"Il n’y a pas une journée sans que j'y pense" : 20 ans après l’explosion mortelle de l’usine Nitrochimie dans le Pas-de-Calais, l'émotion reste intacte

Le 27 mars 2003 à 6h15, une explosion a tué quatre ouvriers de l'usine de production d'explosifs située à Billy-Berclau. 20 années après, une commémoration était organisée. D'anciens salariés, très émus, étaient présents.

Ils s’appelaient Pierre-Henri Planquelle, Marcel Ruffin, Francis Roussel et Jean-Yves Lejeune. Quatre ouvriers âgés de 25 à 54 ans qui ont perdu la vie il y a vingt ans, dans l’explosion de l’usine Nitrochimie à Billy-Berclau (Pas-de-Calais).

Vingt ans jour pour jour après le drame, l’émotion reste intacte dans cette ville de 4 500 habitants située à la frontière du Nord et du Pas-de-Calais.

"Je l’ai vue l’explosion, j’ai vu une boule de feu passer, se souvient Jacqueline Ruleux, ouvrière pendant 34 années dans l’usine de production d’explosifs. Derrière chez moi, il y avait une cuve remplie d’essence alors je suis allée voir tout de suite si ce n’était pas elle qui avait explosé. Quand j’ai vu qu’elle n’avait pas bougé, j’ai tout de suite dit : c’est la Poudrière".

"On était comme une famille"

La Poudrière - comme tout le monde l'appelle encore aujourd'hui – employait encore une petite centaine de personnes au début des années 2000. Jeudi 27 mars 2003, il était environ 6h15 lorsque la détonation a eu lieu à hauteur de la cabine 50 de cette usine classée Seveso seuil haut. Une explosion si forte que le bâtiment a été rayé de la carte.

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Interview de Stéphane Bouillart, ancien salarié de Nitrochimie, lors de la commémoration organisée 20 ans après le drame. ©Stéphane Bruhier / FTV

Stéphane Bouillart était présent sur le site ce jour-là et fumait une cigarette lorsque l’accident a eu lieu. Difficile pour lui de se replonger dans les souvenirs de cette journée, "trop douloureux" confie-t-il. "Quand les jours d’été arrivent, je pense à mon meilleur collègue qui fêtait son anniversaire et qui est décédé. Il y avait aussi ce petit jeune qui travaillait avec moi ce jour-là… On était comme une famille, on était tous proches. Mais je ne peux pas trop en parler, ça me bouleverse encore".

Une commémoration chargée en émotion

Sous une fine pellicule de pluie, 80 personnes se sont rassemblées le long de la Deûle, face à l’entrée principale de l’usine Nitrochimie pour rendre un hommage appuyé aux quatre victimes.

Parmi elles, Pierre-Henri Planquelle, qui a perdu la vie à 25 ans à peine. "Trop jeune pour mourir", se désole encore aujourd’hui Yves Dubois, un collègue de la Poudrière. "Quand vous travaillez des années et des années avec une personne… L'octogénaire s’arrête, regarde la photo de la jeune victime et laisse couler une larme. Je ne peux pas exprimer la tristesse que j’ai eu pour ce garçon-là".

Trois mois après l'accident mortel, l'usine a fermé. En 2010, le tribunal de grande instance de Lille condamna l’entreprise à 100 000 euros d’amende pour "manquement grave aux obligations de sécurité". Un procès qui permis aux familles des quatre victimes de tourner la page d’un long combat judiciaire.

Devoir de mémoire

Mais le deuil pour tous les habitants se poursuit encore aujourd’hui. "Il n’y a pas une journée sans que j'y pense", témoigne Anne Pintiaux, ancienne aide chimiste, la gorge nouée.

Il est important de rappeler qu’encore aujourd’hui, des gens perdent la vie dans l’exercice de leur travail.

Steve Bossart, maire SE de Billy-Berclau

Une émotion également présente dans la voix du jeune maire de la commune, Steve Bossart, qui invoque le devoir de mémoire. "Il y a des nouvelles générations qui ont eu des échos de ce drame absolu et c’est important de transmettre cette mémoire aux jeunes. Trop de gens ont perdu la vie sur ce site durant les 100 ans d’exploitation, et il est important de rappeler qu’encore aujourd’hui, des gens perdent la vie dans l’exercice de leur travail". 

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