La journée de lutte contre l'homophobie aura lieu ce vendredi 17 mai au stade Bollaert de Lens, à l'initiative de la LFP. Mais le collectif Rouge Direct qui animera la rencontre affirme avoir reçu des injures de la part de supporters. Il demande la présence d'un dispositif policier.
La 38e journée de Ligue 2 sera dédiée à la lutte contre l'homophobie. Pour le RC Lens, le rendez-vous est donné ce vendredi 17 mai, juste avant la rencontre avec Orléans au stade Bollaert-Delelis. Le club artésien, récemment sanctionné par la Ligue de football professionnel (LFP) pour des chants homophobes scandés par certains supporters lors du derby contre Valenciennes, recevra plusieurs responsables associatifs.
"Le but est de créer le dialogue et d'expliquer pourquoi nous refusons ces chants", explique Julien Pontes, porte-parole de Rouge Direct. Le collectif qui dénonce l'homophobie dans le sport est notamment à l'origine du signalement des chants homophobes à la LFP. Ce qui a valu 50 000 euros d'amende au club artésien et un match à huis clos avec sursis pour la tribune Marek. "Cette condamnation ne fait pas du RCL un club d'homophobes pour autant", nuance le porte-parole.
Heureux de rencontrer les supporters du @RCLens au stade Bollaert le 17 mai journée mondiale contre l’homophobie. Un chant #homophobe légitimement sanctionné ne fait pas de Lens un « club d’homophobes » pas d’amalgame.@stop_homophobie @UHomophobie @LensoisComLive @A_N_Supporters
— Rouge Direct (@RougeDirect) 12 mai 2019
Symboliquement, le capitaine de l'équipe jouera avec un brassard arc-en-ciel aux couleurs de la communauté LGBT+. Les joueurs se verront également remettre un livret de sensibilisation à l'homophobie. Une initiative de la LFP après que l'instance a pris des sanctions contre plusieurs clubs pour "homophobie". Malgré tout, l'association Stop Homophobie et ce collectif dénoncent "les injures" qu'ils ont reçues depuis l'annonce de la rencontre de vendredi. Elles se compteraient en centaines, d'après l'association de défense des LGBT+.
Surveillance policière ?
On a reçu des messages nous disant : « Vous feriez mieux de rester chez vous » et d'autres plus menaçants après l'annonce de la sanction", explique encore Julien Pontes qui décrit un "climat inquiétant" tout en précisant que cela "ne concerne pas tous les supporters".
?️ La J37 de @Ligue1Conforama et la J38 de @DominosLigue2 seront dédiées à la lutte contre l’homophobie. Capitaines, coachs, délégués de matchs et arbitres seront invités à porter un brassard aux couleurs de l’arc-en-ciel
— Ligue de Football Professionnel (@LFPfr) 13 mai 2019
#JouonsLaCollectif #17mai⚽️?️? pic.twitter.com/YqQGWy1SFw
Le collectif a demandé au club de prévenir les forces de l'ordre que des tensions pourraient émailler la rencontre de vendredi. Le club n'était pas en mesure de confirmer si un dispositif particulier allait être mis en place. "On nous fait porter une responsabilité qui est celle de la LFP, reprend le porte-parole de Rouge Direct à propos des sanctions prises contre le RCL. Nous venons faire un travail de sensibilisation qui a été négligé par la Ligue depuis plusieurs années."
L'association Stop Homophobie, elle, condamne fermement ces menaces "dans un contexte de hausse des violences homophobes", explique Terrence Katchadourian, citant un rapport de SOS Homophobie publié mardi 14 mai. Avec 1 905 faits recensés en 2018, ces actes sont en augmentation de 15% par rapport à l'année précédente. "Dans 82% des cas, les injures que nous recevons émanent du milieu du sport", ajoute Terrence Katchadourian, ajoutant que le milieu du football est particulièrement concerné.
Brassards arc-en-ciel, signalement de dérapages : la LFP agit contre l'homophobie
Du port d'un brassard aux couleurs arc-en-ciel à la création d'une fiche de signalement pour les comportements répréhensibles: La Ligue de football professionnel (LFP) a annoncé lundi un "plan d'action" pour lutter contre l'homophobie dans les stades.Combattre l'homophobie "ne signifie pas simplement envoyer un communiqué de presse quand les choses vont mal, combattre c'est trouver et surtout mettre en place un système complet (...) pour éradiquer de manière définitive" l'attitude néfaste "de quelques individus", a déclaré devant la presse Nathalie Boy de la Tour, la présidente de la LFP.
Le plan co-élaboré par la Ligue, des associations et club (SOS homophobie, Foot Ensemble, PanamBoyz), sera mis en avant à l'occasion de la journée mondiale contre l'homophobie, programmée le vendredi 17 mai. Vendredi sur les pelouses de Ligue 2 et samedi en Ligue 1, "les capitaines, les coaches, les délégués de match, les arbitres seront invités à porter un brassard aux couleurs de l'arc-en-ciel", symbole LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres),
a annoncé Mme Boy de la Tour.
"Ce n'est pas seulement de l'affichage sur des chaussures (les joueurs de L1 et L2 avaient porté des lacets arc-en-ciel en 2014 et 2016, NDLR), pas seulement un brassard, c'est tout un panel d'actions et de sensibilisation" qui sera mis en place, a plaidé Bertrand Lambert, président de PanamBoyz & Girlz United, un club de foot parisien "inclusif".
Le plan comportera aussi un volet répressif car, dit-il, "à un moment (il faut) savoir siffler la fin de la récréation et prononcer des sanctions contre ceux qui
continuent de pourrir l'ambiance dans les stades", où l'on entend encore "des +pédés+ ou +enculés+ en permanence". La Ligue va par ailleurs "mettre en place une fiche de signalement dès la saison prochaine qui permettra à tout spectateur de rapporter un acte ou des insultes discriminantes", qu'ils soient racistes, sexistes ou homophobes selon sa présidente.
En mai, la commission de discipline de la LFP a infligé une amende de 10 000 euros au club de Grenoble (L2) pour une "banderole injurieuse", tandis que Lens
(L2) a été sanctionné d'un huis clos partiel avec sursis pour des "chants à caractère homophobe" et 50 000 euros d'amende ferme, un montant record.
"Ces amendes ne tombent pas dans le vide, elles servent à faire un travail de prévention derrière", notamment en finançant des formations à destination des supporters, a fait remarquer M. Lambert.