Plus de 63% des volumes de poissons débarqués en 2022 en mer du Nord et dans l’est de la Manche proviennent de la pêche durable, selon l’Ifremer. C’est plus que pour les autres façades maritimes. Au niveau national, en revanche, on est encore loin des 100% imposés par l’Europe pour 2020.
"Une très légère progression", se félicite l’Ifremer, un brin optimiste. Comme chaque année, l’institut français fait le point sur les stocks de poissons pêchés dans l’hexagone. Ainsi, 56% des volumes de poissons débarqués en 2022 proviennent de populations exploitées "durablement". C’est 2% de plus qu’en 2021. En clair, seulement un poisson sur deux est issu de la pêche durable – un chiffre qui stagne depuis 2017.
C’est quoi, au fait, une pêche durable ?
Une méthode qui vise à limiter le volume de poissons pour assurer la protection des espèces. L’Ifremer utilise un indicateur appelé RMD (Rendement maximal durable), un outil théorique de gestion des pêches qui définit un seuil au-delà duquel il s’agit d’une situation de surpêche. En dessous de ce seuil, le stock de poissons concernés (du cabillaud par exemple) est considéré comme sous-exploité.
Dans le milieu naturel, on estime qu’environ seul un œuf sur 100 000 survivra jusqu’à devenir un poisson adulte.
Clara Ulrich, coordinatrice des expertises halieutiques à l’Ifremer.
"L’un des facteurs essentiels de la durabilité repose sur la capacité des populations de poissons à se renouveler", explique Clara Ulrich, coordinatrice des expertises halieutiques à l’Ifremer, citée dans le communiqué. "Pour cela, il faut non seulement que les adultes participent à la reproduction en proportion suffisante, mais aussi que les jeunes survivent jusqu’à un âge où ils pourront eux-mêmes se reproduire. Or dans le milieu naturel, on estime qu’environ seul un œuf sur 100 000 survivra jusqu’à devenir un poisson adulte."
La faute au changement climatique
Grâce aux bonnes ressources de harengs et de coquilles Saint-Jacques, "qui représentent à elles deux plus de la moitié des débarquements", la mer du Nord et l’est de la Manche s’en tirent plutôt bien, avec plus de 63% des volumes de poissons en 2022 qui proviennent de la pêche durable. C’est quasiment moitié plus qu’en Méditerranée.
Dans l’ouest de la Manche et en mer celtique, le chiffre atteint 50% grâce à la coquille Saint-Jacques, la baudroie et le merlu européen. Dans le golfe de Gascogne, la part de poissons issus de la pêche durable est "globalement en baisse depuis plus de dix ans". Elle est passée de 44% en 2010 à moins de 37% en 2022.
Derrière ces chiffres, un constat, plutôt alarmant : l’objectif de 100% de pêche durable voulu par l’Europe est encore loin d’être atteint. Une situation rendue d’autant plus difficile à cause du changement climatique, qui influe sur la survie des œufs et des larves de poissons. Et même si le hareng est une espèce encore bien présente sur notre littoral, l’Ifremer nuance. "Sa biomasse augmente peu depuis 2010."