Un millier de personnes ont défilé ce dimanche matin dans les rues de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, pour rendre hommage à Lindsay, l'adolescente qui s'est donné la mort le 12 mai dernier parce qu'elle était victime de harcèlement. La marche blanche a aussi pour objectif de réclamer des mesures pour lutter contre ce fléau.
"Justice Pour Lindsay ! Non au harcèlement !" Tel est le slogan scandé par le millier de personnes qui ont défilé ce dimanche matin à Vendin-Le-Vieil, la commune du Pas-de-Calais dans laquelle Lindsay, 13 ans, s'est suicidée le 12 mai dernier parce qu'elle était victime de harcèlement. "Je me dis qu’on n’est pas seul", reconnaît Betty Gervois, la mère de Lindsay, "on a du soutien de toute la France donc ça fait chaud au cœur".
Dans le cortège, des gens venus de toute la région pour apporter leur soutien à la famille et aux proches de l'adolescente. Perrine, 17 ans, est une cousine éloignée de Lindsay : "ça me tient énormément à cœur d'être présente car le harcèlement, je trouve ça honteux. Mon frère s’est déjà fait harceler à l’école et rien n’avait bougé, donc je veux vraiment que les choses changent maintenant."
Un appel à prendre des mesures efficaces
Au-delà de l'hommage, c'est le message porté par cette seconde marche blanche : que des mesures concrètes de lutte contre le harcèlement scolaire soient prises par les autorités. C'est ce qu'a rappelé la mère de Lindsay dans sa prise de parole avant le départ de la marche : "notre combat contre le harcèlement à l’école et contre son prolongement, le harcèlement sur les réseaux sociaux, commence. Et nous ferons tout pour que ce déchaînement de haine qui touche tant d’enfants et de familles cesse enfin."
Il est grand temps que l’impunité des réseaux sociaux, Facebook, Instagram, Tiktok et Meta cessent. Ils ne peuvent pas continuer à contribuer à la prolifération de la haine et à profiter de la diffusion de propos haineux, de vidéos abominables, insultantes et contraires à toute forme de respect pour la vie humaine.
Betty Gervois, mère de LindsayFrance Télévisions
Cette semaine, à l'initiative du ministre de l'éducation nationale, tous les collégiens de France ont assisté à une heure de sensibilisation à la problématique du harcèlement scolaire. Mais pour le grand-père de Lindsay, Fabrice, également présent dans le cortège, il faut aller plus loin : "on voudrait qu’à la rentrée ça bouge vraiment, que les établissements s'organisent pour lutter efficacement contre le harcèlement."
Plus largement, Betty Gervois, qui a rencontré Brigitte Macron cette semaine, en appelle au soutien de l'Etat dans la lutte contre le cyberharcèlement : "il est grand temps que l’impunité des réseaux sociaux, Facebook, Instagram, Tiktok et Meta cessent. Ils ne peuvent pas continuer à contribuer à la prolifération de la haine et à profiter de la diffusion de propos haineux, de vidéos abominables, insultantes et contraires à toute forme de respect pour la vie humaine."
"Il faut en parler"
Avec des ballons bleus et blancs à la main, Magali Levecque a tenu à participer à la marche blanche : "on pense toujours à Lindsay, on a toujours autant de peine pour elle. Donc on continue le combat pour elle et pour tous les autres." Cette mère de famille est d'autant plus concernée par le sujet que sa propre fille est victime de harcèlement scolaire, à tel point qu'elle a fait le choix de la déscolariser : "je la garde à la maison pour la protéger. Il y a eu une tentative de médiatisation avec les harceleurs mais ça n'a fait qu'empirer les choses. L’établissement né réagit que très peu." Elle poursuit, émue : "quand votre fille vous dit qu’elle veut mourir c’est très compliqué, on a une grande rage. Mais on fait encore confiance à la justice et on espère qu’il y aura réparation."
Quand votre fille vous dit qu’elle veut mourir c’est très compliqué, on a une grande rage. Mais on fait encore confiance à la justice et on espère qu’il y aura réparation.
Magali Levecque, mère d'une jeune fille harceléeFrance Télévisions
Tous dans le cortège appellent donc les enfants victimes de harcèlement à en parler, à commencer par Betty Gervois : "ils doivent savoir qu’ils ne sont pas seuls. Il ne faut surtout pas hésiter à en parler. Mais il y a encore beaucoup de travail en matière d'écoute. Lindsay a parlé mais elle n’a pas été entendue. Écouter nos enfants, c’est primordial."
Deux fois plus de signalements
Le choc provoqué par le suicide de sa fille a en tout cas déjà des conséquences. Dans le Pas-de-Calais, sur le mois de mai 2023, le rectorat a constaté une augmentation du nombre de signalements, avec plus de 400, contre en moyenne 200 par mois depuis la dernière rentrée de septembre. Des signalements qui vont de la simple dispute entre élèves, à de possibles formes de harcèlement scolaire. Le rectorat affirme que "chaque situation est examinée par le pôle violence de la direction des services départementaux de l'éducation nationale".
Une réunion interministérielle pour lutter contre le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement s'est tenue cette semaine à Paris, une autre est prévue en juillet.