La cérémonie d'hommage s'est déroulée vers 18 h 30 ce dimanche 13 août 2023, à Calais. Une centaine de personnes s'est rassemblée pour indiquer leur colère, leur lassitude et leur incompréhension concernant des drames "qui se répètent fatalement".
Silence et recueillement étaient de mise. Ce dimanche 13 août 2023, à Calais vers 18 h 30, les associations d'aide aux migrants avaient organisé une cérémonie d'hommage aux six Afghans décédés lors du tragique naufrage d'un navire de migrants ce week-end. Suivi d'une marche dans les rues calaisiennes, l'évènement rendait également hommage aux deux personnes qui n'ont pas pu être retrouvées lors des recherches ce samedi 12 août 2023.
Pour rappel, samedi matin, une embarcation avec à son bord une soixantaine de migrants a chaviré au large de Sangatte, commune proche de la ville de Calais. Malgré les moyens déployés par les secours français et britanniques, dont un hélicoptère et 7 navires, six personnes ont succombé à leurs blessures. Les recherches pour secourir deux personnes encore portées disparues ont finalement été suspendues à 21h30 le samedi soir.
Un sentiment d'impuissance
Bougies blanches allumées, pancartes peintes en grosses lettres noires, fresque indiquant le nom des migrants décédés lors de la traversée de la Manche... Pour Adèle Stouffs, coordinatrice Utopia 56 Calais : "C'est important de leur rendre hommage car ce sont souvent des personnes invisibilisées, oubliées de tous... On pense à ceux qui décèdent à la frontière franco-britannique en gardant leur trace."
C'est avec "colère et impuissance", que la coordinatrice s'est rendue à la cérémonie de Calais ce dimanche soir. "On est là depuis des années et on voit ces drames se répéter. Le fait que les décès s'accumulent et que les politiques n'œuvrent pas concrètement pour les empêcher... C'est ça qui nous désespère."
"Le littoral est devenu une prison"
Un "manque de réelle politique d'accueil" et un renforcement de la présence policière à la frontière qui, selon Adèle Stouffs, ne fait que reporter le problème. "Les personnes partent de plus loin, les traversées sont plus longues et plus dangereuses." Grillages et barbelés à Calais, barrages flottants en baie de Canche... "Le littoral est devenu une prison pour empêcher les migrants de traverser. Mais une frontière ne pourra jamais être fermée, c'est un espace poreux. Et pour l'instant les politiques en ont fait un espace mortifère."
En juillet 2023, près de 3 300 migrants ont rejoint les côtes anglaises sur ces bateaux de fortune. Ils étaient 3 683 en juillet 2022, soit une baisse de presque 10% enregistrée, alors que la météo était bien plus propice aux départs l'an passé.
Une tendance à la baisse que le gouvernement britannique lie à sa politique migratoire de plus en plus contestée. Notamment avec l'arrivée d'une barge, ou "bateau prison" selon ses opposants, à Portland dans le sud de l'Angleterre, qui doit accueillir les demandeurs d'asile arrivés sur le sol anglais. L'objectif ? Réduire les dépenses liées à l'accueil des migrants en entassant les personnes dans des dortoirs plutôt que dans des hôtels.
Réaction du Premier ministre britannique
Réagissant ce lundi 14 août à la "tragédie" qui s'est déroulée samedi, Rishi Sunak, le Premier ministre britannique, a pointé du doigt les "bandes" de passeurs et a réaffirmé sa volonté de "mettre fin aux arrivées illégales par cette voie très dangereuse." Son porte-parole a fait état d'un "rappel brutal de la dangerosité de ces passages et de l'importance vitale de démanteler ces bandes criminelles." Affirmant que le gouvernement devrait agir urgemment pour lutter contre ces traversées.
Le porte-parole de Rishi Sunak a également assuré que Londres collaborerait avec la France par "tous les leviers possibles" pour mettre un terme au passage illégal des migrants à travers la Manche.