Pendant des décennies l'ancienne fonderie de Noyelles-Godault (Pas-de-Calais) a rejeté dans l'air du plomb et du cadium. Liquidée en 2003, les conséquences de cette pollution sont toujours d'actualité, mais dans quelle proportion ? Eléments de réponse, à partir notamment d'un bilan intermédiaire d'une campagne de dépistage collectif.
"En tant que parent, j'ai l'impression d'avoir fait un manquement de protection". Un père de famille de Courcelles-lès-Lens a raconté à l'AFP que son fils de 2 ans et sa fille de 6 ans étaient tous deux contaminés, le premier enfant à un niveau supérieur à 50 µg de plomb / litre de sang. Il dit avoir reçu les résultats par courrier, puis un coup de téléphone de l'ARS "pour les minimiser". "Ils nous ont fait comprendre que ce n'était pas grave, qu'il n'y avait pas trop de danger", dit-il. Ses enfants sont cependant soumis à des tests sanguins tous les trois mois. Et cette plombémie présenterait des risques pour les reins, le système nerveux et la moelle osseuse.
Dans le cadre d'une étude lancée cet été et qui touche à sa fin (le 6 novembre 2022), un bilan intermédiaire daté du 3 novembre révèle les données suivantes. 1354 enfants de moins de 18 ans, domiciliés sur les communes d’Evin-Malmaison, Courcelles-lès-Lens, Noyelles-Godault, Leforest et Dourges ont participé à cette étude soit moins de 20% de la population cible.
8 enfants atteints de saturnisme
Selon la préfecture, parmi ces enfants, 8 enfants présentent une plombémie supérieure à 50 μg/litre de sang, seuil de définition du saturnisme, soit 0,6% des enfants dépistés (6 plombémies proches du seuil, 2 proches de 90 μg /l). 68 enfants présentent une plombémie comprise entre 25 et 49 μg/l (c'est-à-dire le seuil de vigilance qui ne constitue pas un saturnisme mais justifie un suivi des plombémies).
Pour les autres 1278 enfants, 373 enfants présentent une plombémie comprise entre 10 et 24,9 μg/l et 905 enfants présentent une plombémie inférieure à 10 μg/l. "La plombémie moyenne des enfants testés est de 10 μg/litre de sang. Pour rappel, la moyenne régionale s’établit aux alentours de 14 μg/l", précise la préfecture.
5 815 cas potentiels depuis 1962 ?
A la fermeture de l'usine Metaleurop en 2003, la zone était considérée comme la plus polluée de France. Cinq communes (24.000 personnes) sont concernées depuis 1999 par une restriction de l'usage des sols.
Une équipe de l'émission d'investigation "Vert de rage", sur France 5, qui a enquêté sur cette pollution, estimait fin avril que 5.815 enfants pourraient avoir été atteints de saturnisme entre 1962 et 2020, dont une centaine depuis 20 ans. La préfecture avait alors répondu qu'un seul cas avait été enregistré depuis 10 ans dans la zone.
Pour finir, la préfecture assure qu'une information est en cours pour les familles des 68 enfants concernés par le seuil de vigilance afin de leur "apporter des explications sur les sources d’exposition possible au plomb et des recommandations en matière d’hygiène pour limiter les risques d’exposition".