La campagne de dépistage menée par l'Agence régionale de santé fait état de huit enfants atteints de saturnisme et 75 autres placés en vigilance parmi les 25 % testés. Ils résident tous dans les cinq communes du secteur de l'ancienne usine Metaleurop à Noyelles-Godault.
Les résultats définitifs étaient attendus. La campagne de dépistage lancée l'été dernier par l'Agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France, et achevée au mois de novembre 2022, établit vendredi 20 janvier que huit enfants présentent "une plombémie supérieure à 50 microgrammes par litre de sang, seuil de définition du saturnisme". 75 autres montrent un taux au-dessus du seuil de vigilance, 25 microgrammes par litre de sang, et doivent désormais être suivis médicalement.
"C'est déjà énorme au vu des participants", réagit Clarisse Kaczmarek, habitante d'Evin-Malmaison et dont les enfants ont été concernés par l'étude. Au total, 1 878 enfants, soit un quart de la population ciblée par l'opération de sensibilisation, ont été examinés, précise l'ARS. Le dépistage concernait les moins de 18 ans domiciliés à Evin-Malmaison, Courcelles-lès-Lens, Noyelles-Godault, Leforest et Dourges.
Les cinq communes du Pas-de-Calais regroupent au total 24 000 habitants qui subissent encore les conséquences de l'activité de l'ancienne fonderie Metaleurop, installée à Noyelles-Godault. L'usine, fermée en 2003, a rejeté un nombre considérable de tonnes de métaux lourds dans l'air, notamment du plomb et du cadmium.
Métal extrêmement toxique
Les résultats de la campagne de dépistage sont considérés définitifs, malgré la participation relative. "Je sais que des parents n'ont pas voulu faire participer leurs enfants. La prise de sang est un frein mais certains préfèrent aussi ne pas savoir. Ça a toujours été un sujet tabou dans le secteur", explique la maman, qui indique que l'un de ses fils présente un taux important de plomb dans le sang mais en dessous des normes d'alerte.
Le métal en question est un élément toxique pour l'organisme humain. Le saturnisme infantile est susceptible "d'entraîner de graves conséquences irréversibles notamment sur le développement cognitif et psychomoteur", rappelle Santé publique France.
Au-delà des dégâts causés sur l'environnement, l'équipe de l'émission d'investigation "Vert de rage", diffusée sur France 5, a présenté aux élus et habitants d'Evin-Malmaison, en avril dernier, les conséquences à long terme de Metaleurop sur le territoire. Les débats ont alors encouragé l'opération de dépistage qui a récemment dévoilé son bilan.
"Le soufflé ne doit pas retomber"
Clarisse Kaczmarek appelle à ce que les pouvoirs publics maintiennent désormais leur vigilance. "J'espère que, malgré le caractère définitif de l'étude, ils continueront d'agir. Cela faisait des années qu'il n'y avait pas eu une campagne de dépistage". Jusqu'en 2012, seules huit avaient été menées. Selon la préfecture, elles attestaient d'une "nette diminution de l'imprégnation".
"Un suivi régulier et particulier des enfants touchés est demandé par les parents, ainsi qu'un suivi médical pour les enfants scolarisés", affirme Clarisse Kaczmarek. "Ce serait bien que la campagne de dépistage devienne une opération régulière. L'idée est que le soufflé ne retombe pas", espère-t-elle.