Alors que les élections européennes, le 9 juin, se rapprochent, Jordan Bardella et Marine Le Pen se donnent la réplique dans un meeting, organisé à Hénin-Beaumont ce 24 mai 2024. Pour montrer que la commune du Pas-de-Calais, considérée comme le fief du RN, est loin de lui être acquise, associations et élus d'opposition organisent un contre-meeting féministe, à 18 heures, dans la même commune.
Un duo symbolique qui n'avait pas refait surface depuis longtemps dans le Nord-Pas-de-Calais. Ce 24 mai 2024 à 19 heures, Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national (RN) pour les élections européennes, organise un meeting à Hénin-Beaumont, commune du Pas-de-Calais considérée comme le fief du parti depuis près de dix ans.
Pour cette dernière rencontre dans la région, le nouveau leader du parti sera accompagné de Marine Le Pen, qui jouit toujours d'une grande influence dans le Bassin minier, zone toujours fidèle à "l'ancien" RN. Pendant deux heures, les deux figures de proue de l'extrême droite prendront la parole devant un public déjà conquis, composé d'élus municipaux et de députés du Nord-Pas-de-Calais, afin d'évoquer leur programme européen.
Ce soir, #TousÀHeninBeaumont !
— Rassemblement National (@RNational_off) May 24, 2024
Nous vous attendons très nombreux à 19h, salle François Mitterrand, pour notre meeting avec @MLP_officiel et @J_Bardella !
On compte sur vous ! 🇫🇷#VivementLe9Juin pic.twitter.com/jexYnugqx9
Public conquis... Et non pas ville conquise. C'est en tout cas la nuance que souhaite apporter l'opposition, en organisant un meeting féministe parallèle à celui de Jordan Bardella, dès 18 heures, également Hénin-Beaumont.
"Cette commune n'est pas un terrain conquis"
En plus des élus municipaux écologistes, plusieurs candidats socialistes de la liste “Réveiller l’Europe” se rendront à ce "contre-meeting" féministe. Car côté PS, ce vendredi est également journée de campagne électorale : les candidats nordistes de la liste de Raphaël Glucksmann organisaient une conférence de presse à Lille ce vendredi.
🔴 Je serai demain au contre-meeting féministe organisé par Ma Voix Mon Choix à Hénin-Beaumont, en réponse à celui du Rassemblement national.
— Marine Tondelier (@marinetondelier) May 23, 2024
✊ Rendez-vous nombreuses et nombreux ce vendredi 24 mai à 18h, place Wagon à Hénin-Beaumont ! pic.twitter.com/dC7Zui9U6B
Après cette première prise de parole, Sarah Kerrich-Bernard notamment, candidate Réveiller l’Europe et conseillère régionale des Hauts-de-France, se rendra à Hénin-Beaumont ce soir. Pour elle, cette réunion est l'occasion de montrer qu'une opposition palpite toujours dans l'Artois : "nos élus à la mairie d'Hénin en ont marre qu'à chaque élection, on vienne les voir en disant que c'est la ville est le bastion du RN. L'opposition est muselée. Même pour les habitants ce n'est pas très agréable de se sentir résumé à cela."
Pour les élus socialistes du coin, ce meeting est organisé par Jordan Bardella pour entretenir un mythe, qui n'est en réalité qu'un miroir aux alouettes lustré par Steeve Briois, maire d'Hénin-Beaumont, et les élus RN de la région. "À deux rues de là, la ville de Courrières est toujours à majorité socialiste. Hénin est une situation exceptionnelle, où rien n'est encore perdu."
Le RN a l'impression de jouer à domicile en venant avec Marine Le Pen. Mais cette commune n'est pas un terrain conquis. Les autres partis ne se résignent pas et restent déterminés.
Marine Tondelier, élue écologiste à la mairie d'Hénin-Beaumont
Des propos soutenus par Marine Tondelier, élue municipale écologiste à la mairie d'Hénin-Beaumont, qui a coorganisé le meeting féministe de ce vendredi : "Le RN a l'impression de jouer à domicile en venant avec Marine Le Pen. Mais cette commune n'est pas un terrain conquis. Les autres partis ne se résignent pas et restent déterminés."
3000 personnes attendues pour Bardella-Le Pen
Un avis que ne partage évidemment pas Caroline Parmentier, députée RN du Pas-de-Calais, pour qui la venue de 3000 sympathisants ce soir, parle d'elle-même : "ça fait longtemps que le Bassin minier fait confiance à Marine (Le Pen, NDLR) et réciproquement."
Informée de la tenue du meeting féministe, organisé à deux pas de celui du RN, place Wagon, la députée indique se trouver "sereine", feignant l'ignorance sur les accusations pro-vie que leur reprochent les élus d'opposition et les candidats adverses.
"La majorité des élus du RN au Parlement français ont voté pour l'intégration de l'IVG dans la Constitution. Qu'ils s'occupent donc du Pas-de-Calais et du pouvoir d'achat ou de l'inflation plutôt que de notre position sur l'avortement, sur laquelle on a toujours été très clairs !" L'élue départementale ne souhaite pas commenter davantage la tenue de ce meeting aux antipodes du leur. "Je me concentre sur le nôtre", indique-t-elle, incisive de l'autre côté du téléphone, avant d'asséner : "Tout ce que je pense c'est que notre salle sera archi pleine, et que la leur fera un peu pitié."
Qu'ils s'occupent donc du Pas-de-Calais et du pouvoir d'achat ou de l'inflation plutôt que de notre position sur l'avortement, sur laquelle on a toujours été très clairs !
Caroline Parmentier, députée RN du Pas-de-Calais
L'avortement, un combat européen
Le contre-meeting de ce vendredi a été préparé par l'association "Ma Voix Mon Choix", une association féministe qui milite pour le droit inconditionnel à l'avortement en Europe, soutenue par la militante Alice Coffin. Dans cette dernière ligne droite avant le 9 juin, le sujet de l'IVG est particulièrement scruté et se situe au cœur des débats, dans une Europe où l'extrême droite gagne du terrain, et avec elle, de plus en plus de dangers pour l'accès à l'avortement.
C'est dans cette visée que le contre-meeting d'Hénin-Beaumont a été organisé, "pour faire barrière à Bardella, Marine Le Pen et à un parti contre le droit à l'avortement", résume Sarah Kerrich-Bernard. "Même si en France le parti s'est un peu calmé, au Parlement européen, il reste allié à de gros groupes anti-avortement."
Sarah Kerrich-Bernard
Même si en France le parti s'est un peu calmé, au Parlement européen, il reste allié à de gros groupes anti-avortement.
Sarah Kerrich-Bernard, candidate socialiste aux Européennes
Pour la candidate socialiste, tout comme pour Marine Tondelier - qui ne mâche pas ses mots concernant cet adversaire politique en tête des sondages - le RN tente de cacher ses réelles intentions. "Bardella, aime jouer le gendre idéal", commente la cheffe de file des écologistes. "Mais ses alliés ont quand même fait reculer le droit européen dans plusieurs pays. Notre meeting pour défendre le droit des femmes cherche à montrer que le RN peut raconter ce qu'il veut, nous, nous ne sommes pas dupes."