Louvre-Lens : une exposition consacrée à Jean-François Champollion, l'homme qui déchiffra les hiéroglyphes

200 ans après que Jean-François Champollion ait percé le secret des hiéroglyphes, une exposition du Louvre-Lens revient sur son extraordinaire aventure. Ses travaux auront permis à l'Occident de découvrir une civilisation égyptienne sur laquelle ils n'avaient pu que fantasmer.

En 1798, Napoléon a emmené en Egypte son armée mais aussi de nombreux historiens, botanistes, dessinateurs. Chargés au départ d'aider l'armée dans sa progression, ils s'attellent progressivement à dessiner et étudier les merveilles architecturales et artistiques qu'ils rencontrent. Leurs récits lancent une véritable fascination en Occident, qu'on appelle l'égyptomanie.

"L'Égypte antique est l'un des creusets de l'imaginaire de l'humanité", qui continue à faire rêver par "la beauté, la richesse des mythes et aussi l'état extraordinaire de conservation des objets", estime la directrice du Louvre-Lens, Marie Lavandier. Mais à l'époque, l'Egypte antique est plus fantasmée que vraiment connue. 

"Je suis tout à l'Egypte, elle est tout pour moi"

En 1822, un génie des lettres change la donne. Il s'appelle Jean-François Champollion, et il vient de parvenir à déchiffrer le système d'écriture des hiéroglyphes, abandonné en Egypte il y a 1500 ans de cela. A partir du 28 septembre, le Louvres-Lens consacre une vaste exposition à l'aventure qu'a constitué cette découverte, intitulée "Jean-François Champollion, la voie des hiéropglyphes."

Sa découverte, en effet, est "un véritable point de bascule des sciences humaines" estime Hélène Bouillon, co-commissaire de l'exposition. Les travaux de Champollion vont permettre de lever le voile sur 3000 ans de civilisation égyptienne. "On en avait une vision déformée par les sources grecques et romaines", poursuit Hélène Bouillon. Par exemple, l'historien grec Hérodote avait répandu une croyance selon laquelle les égyptiens préféraient la mort à la vie. Les textes étudiés par la suite montreront un contresens majeurs : "ces textes nous disent qu'ils détestaient la mort, qu'ils en avaient peur". 

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Hélène Bouillon, co-commissaire de l'exposition "Champollion, la voie des hiéroglyphes". ©Marine Lelait / France Télévisions

L'exposition mêle donc une plongée dans l'antiquité égyptienne et dans le parcours de Jean-François Champollion, né en pleine Révolution française dans une famille lettrée, mais modeste. D'abord professeur, il dévouera sa vie à l'étude de l'Egypte Antique, jusqu'à en dire : "Je suis tout à l'Egypte, elle est tout pour moi". 

Manuscrits, vêtements, statues : le paradis des fous d'Egypte

Parmi les pièces maîtresses de l'exposition figure le célèbre "scribe accroupi", qui scrute le monde de son regard vif depuis 2.500 avant JC. On peut également y admirer un couvercle de sarcophage du IVe siècle avant JC recouvert d'un long texte en hiéroglyphes, ou un papyrus encore jamais exposé, où cohabitent une prière au dieu Amon-Rê, des remontrances à un scribe dissipé et un bon de livraison de cuir à un cordonnier.

La grande absente, c'est la pierre de Rosette, l'outil même qui permit à Champollion de comprendre le langage des hiéroglyphes. C'est un fragment de stèle, gravée de trois versions du même texte en deux langues et trois écritures : égyptien hiéroglyphique, égyptien démotique et alphabet grec. C'est en l'étudiant que Champollion comprit qu'y cohabitaient des idéogrammes et des phonogrammes et fut "le premier à proposer une équivalence phonétique qui soit juste", résume Hélène Bouillon. Mais la pièce de collection est restée au Londres, au British Museum qui lui aussi consacrera une exposition sur ce thème à l'occasion du bicentenaire de la découverte de Champollion. Les copies d'époque, sur lesquelles avait d'ailleurs travaillé le scientifique, seront exposées. 

Des manuscrits, des lettres mais aussi des vêtements - comme un manteau égyptien porté par Champollion au cours de son expédition le long du Nil - donnent à voir l'égyptologue au travail. Une orientation en accord avec le travail de l'égyptologue. Chargé de concevoir un musée égyptien pour Charles X, c'est lui qui créera pour la première fois des salles thématiques sur la vie quotidienne, la pratique religieuse... Dans ce même esprit de vulgarisation, le Louvre-Lens propose de nombreuses animations autour de l'exposition, dont un "Egyptobus" à travers tout le département du Pas-de-Calais. 

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