Depuis plusieurs semaines, des personnes extérieures forcent le grillage de la prison de Longuenesse pour y projeter de la drogue, de l'alcool ou encore des portables. Le syndicat des surveillants demande plus de moyens humains, techniques et légaux pour pouvoir interpeller les auteurs.
Un nouveau phénomène prend de la vigueur à la prison de Longuenesse. Des personnes extérieures viennent forcer le grillage pour projeter différents objets : de la drogue, de l'alcool mais aussi des cartes sim, des clés USB ou des portables.
Il y a deux semaines, "un kilo et demi de méthamphétamine" a été projeté selon Yannick Lefebvre, secrétaire local de l'Ufap Unsa Justice. "C'est une drogue assez addictive qui peut changer le comportement des individus."
Conséquence, pour les surveillants la peur monte : "On craint pour notre sécurité car nous on est obligé de faire en sorte que tout se passe bien, qu'on soit au maximum en sécurité alors qu'il nous manque du personnel."
Plus de moyens humains, techniques et légaux
"On est en manque de personnel", déplore le syndicaliste. "On est 162 en effectif présent contre un effectif théorique de 180." Le week-end et la nuit, ils fonctionnent aussi en effectif réduit, ce qui les fragilisent sur le terrain.
"Il est devenu récurrent que les détenus en promenade, bloquent la cour pour quon ne puisse plus y accéder et pour récupérer tout ce qui a été projetée."
Une impuissance qui est aussi légale : "Le midi, on peut être dans la cour avec les collègues. Des personnes vont arriver pour jeter de la drogue ou de l'alcool. On peut leur crier dessus mais ils s'en foutent complètement. Ils connaissent les failles. Ils savent très bien qu'on ne peut pas les interpeller", regrette Yannick Lefebvre.
Des prisonniers qui n'osent plus sortir dans la cour
Cette mère de prisonnier interrogée à la sortie de la prison témoigne : "Mon fils ne sort pas en cours à cause de ça. Il sait que ça circule dans la prison. Il ne peut pas profiter du fait d'être en quartier libre à cause de ces projections. Il a peur d'être pris à partie."
Un autre visiteur semble moins surpris : "Le phénomène n'est pas nouveau. Il y a de plus en plus de drogues qui circulent, de téléphones qui passent. Je comprends le mécontentement des gardiens de prison et je pense que certains détenus n'osent plus partir en promenade de peur des représailles."
La direction ne nie pas le problème et affirme chercher des solutions avec les organisations syndicales pour ne pas livrer la prison aux trafics.