Cinq jours après le naufrage d’une embarcation qui tentait de rejoindre la Grande-Bretagne et qui a fait 6 morts et un disparu, quatre hommes ont été mis en examen et placés en détention provisoire.
Deux individus de nationalité irakienne sont "soupçonnés de faire partie de la filière d'immigration clandestine ayant organisé le transport de migrants", a précisé le parquet de Paris.
Les deux autres, de nationalité soudanaise, sont "soupçonnés d'avoir participé activement au transport des passagers dans des conditions dangereuses, en contrepartie d'un tarif privilégié sur leur propre passage", a ajouté le ministère public.
Ils ont été mis en examen pour homicides et blessures involontaires par violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence, aide au séjour irrégulier en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre ce délit. Ils ont été placés en détention provisoire.
"Le canot s’est déchiré en mer"
Selon le Parquet de Paris, en charge du dossier, il y avait entre 65 et 66 personnes à bord. Elles tentaient samedi 12 août de rallier l'Angleterre par le détroit du Pas-de-Calais, l'un des plus fréquentés du monde. Les investigations, menées sous la direction de la juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée, et confiées depuis mercredi à deux juges d'instruction, ont "à ce stade permis d'établir que l'embarcation de fortune avait subi une avarie moteur", a expliqué le parquet. Le canot s'est "déchiré en mer", avec des passagers "pour la plupart" dépourvus de gilets de sauvetage.
L'alerte a été donnée vers 4h20 du matin par un navire de commerce qui a contacté le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) Gris Nez, d'après un communiqué de la Premar. Plusieurs navires se sont ensuite rendus sur zone. Un hélicoptère et un avion de surveillance maritime, entre autres, ont également été mobilisés.
Un disparu toujours recherché
38 personnes ont été rapatriées vers Calais et auditionnées. 23 autres ont été acheminées sur Douvres. Une demande d'entraide pénale internationale a "été adressée" aux autorités britanniques pour qu’elles soient auditionnées. La préfecture maritime (Premar) de la Manche et la mer du Nord recherchait également encore mercredi un potentiel disparu.
Malgré ce nouveau naufrage, le plus meurtrier depuis celui survenu en novembre 2021 au cours duquel au moins 27 migrants ont perdu la vie, les tentatives de traversées s'étaient poursuivies dans la nuit de mardi à mercredi.
Des traversées qui partent de plus en plus loin
Pour échapper aux contrôles des agents patrouilleurs autour des points de départs classiques, près de Calais, les traversées partent de plus en plus loin en faisant prendre de plus en plus de risques aux migrants. Mercredi 16 août, 25 migrants ont été secourus par la gendarmerie maritime au large du Touquet (Pas-de-Calais) a indiqué la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord. Les 25 migrants naufragés ont été déposés au port de Boulogne-sur-Mer. "Une fois à quai, les naufragés sont pris en charge par les pompiers et la police aux frontières."
D'après un décompte effectué par l'AFP, plus de 100 000 migrants ont traversé la Manche depuis le développement du phénomène des "small boats", en 2018, en réponse au verrouillage du port de Calais et du tunnel sous la Manche.
Depuis début 2023, environ 17 000 migrants sont arrivés dans le sud de l'Angleterre à bord de ces bateaux, souvent de simples pneumatiques.