La collision mortelle entre deux véhicules sur l'autoroute A1 met en lumière "une recrudescence d'accidents de la route" en 2022

La collision entre deux véhicules qui a fait quatre morts sur l'autoroute A1 au niveau d'Izel-lès-Equerchin, le mercredi 4 mai 2022 est due à une voiture roulant à contresens. Elle a fait quatre victimes et souligne l'augmentation des accidents de la route en 2022.

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Mercredi 4 mai, aux alentours de 22 heures, une collision a fait quatre morts sur l'autoroute A1 au niveau d'Izel-lès-Equerchin (Pas-de-Calais) et en direction de Lille-Paris. Personne n'a survécu à la violence de l'accident. 

Parmi les victimes, une dame âgée de 59 ans, originaire de Belgique, qui a pris la route à contresens au péage de Fresnes-lès-Montauban, et trois jeunes âgés de 15, 19 et 21 ans originaires d'Hannescamps, une petite commune de 200 habitants. Le benjamin du groupe est décédé quelques heures plus tard aux urgences après y avoir été emmené dans un état critique. 

Des accidents de la sorte, il y en a tous les ans en France et dans la région. Pour le moment, l'enquête est en cours et aucune information sur les circonstances exactes du drame n'a été rendue publique. "Apparemment, la dame qui conduisait l'Opel Corsa a fait demi-tour au péage. Est-ce que c'est par inadvertance ou inattention ? Il faisait noir, peut-être qu'elle a été perturbée par quelque chose ?, s'interroge Gwenaëlle Breton du collectif justice pour les victimes de la route. On le saura peut-être jamais. Et je ne me permettrai pas de m'avancer par respect pour l'enquête et les familles."

De son côté, Mathilde Farcette, directrice régionale Hauts-de-France de l'Association Prévention Routière, met en avant les nuances qui peuvent exister en termes de signalisation européenne sans pour autant l'appliquer à la collision de mercredi soir. En effet, la dame de 59 ans est originaire de Belgique. "Il y a plein de questionnements sur l’harmonisation européenne de nos réglementations, indique-t-elle. On n'a pas exactement la même signalisation à ce niveau-là".

Les collisions sur autoroute, "ça marque"

En août 2021, deux personnes périssaient suite à une collision sur l'autoroute A1 à hauteur de Ronchin (Nord), à cause d'un véhicule qui conduisait à contre-sens. Au mois d'octobre de la même année, la police s'est lancée dans une course-poursuite sur une cinquantaine de kilomètres après un automobiliste ivre qui roulait à contre-sens sur l'A25 dans le sens Dunkerque-Lille. Quelques semaines plus tard, en décembre, sur l'A16 à hauteur de Marck (Pas-de-Calais), une Fiat qui roulait à contre-sens a percuté une voiture. Aucun décès n'est à déplorer dans les deux derniers incidents.  

Pour expliquer les accidents dûs à une conduite en contre-sens, la préfecture du Pas-de-Calais évoque plusieurs raisons, parmi lesquelles "l'inattention, une désorientation, voire la consommation d'alcool et de stupéfiants". Gwenaëlle Breton abonde en ce sens "c'est à cause d'imprudences, de gens qui pensent être seuls dans la route et qui font n'importe quoi, mais ce ne sont pas les accidents les plus récurrents."

Et si on a l'impression que ces accidents sont aussi nombreux, c'est parce qu'ils marquent les esprits. Selon Francis Durteste, trésorier à la Fédération Française des Motards en Colère du Nord (FFMC59), "quand on voit les accidents de ce type, je ne dis pas que c’est pas grave mais c’est pas ce qu’il y a le plus. Mais c’est sûr que ça marque."

Les chiffres sur le sujet sont, quant à eux, introuvables. "Il n'existe pas de statistiques sur ce sujet, s'agissant d'accidents très peu fréquents", précise la préfecture. Même constat pour Mathilde Farcette, directrice régionale Hauts-de-France de l'Association Prévention routière qui note qu'il n'y a pas de "données sur cette thématique, sinon, j'aurais des fiches dessus." 

Une recrudescence des accidents de la route

Il n'en reste pas moins que la directrice régionale note "une recrudescence d'accidents de la route en général depuis la reprise d'activités suite à la pandémie". Plusieurs facteurs peuvent l'expliquer : la lutte contre le Covid a éclipsé la prévention de sécurité routière et les différentes restrictions sanitaires ont rendu la tenue d'ateliers de prévention plus difficiles. "Par la force des choses, on a fait moins d'actions auprès du grand public, des élèves, des entreprises, des seniors et des personnes en situation de handicap", regrette Mathilde Farcette. 

Au niveau national, l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière note une augmentation de la mortalité routière en France durant les trois premiers mois de 2022 par rapport à ceux de 2021. 

La prévention comme solution 

Pour éviter les drames sur la route, Francis Durteste et sa fédération mettent en place des actions locales de prévention et tentent d'éduquer tous les publics aux dangers de la route. "Tout le monde tape sur la vitesse, mais ce n'est pas un élément déclenchant, c’est un élément aggravant. La question c’est : qu’est-ce qui a déclenché l’accident ? Avec la radio à fond, le téléphone portable, certains sont dans leur bulle…

La fédération sensibilise tous les publics au partage de la route "pour que chacun comprenne les problématiques de la route car chacun a une problématique dans sa conduite". C'est pourquoi ils ont lancé un atelier en avril 2022 afin de sensibiliser les seniors à la route. L'objectif est de mettre en place des formations pour chaque groupe de conducteurs et leurs spécificités.

"On a réussi à avoir un réactiomètre prêté par le département, les personnes âgées ont été très sensibles car ça simule des freinages d'urgences, précise Francis Durteste. Ils se rendent compte que leurs réactions n'étaient plus aussi rapides que quand ils étaient plus jeunes." Attention, selon lui, à ne pas faire d'amalgame : "il ne faut pas dire que ces personnes sont dangereuses."

La préfecture du Pas-de-Calais organise "régulièrement des sessions de sensibilisation sur les dangers liés à la consommation d'alcool et de stupéfiants", mais aussi "au rappel du code de la route, notamment sur les giratoires et aux bons réflexes à adopter". De son côté, l'Association Prévention Routière fonctionne grâce à 1200 bénévoles dans toute la France et agit aussi bien auprès du grand public que des pouvoirs publics à qui ils font des propositions, comme lors de la dernière campagne présidentielle. 

Gwenaëlle Breton en attend toutefois beaucoup plus. "Il faudrait qu'il y ait plus de police et de gendarmes, un peu plus de prévention et de répression" pour éviter ces drames quotidiens sur les autoroutes de France. 

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