Agression à la prison de Vendin-le-Vieil : des surveillants refusent de prendre leur poste

Après l'agression à la prison de Vendin-le-Vieil ce jeudi, une cinquantaine de surveillants refusent de prendre leur service ce vendredi matin. 

"Il y a une énorme colère qui monte", après l'agression de trois surveillants par un ancien cadre d'Al-Qaïda à la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), avait déclaré ce jeudi soir Jean-François Forget, secrétaire général de l'Ufap-Unsa Justice. 

Rapidement une action nationale de protestation a été montée. Il a été demandé aux surveillants de toutes les prisons de France de débrayer au moins un quart d'heure à 6h45 ce vendredi. 


A Vendin-le-Vieil, le mouvement a pris plus d'ampleur. Le directeur de la prison est venu à la rencontre d'une cinquantaine de surveillants (Vendin-le-Vieil en compte 200) devant l'entrée de la prison. Malgré ses explications, il a été vivement interpellé. Des surveillants lui reprochant de "les mettre en danger".


Ils refusent de prendre leur service ce vendredi. "Même si vous risquez des sanctions, qui veut reprendre le travail dans ces conditions d'insécurité au péril de sa vie à cause de cet homme qui gère d'une façon indigne cet établissement ?", a lancé Grégory Strzempek, délégué syndical Ufap-Unsa Justice. Aucune main ne s'est levée. Leur revendication : que le directeur démissionne. 


"Il faut arrêter ce cirque. On n'a pas les moyens de garder des profils pareils", a dit Jean-François Forget alors que la prison de Vendin-le-Vieil doit accueillir Salah Abdeslam, seul survivant des commandos jihadistes du 13 novembre 2015, pendant son procès en Belgique en février.

De source syndicale, trois gardiens ont été blessés à l'arme blanche par l'islamiste allemand Christian Ganczarski, considéré comme le cerveau de l'attentat contre la synagogue de Djerba (Tunisie) en 2002. Il avait été condamné à 18 ans de réclusion criminelle pour des faits de complicité dans cet attentat qui avait fait 21 mots en avril 2002.

La section antiterroriste du parquet de Paris a annoncé se saisir de l'enquête. Ce détenu, ancien responsable de la maintenance et du cryptage des réseaux de communication d'Al-Qaïda, a vécu aux côtés de Ben Laden en Afghanistan. Il finissait de purger sa peine et risquait de "faire l'objet d'une extradition vers les États-Unis", selon Alain Jégo, directeur interrégional des services pénitentiaires.

"Ce qui s'est passé à Vendin-le-Vieil est absolument inadmissible. Ce détenu était libérable le 24 janvier. Il avait été informé qu'il risquait d'être extradé vers les États-Unis dans le cadre de l'enquête sur le 11-septembre (2001)", a affirmé M. Forget.

"Ça promet !"


"Il avait été placé à l'isolement, avec des mesures renforcées après des écoutes qui laissaient penser à un passage à l'acte imminent. Et parce qu'il s'est tenu à carreau, les mesures isolement ont été réduites lundi par le chef d'établissement", a-t-il poursuivi.

Ce même chef d'établissement auquel a été confié "la gestion à venir du terroriste le plus surveillé de France... ça promet!", a renchéri un tract de son organisation publié dans la soirée.

L'Ufap-Unsa réclame depuis des mois un isolement complet des détenus radicalisés les plus dangereux du reste de la population carcérale et la construction de "petits établissements ultra-sécurisés".

Il n'y a "pas eu de dysfonctionnement"


Le directeur de l'établissement, Richard Bauer, a assuré vendredi à la presse qu'il n'y avait "pas eu de dysfonctionnement. Nous avons pris les mesures adaptées" et le détenu "ne présentait aucun signe d'agressivité". "Depuis son arrivée, rien ne laissait penser" qu'il se livrerait à une agression.

Il s'exprimait lors d'un échange tendu devant l'entrée de la prison entre des gardiens et leurs syndicats, et répondait à Grégory Strzempek, délégué syndical Ufap-Unsa Justice, qui venait de réclamer sa démission. "Notre première revendication est le départ du directeur de la prison", a affirmé celui-ci, les deux autres portant "sur la sécurité et sur les effectifs".

Selon l'administration pénitentiaire, les prisons françaises comptaient fin décembre 504 détenus (prévenus ou déjà condamnés) incarcérés pour des faits de terrorisme et environ 1.200 personnes considérées comme radicalisées, majoritairement dans les établissements de la région parisienne.

 

Le mouvement suivi dans d'autres prisons
  • Dans le Grand Est, des dizaines de surveillants ont débrayé en "signe de solidarité" aux trois gardiens agressés, selon des sources syndicales. "Environ 35 agents" à Metz, "une cinquantaine" à Nancy et "entre 30 et 40" à Strasbourg ont pris leur fonction avec quinze minutes de retard.
  • En Auvergne-Rhône-Alpes, des débrayages ont eu lieu pendant une quinzaine de minutes à Riom (Puy-de-Dôme), Moulins (Allier), Valence (Drôme) et Bourg-en-Bresse (Ain), et une heure à la maison d'arrêt de Lyon-Corbas.
  • En Provence-Alpes-Côte d'Azur, des arrêts de travail ont eu lieu entre 6h30 et 7h30 à Marseille (Les Baumettes), Aix-Luynes, Salon, Arles, mais aussi dans le Var à Toulon et Grasse et dans les Alpes-maritimes à Nice.
  • En Aquitaine, le mouvement a touché les centres pénitentiaires de Neuvic (Dordogne), Uzerche (Corrèze) et Gradignan (Gironde), provoquant "des retards d'un quart d'heure ce matin" dans la prise de service des personnels, selon la direction interrégionale des services pénitentiaires de Bordeaux.
  • En région Centre-Val de Loire, des retards similaires ont été constatés dans les prisons de Saint-Maur (Indre), Bourges, Saran (Loiret), Blois et Tours.
  • Dans l'Ouest, quelques débrayages ont eu lieu à 6h45 dans les prisons de Nantes et Rennes.
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