Une mobilisation était organisée devant la sous-préfecture de Saint-Omer dès 8 heures ce 21 septembre 2024, par le collectif "Blendecques : AA, plus jamais ça". Un rassemblement que la municipalité déplore, prônant la patience et la confiance envers les autorités compétentes à la précipitation.
"On compte sur vous demain ! Un maximum de monde devant la sous-préfecture !" Par ce simple message publié sur les réseaux sociaux, le collectif "Blendecques : AA, plus jamais ça" espère fédérer au moins mille habitants, tous sinistrés au cours des inondations historiques de novembre 2023 et de janvier 2024.
Il y a presque un an, la moitié de Blendecques, commune de quelque 5 000 âmes située dans l'Audomarois, était emportée par une crue exceptionnellement puissante de l'Aa, rivière qui s'écoule dans les environs de Saint-Omer. Un évènement dramatique, dont nombre d'habitants ont peiné à se relever, qui a engendré la constitution du collectif des sinistrés de l'Aa et l'organisation d'une grande série de manifestations. Toutes sous le même mot d'ordre : en finir avec les crues à répétition.
Déblayer un bras de rivière
Curer les canaux, revoir le système de rejet des eaux vers la mer, installer des digues... Nombre de revendications déjà scandées lors des manifestations organisées depuis janvier dernier qui, selon le collectif, n'ont pour l'instant pas été entendues. "On ne se sent pas du tout soutenu", faisait savoir une Blendecquoise, il y a neuf mois, lors d'une manifestation qui avait rassemblé 600 personnes. Un sentiment d'abandon des institutions et d'épuisement que partagent les 70 sinistrés présents devant la sous-préfecture de Saint-Omer ce 21 septembre 2024.
Surtout, les Blendecquois s'agacent. Ils s'agacent de ne pas voir avancer les travaux de curage promis par la préfecture, alors que l'automne se profile déjà. Un point de crispation notamment : des blocs de sédiments coincés dans un bras de rivière, qui empêcheraient l'eau de s'écouler, créant un énième bouchon naturel dans le lit de l'Aa.
► À lire aussi : "Deux inondations, c'est un cauchemar" : 600 personnes rassemblées à Blendecques pour réclamer des travaux d'urgence
Une mobilisation précipitée ?
Côté municipalité, l'adjoint en charge des travaux liés aux inondations, Vincent Maquignon, s'agace devant le zèle du collectif Blendecquois. L'élu juge cette manifestation "précipitée et un peu disproportionnée." Pour lui, des réponses ont été apportées par la sous-préfecture lors d'une consultation il y a trois semaines et le mal doit être pris en patience.
"Il y a une temporalité à respecter, il faut laisser faire les professionnels. Même si effectivement ce ne sera jamais assez rapide pour nous, mais là le groupe ne fait qu'apeurer les gens", souligne l'élu, qui témoigne d'une crainte chez ses administrés de voir de nouvelles crues emporter la commune cet hiver.
Tant qu'on n'aura pas touché à la mer, déblayer des sédiments ça ne changera rien. Ce sont des travaux qui prendront un temps fou mais faisons confiance à madame la sous-préfète.
Vincent Maquignon, adjoint à la mairie de Blendecques
Pourtant, Vincent Maquignon juge que les travaux de petite envergure, qui feront effet sur le court terme, ont déjà bien avancé. Le point d'incertitude réside plutôt dans les aménagements plus lourds, comme la révision du système de rejet des eaux douces vers la mer. Mais là encore, l'adjoint prône la patience. "Tant qu'on n'aura pas touché à la mer, déblayer des sédiments, ça ne changera rien. Ce sont des travaux qui prendront un temps fou, mais faisons confiance à madame la sous-préfète, sinon à quoi se raccrocher ?"
Les choses remises à plat
Dans la matinée, quatre membres du collectif blendecquois ont été reçus par la sous-préfète de Saint-Omer, Sophie Pagès. L'objectif était de donner aux manifestants une vision globale des travaux à venir et de rassurer le collectif en remettant les choses à plat, pour éviter les quiproquos. "Oui ces points de sédimentation vont être nettoyés, assure Sophie Pagès. Simplement une portion de ce bras contient de l'amiante et nécessite des procédures de décontamination. Mais l'agenda ne sera pas bousculé."
Une portion de ce bras contient de l'amiante et nécessite des procédures de décontamination. Mais l'agenda ne sera pas bousculé.
Sophie Pagès, sous-préfète de Saint-Omer
Le désamiantage et le curage des blocs de sédiment devraient donc être effectués dans les trois semaines à venir, comme cela était initialement prévu.