C’est un nouveau coup dur pour les pêcheurs de la région. L’Organisation de gestion marine britannique (Marine Management Organisation) a énoncé début février de nouvelles restrictions qui interdisent le chalutage de fond dans 13 aires marines protégées (AMP) anglaises. La réglementation entrera en vigueur dès le 22 mars.
"Toujours plus". Entre deux rames de métro parisien, Olivier Leprêtre nous fait part de son désarroi. Le président du comité régional des pêches est au Sénat ce mercredi 14 février pour une intervention en commission sur la nouvelle réglementation britannique. "On tire toutes les ficelles !" avance-t-il.
Une zone riche en encornets pour les Boulonnais
Cette réglementation, dévoilée début février sur le site de l’Organisation de gestion marine britannique, prévoit l’interdiction de pêcher sur une zone de 4000 km2 le long des côtes anglaises. "Le Royaume-Uni reste déterminé à sauvegarder nos océans et les précieuses espèces qui en dépendent", peut-on lire en anglais sur le site de la MMO. "L'introduction récente d'un nouveau règlement limitant l'utilisation nocive d’engins de pêche remorqués par le fond n'est qu'une des nombreuses mesures que nous prendrons pour garantir que les bonnes mesures sont en place pour améliorer notre réseau d'aires marines protégées."
"Les pêcheurs ne vont pas se laisser mourir, et vont se rabattre sur d’autres zones, ce qui risque d’entraîner de la surpêche…"
Olivier Leprêtre, président du comité régional des pêches
Sur les 13 aires concernées, 3 sont prisées des pêcheurs boulonnais, notamment pour les encornets. "Cela représente 30 à 40% du chiffre d’affaires", explique Olivier Leprêtre. "Si on ne peut plus pêcher dans ces zones, on ne pourra plus pratiquer notre activité. Le marché sera toujours approvisionné, mais via des importations de poissons non européens, de pays tiers."
Protéger les habitats et espèces rares
Cette interdiction, qui vise le chalutage de fond, a pour but, selon la MMO, de protéger "les habitats et espèces rares et menacées à la garantie d'un environnement marin plus sain et à la restauration d'écosystèmes précieux qui soutiennent une industrie de la pêche durable pour l'avenir."
Des arguments irrecevables pour le président du comité régional des pêches. "Depuis la nuit des temps, nous avons toujours pêché dans ces zones. Après, les espèces changent à cause du réchauffement climatique, mais on a toujours eu du poisson", insiste-t-il. "Les pêcheurs ne vont pas se laisser mourir, et vont se rabattre sur d’autres zones, ce qui risque d’entraîner de la surpêche…"
Le 7 février, le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, avait interpellé dans un courrier le Premier ministre Gabriel Attal sur cette interdiction qui, selon lui, fait "peser une menace économique considérable sur l’ensemble de la filière halieutique."