La France insoumise et Europe Écologie - Les Verts ont acté dans la nuit de dimanche à lundi un accord en vue des législatives du mois de juin. Les négociations sont toujours en cours avec le Parti socialiste et le Parti communiste. Dans le Pas-de-Calais la gauche est largement majoritaire, 23 communes sont dirigées par un maire socialiste. Qu’en pensent-ils, faut-il rejoindre la "Nouvelle Union populaire écologiste et sociale" pour peser aux législatives ?
"Empêcher Emmanuel Macron de poursuivre sa politique injuste et brutale et battre l'extrême droite", c’est ainsi que La France insoumise et Europe Écologie-Les Verts définissent l’alliance formée entre les deux partis. Julien Bayou, secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts s’en félicite mais veut aller plus loin : "on appelle les autres forces de gauche à rejoindre cette initiative, cette dynamique, pour aller chercher une majorité alternative à l'Assemblée". Un appel directement lancé au Parti communiste et au Parti socialiste. Après avoir quitté la table des négociations vendredi, les socialistes sont de nouveau en discussion avec la France insoumise.
Christian Musial, maire de Leforest dans le Pas-de-Calais et encarté au PS pendant quinze ans, espère voir les négociations aboutir : "on l’a constaté, aujourd’hui il ne peut pas y avoir plusieurs gauches, il ne faut pas se disperser. Une gauche forte est nécessaire. Reste à savoir où se situera le curseur entre les différents partis. Tout reste à écrire".
Un point de vue partagé par le maire socialiste de Douai dans le Nord : "il faut trouver un terrain d’entente entre les différentes tendances de gauche et construire une solution commune et intelligente. Tout le monde doit y mettre du sien sans perdre son identité. Si la gauche est unie, il peut y avoir une surprise au Parlement".
"Le Parti socialiste doit négocier mais pas à n’importe quel prix"
Si le patron des socialistes Olivier Faure semble favorable à un accord, il doit faire face à une profonde division au sein du parti.
L’ancien président François Hollande a mis en garde contre le risque d’une "disparition" du PS en cas d’accord avec le mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Ce serait "une remise en cause de l’histoire même du socialisme, de François Mitterrand et ses engagements européens, de Lionel Jospin et sa crédibilité économique et ses avancées sociales".
L’ex-premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a lui appelé plusieurs personnalités socialistes à "se coordonner pour résister et se refondre". Le PS doit choisir entre "une identité propre renouvelée ou une intégration dans un bloc mélenchonisé". Dans une lettre ouverte, il a condamné la volonté de LFI de "sortir des traités européens", "fonder la VIe République, ramener la retraite à 60 ans et lancer des "dépenses vertigineuses impraticables".
Le maire de Douai le rejoint sur certains points mais regrette cette "radicalité" : "je pense comme Monsieur Cambadélis que la retraite à 60 ans est irraisonnable étant donné l’allongement de la durée de la vie. La sortie des traités européens n’est pas envisageable non plus. Le parti socialiste doit négocier mais pas à n’importe quel prix. Il faut être intelligent et lucide sur les questions qui nous séparent".
Si l’accord se fait sur nos points communs tels que l’économie, le social ou l’éducation, nous pouvons y arriver. Commençons par regarder ce qui nous rassemble. On ne demande pas aux socialistes de valider des idées qui ne sont pas les leurs.
Fréderic Chéreau, maire PS de Douai
Le maire prend exemple sur Le Front populaire, une coalition de partis de gauche qui a gouverné la France entre 1936 et 1938. Pour lui, le Parti socialiste peut exister localement puisque c’est encore une force dans le département du Pas-de-Calais. Mais il craint pour la survie du PS à échelle nationale sans cette alliance.
Le maire de Leforest tente lui de se rassurer : "il y a déjà une contradiction qui émerge de l’alliance entre LFI et EELV puisque le parti EELV est pro européen, il le porte dans son nom et LFI veut quitter l'Union européenne. Personnellement, je n’ai pas envie de sortir de l’Europe. Il y a donc un accord à trouver, il ne s’agit pas de s’allier derrière le plus fort et de ne pas faire valoir ses idées. Il faut mettre tout le monde autour de la table".
Les prochaines heures pourraient être décisives tandis que les négociations se poursuivent. Mais les maires de Douai et de Leforest ne sont pas très optimistes : ils savent que l’accord risque de ne jamais voir le jour ou de voler rapidement en éclats.