sinistres, s'établissant pour certains agriculteurs à près de 100 000 euros. "L'eau doit repartir aussi vite qu'elle nous est arrivée et il faut surtout que ça ne se reproduise plus."