Jacky Majda, supporter lensois, a déposé plainte mardi 14 mai pour "menace en raison de l'orientation sexuelle" et "provocation à la haine". Depuis plusieurs semaines, il dit avoir reçu "menaces de mort et injures" de la part d'autres fans du RC Lens.
"Tu pourras vraiment déposer plainte une fois qu'on t'aura trouvé", "Tantouse", "Qu'il vienne au stade, ça va être vite réglé"... Depuis plusieurs semaines, Jacky Majda, supporter du RC Lens, dit avoir reçu des centaines de messages menaçants émanant d'autres fans du club."On m'a menacé, injurié, mon nom a été traîné dans la boue", déplore-t-il, recensant sur son compte Twitter un échantillon des messages qui lui ont été adressés sur les réseaux sociaux. Des menaces qu'il "ne pouvait pas laisser passer", raison pour laquelle il a déposé plainte à Paris, mardi 14 mai, pour "menace en raison de l'orientation sexuelle" et "provocation à la haine".
J'ai l'impression que certains n'ont toujours pas compris...Nouveau rendez-vous au commissariat début juin ! @RCLens @RougeDirect @SOShomophobie @stop_homophobie @UHomophobie pic.twitter.com/nUYMDHmc0V
— Jacky MAJDA (@JackyMAJDA) 15 mai 2019
"La dernière fois que nous avons vu un dossier comme celui-ci, c'était le cas des injures qui visaient Bilal Hassani [le chanteur qui représentera la France à l'Eurovision, ndlr]", indique son avocat, Me Etienne Deshoulières. Il dénonce "un lynchage sur les réseaux sociaux contre une personne homosexuelle en raison de sa sexualité" et "une situation insupportable".
A l'origine de ces injures : "Un malentendu", déplore le supporter lensois. Car la polémique a pris de l'ampleur après le derby opposant Lens à Valenciennes, le 12 avril. Ce jour-là, Jacky Majda, qui était en tribunes, dénonce des chants homophobes scandés en tribune dans une série de tweets. "En tant que gay et supporter du RC Lens, ces insultes me touchent", écrit-il alors, faisant référence à cette séquence.
Suite à cela, le collectif Rouge Direct, qui milite contre l'homophobie dans le sport, saisit la Ligue de football professionnel (LFP), lui demandant "d'agir". Et le RCL a finalement été condamné à 50 000 euros d'amende et un huis-clos avec sursis sur décision de la commission de discipline.
"On ne peut plus être homosexuel et supporter"
A ce moment, de nombreux supporters lensois estiment que cette sanction est du fait de Jacky Majda, ce dont il se défend totalement : "On me donne une importance phénoménale alors que je n'y suis pour rien dans ce signalement, ni dans l'amende dont le club a écopé".
Rouge Direct confirme cette version, ajoutant que la vidéo a été repérée suite à "un travail de veille sur les réseaux sociaux" et que Jacky Majda n'est "aucunement membre du collectif", selon Julien Pontes, le porte-parole. Contactés, les Red Tigers n'ont pas souhaité réagir, indiquant que ces faits "ne les concernaient pas".
Heureux de rencontrer les supporters du @RCLens au stade Bollaert le 17 mai journée mondiale contre l’homophobie. Un chant #homophobe légitimement sanctionné ne fait pas de Lens un « club d’homophobes » pas d’amalgame.@stop_homophobie @UHomophobie @LensoisComLive @A_N_Supporters
— Rouge Direct (@RougeDirect) 12 mai 2019
"Aujourd'hui, j'ai peur qu'on s'en prenne à moi si je vais au stade", dénonce le supporter qui avait prévu d'assister au match contre Orléans, ce vendredi 17 mai. Date à laquelle est également prévue une rencontre avec les supporters lensois, à 19h15 au stade Bollaert, dans le cadre de la journée de lutte contre l'homophobie.
"Nous en arrivons à un stade où on ne peut plus être homosexuel et supporter", reprend Me Deshoulières. Jacky Majda affirme qu'il continue à recevoir des menaces, même après son dépôt de plainte. Il se réserve le droit de solliciter une nouvelle fois la justice s'il continue à recevoir des injures.