Alors que certaines terres du Nord-Pas-de-Calais viennent de subir une nouvelle vague d’inondations, la saison touristique démarre doucement. Grande inquiétude du secteur : les visiteurs seront-ils au rendez-vous ? Les excursions en barque sont toujours possibles dans le marais de Saint-Omer, où les premiers voyages ont repris. Une découverte du pays de Saint-Omer que les intempéries ne semblent pas avoir entachée.
“Ici, j’ai fait du canoë et je n’ai même pas eu besoin de descendre pour faire le tour”, rigole Quentin, guide pour des balades en bateau dans le marais de Saint-Omer, en désignant le ponton où les bacoves, embarcations traditionnelles, sont amarrées maintenant que le niveau de l’eau est redescendu.
Enfin, il ne faut pas trop vite parler de retour à la normale. A l’entrée du marais, l’eau est presque au même niveau que les berges : 40 centimètres au-dessus de la normale en cette période. “Normalement, on ne voit pas les champs”, explique Quentin. Même si les pluies ne causent plus un débordement à chaque fois, la terre est tellement gorgée d’eau qu’à la moindre averse, le cours remonte.
Des réservations qui reprennent sans inquiétude
Ce contexte n’a pas effrayé Véronique Bourfe-Rivière. Au moment d’organiser son stage de Qi chong (lente gymnastique issue de la médecine chinoise, NDLR) et de cuisine, l’Audomarois était tout indiqué. Après avoir passé un coup de fil pour s’assurer de ne pas se retrouver les pieds dans l’eau, elle a réservé dans le gîte de la famille Delannoy à Clairmarais pour sa quinzaine de stagiaires. “Ça va très bien, on a bien vu en arrivant qu’il y avait des endroits avec un petit peu d’eau, mais c’est très bien”, explique-t-elle en embarquant pour sa découverte du marais.
Je n’ai vraiment pas eu peur d’être sous l’eau parce que je savais très bien qu’on allait pouvoir surnager.
Suzanne Lerouge, touriste
Une quiétude partagée par les autres membres du voyage. La doyenne Suzanne Lerouge va même jusqu’à blaguer : “Je n’ai vraiment pas eu peur d’être sous l’eau parce que je savais très bien qu’en arrivant ici, on allait pouvoir surnager”, avant de reprendre un visage sérieux en évoquant les sinistrés : “je pense beaucoup aux habitants d’ici, les familles qui ont énormément souffert”. Même sentiment chez Cécile Gloor, qui découvre les marais pour la première fois, et ne peut s’empêcher d’avoir une pensée pour “les gens qui vivent ça et pour qui c’est stressant”.
Un marais entièrement sous l’eau
D’ailleurs, les inondations ne sont jamais loin, même en pleine balade. Première consigne de sécurité au début du périple : ne pas se mettre debout quand un pont approche, puisque “l’eau monte, mais pas les ponts” explique Quentin à ses passagers. D’ailleurs, les questions fusent sur l’aspect du paysage au moment des débordements. Aujourd’hui, des champs, terrains et autres jardins de maison bordent les deux rives des bras du marais.
Pendant les inondations, ici c’était la mer. On voyait juste le moulin dépassé.
Quentin, guide en bateau
Difficile d’imaginer le tout submerger. Pourtant, Quentin est formel : “si on était venu ici pendant les inondations, c’était la mer. Il n’y avait plus rien. On voyait juste le moulin qui dépassait, et les bâtiments” , explique-t-il en désignant un haut moulin à quelques dizaines de mètres sur les terres. Des barrières cassées et courbées vers l’eau, des traces sur les murs extérieurs des maisons… Autant de traces des submersions répétitives des derniers mois.
La saison touristique prête à reprendre dans le pays de Saint-Omer
Des souvenirs lointains pour Anne-Charlotte Delannoy. Cette responsable du service pédagogique de la société de gîtes, de restauration et de balades en bateau Ô’Marais a fait appel à un géologue et à différentes structures du Nord-Pas-de-Calais pour étoffer les présentations des guides et pouvoir répondre au mieux aux questions des touristes. Elle aborde la saison touristique qui s’ouvre très sereine : “ça fluctue toujours en hiver entre les pluies donc on a l’habitude que le niveau monte. Il nous faut juste assez d’eau pour naviguer. Notre saison touristique est prête à repartir parce que des pluies comme on en a eu, on n’en attend plus, tout du moins, on l’espère”. Les excursions ne se sont d’ailleurs jamais vraiment arrêtées.
L’Audomarois est un lieu avec de magnifiques images, comme le marais.
Julien Duquenne, directeur de l’office du tourisme du pays de Saint-Omer
Sur tout le pays de Saint-Omer, il y a eu peu de retombées économiques sur le secteur du tourisme : les débordements ont eu lieu en basse saison, seuls les quelques dégâts matériels sont à déplorer sur certains lieux, comme le parc d'attractions Dennlys. Julien Duquenne, directeur de l’office du tourisme du pays de Saint-Omer, espère simplement voir les touristes au rendez-vous : “C’est comme une recette de cuisine qui aurait plus ou moins bien marchée. Celle de cette année a une saveur particulière. Mais l’Audomarois, c’est un lieu avec de magnifiques images comme le marais. Une fois qu’on a sur notre table tous ces magnifiques produits, il faut savoir les cuisiner”. Une carte qui a déjà fait ses preuves : chaque année, 200 000 personnes visitent les 160 km du dernier marais maraîcher de France.