Le rapport publié par SOS Homophobie dénonce une "année noire" pour les personnes LGBT+ en 2018. Harcèlement, insultes, agressions physiques : les lesbiennes sont particulièrement touchées par ces actes, notamment dans le Nord et le Pas-de-Calais.
Insultes, violences, discrimination... Les témoignages relatant des actes homophobes sont de plus en plus nombreux en France, selon le rapport annuel publié par l'association SOS Homophobie ce mardi 14 mai. Avec 1 905 faits recensés en 2018, ils sont en augmentation de 15% par rapport à l'année précédente.
Et parmi tous ces faits visant les LGBT+, une population est particulièrement visée : les lesbiennes. Les actes visant ces femmes a connu une augmentation de 42%, avec 365 cas signalés l'an dernier. Une peur que Anastasia ne connaît que trop bien. La jeune nordiste subit remarques et agressions répétées depuis le collège.
"Une fois, je tenais la main de ma copine et des hommes nous ont traitées de salopes. Qui a envie de se prendre tout le temps des remarques : « Vous êtes contre-nature », « Je peux vous faire changer », « Ca vous dit un plan à trois ? »... C'est trop", dénonce Anastasia Hernandez Elvira.
Alors par réflexe et pour se protéger, Anastasia et sa petite amie ne se tiennent plus par la main dès qu'elles sont dans la rue. Une méfiance, une retenue quasi-permanente, encore d'actualité en 2019.
"Je l'assume en général mais je ne vais pas le crier sous tous les toits, surtout quand c'est auprès d'hommes et dans un contexte où il y a déjà des propos qui me mettent en danger en tant que femme. Donc si je rajoute le fait que je suis lesbienne, ça va empirer les choses j'ai l'impression", ajoute Anastasia.
"Année noire"
Dans son rapport pour l'année 2018, SOS homophobie explique avoir reçu 39 témoignages dans le Nord et 15 dans le Pas-de-Calais. Des chiffres stables pour la région. Mais les agressions verbales ou physiques se font plus violentes et touchent de plus en plus de femmes. Le responsable de l'association dans le Nord et le Pas-de-Calais tire la sonnette d'alarme.
"Ces chiffres sont un petit peu alarmants. On a catégorisé 2018 comme une « année noire » pour les personnes LGBT, alerte Olivier Duhamel. A la fois on va avoir des témoignages plus nombreux, qui correspondent à des agressions verbales ou physiques plus nombreuses, mais aussi des personnes qui vont témoigner plus facilement car la parole est plus libérée. C'est d'autant plus vrai pour les lesbiennes."
Car le nombre de signalements a effectivement augmenté de 15% à l'échelle nationale. Une hausse significative qui n'atteint pas le record des 3 517 témoignages franchi en 2013, un an après l'ouverture des débats sur le mariage pour tous, rapporte franceinfo.
Le plus souvent, les victimes d'homophobie le sont sur Internet, une constante depuis 2010. Mais les agressions physiques sont en hausse de 66% en France, l'élément le plus inquiétant du rapport, note SOS Homophobie. Également un signe que les victimes "ne se cachent plus" et "osent de plus en plus témoigner", peut-on lire dans le rapport.
Des agressions qui, comme l'affirme Anastasia, se déroulent le plus souvent dans des lieux publics. Alors pour lutter contre ces faits, l'association veut multiplier ses actes de prévention et de sensibilisation, notamment envers les jeunes.