Régulation à Lens, fermeture la nuit à Divion : pourquoi les services d’urgences des hôpitaux sont contraints de s'adapter

Faute de personnel, les urgences de Lens et Divion doivent adapter leurs horaires d'ouverture. Dans le premier service, une régulation est mise en place durant certaines périodes. Quant au second, il est fermé de 21h30 à 8h toute cette semaine.

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C’est sans aucun doute l’un des sujets qui a ponctué l’été. Faute de personnel, de nombreux services d’urgence des centres hospitaliers de France ont été fermés ou régulés.

Depuis le début du mois de septembre, certains établissements sont toujours contraints de s'adapter au manque de personnel. Exemples et explication.

Régulation à Lens certaines nuits et les week-ends

À Lens, après plusieurs adaptions des modalités d’accueil tout au long de l’été, l’accueil aux urgences de l’hôpital va de nouveau être régulé cette semaine. Il faudra forcément appeler le 15 pour pouvoir s’y rendre :

  • du mercredi 14 septembre à 18 heures au jeudi 15 septembre à 9 heures
  • du vendredi 16 septembre à 18 heures au lundi 19 septembre à 9 heures

Contactée, la direction explique les raisons de ce choix : "il n’y a pas suffisamment de médecins pour tous les postes souhaités parce que c’est les vacances. Au centre hospitalier, nous avons organisé les vacances des personnels sur quatre mois, de juin à septembre, pour pouvoir maintenir les urgences vitales durant tout l’été. Ainsi, les urgences n’ont jamais été fermées mais régulées".

À noter que ni la maternité, ni les urgences pédiatriques ne sont concernées par cette régulation. Le groupement hospitalier Artois-Ternois précise qu’une nouvelle séquence de régulation aura lieu après le 19 septembre, sans pour autant pouvoir préciser les contours de celle-ci.

Une fois la période de congés terminée, la situation devrait revenir à la normale. "Tous les créneaux d’octobre 2022 sont pourvus", précise le CH de Lens, comprendre ainsi que les urgences fonctionneront sans régulation 24 heures / 24 durant le mois. Par ailleurs, 4 nouveaux urgentistes prendront leurs fonctions au sein des centres hospitaliers de Lens et de Béthune début novembre, afin d’améliorer "significativement cette situation".

Fermeture des urgences la nuit à Divion

À moins d’une trentaine de kilomètres du CH de Lens, la situation est encore plus critique à Divion, non loin de Bruay-la-Buissière. Faute de personnel, la clinique de la Clarence a une nouvelle fois annoncé la fermeture totale des urgences la nuit toute la semaine, de 21h30 à 8 heures du matin. Seules les urgences de la maternité restent ouvertes non-stop.

C’est la troisième fois en trois mois que la direction doit fermer le service plusieurs jours d’affilée : deux jours en juillet, treize en août… et au moins six cette semaine. Depuis lundi 12 septembre et jusqu’au samedi 17 septembre inclus, les patients sont ainsi réorientés vers Béthune.

Dans une interview donnée à nos confrères de la Voix du Nord, la directrice de la polyclinique témoigne des difficultés à recruter, d’autant plus que "l’activité (du) service augmente avec le problème de prise en charge de médecine de ville". Selon Fabienne Peugniez, il faudrait deux urgentistes supplémentaires pour faire tourner le service 24 heures sur 24.

Le point sur la situation dans les services d'urgence du Nord et du Pas-de-Calais

"Personne n’imaginait que tout allait s’arranger durant l’été, rappelle en préambule Patrick Goldstein, conseiller médical du directeur général de l’Agence Régionale de Santé (ARS) des Hauts-de-France en charge de la question des urgences. Nous avons eu deux mois pour mettre en œuvre et évaluer les missions dites flash de François Braun pour « passer l’été »". 

Souvenez-vous, avant qu’il ne devienne ministre de la Santé, François Braun – lui-même urgentiste - avait été désigné par le gouvernement pour mettre en place une série de mesures provisoires afin de permettre aux services d’urgences des hôpitaux français de surmonter un été "à haut risque". En cause : les difficultés de ressources humaines après deux années de crise sanitaire. Parmi les 41 propositions, la régulation des admissions soit avec un "triage paramédical à l’entrée » des urgences, soit par une "régulation médicale préalable systématique". 

Des mesures appliquées dans les hôpitaux du Nord et du Pas-de-Calais, où "aucun patient n’est resté sur le bord de la route cet été", rappelle Patrick Goldstein. Mais après l’été vient l’automne, et les difficultés persistent dans plusieurs services. Lens, Divion mais également Saint-Omer et Douai, où la situation s’est "nettement améliorée comparée au début de l’été", assure l’ancien directeur du SAMU du Nord.  

Ce qui ne va pas, c’est la pénibilité !

Patrick Goldstein, conseiller médical du DG de l'ARS Hauts-de-France

Quels éléments de réponse pour expliquer le manque d’urgentistes dans certains services et comprendre les tensions existantes ? "Ce qui ne va pas, c’est la pénibilité !", répond sans aucune hésitation Patrick Goldstein. "Lorsqu’on travaille les nuits et trois weekends par mois, c’est compliqué". À Douai par exemple, c’est ce qui a fait fuir les pédiatres entraînant la fermeture des urgences pédiatriques la nuit et le weekend pendant plusieurs mois. 

Néanmoins, malgré une situation "complexe", le conseiller médical de l’ARS se dit "optimiste". De nouvelles réunions vont avoir lieu prochainement pour trouver des solutions au manque de personnel dans les services d’urgence. Parmi les pistes évoquées, la mutualisation des urgences en nuit profonde (de 22 heures à 8 heures par exemple) dans certains territoires, l’accentuation du rôle du SAMU dans la prise en charge ou encore la mobilisation des libéraux. Rien n’est pour l’heure tranché. 

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