Avis aux investisseurs immobiliers, le blockhaus d'Eperlecques, monstre d'acier et de béton construit en 1943 au cœur de l'Audomarois, est à vendre. Ce bunker, haut lieu du tourisme de mémoire dans la région, accueille chaque année 50 000 visiteurs. Son propriétaire depuis 46 ans a décidé de s'en séparer d'ici à fin 2025.
C'est une annonce immobilière plutôt atypique. Un blockhaus est à vendre dans l'Audomarois. Ce bunker, construit en 1943 par les Allemands au cœur de la forêt d'Eperlecques, constitue un témoignage historique majeur de la Seconde Guerre mondiale dans le Pas-de-Calais. Son propriétaire, qui a passé des décennies à entretenir ce monument historique, souhaite trouver avant fin 2025 un repreneur qui maintiendra le site en activité, au nom du devoir de mémoire.
C’est un édifice impressionnant, à l’image de la mégalomanie d’Hitler. Ce bâtiment à vendre comporte entre autres une toiture de 35000 tonnes de béton armé et de 5 mètres d’épaisseur. L’énorme blockhaus d’Eperlecques laisse sans voix. "C'est stupéfiant de voir cette dimension, confirme une visiteuse. Mon père a été prisonnier évadé de guerre, donc ces événements sont encore très proches de moi. Sur ces lieux qui sont très empreints de cette histoire, je crois qu'il faut vraiment conserver la mémoire."
Les Chemins de traverse font découvrir le Blockhaus d'Eperlecques (Pas-de-Calais), construit en 1943 par les Nazis. Il devait servir de base de lancement de missiles en direction de Londres (Royaume-Uni).
— Info France 2 (@infofrance2) September 24, 2023
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Avec une longueur de 75 mètres, c'est le plus grand blockhaus du nord de la France, bâti par de la main-d’œuvre forcée. Des prisonniers français, belges, polonais ou encore russes, entre autres, ont participé à la construction de l’édifice qui devait être une base de tir de fusée V2, avant d’être en partie détruit par les bombes alliées.
Classé monument historique en 1986, il abrite depuis les années 70 un musée retraçant l'histoire du programme balistique nazi, avec des expositions de matériel militaire, à l'extérieur et à l'intérieur de l'enceinte.
C’est Hubert de Mégille, propriétaire privé, qui entretient ce lieu de mémoire depuis plus de 40 ans, et qui l'âge avançant, a décidé de vendre aujourd’hui, à condition que le repreneur maintienne le musée. "L'idée c'est d'œuvrer pour la paix, affirme l'agriculteur retraité. Ne pas commettre les mêmes erreurs que nos aînés et réfléchir. Je ne veux pas vendre à n'importe qui."
"Si la région ou le département [déjà propriétaire de la Coupole d'Helfaut, NDLR] sont intéressés, qu'ils se manifestent, je ne demande pas mieux, assure-t-il. Un propriétaire privé peut aussi le faire, maintenant il faut un investisseur, il y a encore des travaux à effectuer..."
Il faut préserver le site, pour que les jeunes sachent ce que leurs grands-parents et leurs arrière-grands-parents ont vécu.
Une visiteuse du site
"C'est un témoin du passé, s'inquiète une visiteuse. Si on arrête ça, comment les jeunes vont savoir ce que les grands-parents et arrière-grands-parents ont vécu ? Et ce qui pourrait encore arriver finalement... Il faut préserver ça absolument." Et son compagnon de renchérir : "Il faut que les écoliers, les lycéens viennent sur des lieux comme ça, c'est primordial."
Ce site historique, lieu de mémoire, et les 40 hectares de forêt qui l’entourent valent au moins 2 millions d’euros. Le propriétaire souhaite le vendre en 2025 au plus tard. Avis aux investisseurs.
Pour en savoir plus sur ce site, qui accueille chaque année 50 000 visiteurs, n'hésitez pas à visionner le reportage de Thomas Millot et Emmanuel Quinart.