Les inondations maintenant terminées, les propriétaires de maisons sinistrées dans le pas-de-Calais n’arrivent pas à se projeter : réparer les dégâts, rester ou vendre ? Au contexte morose du marché immobilier, s’ajoute le classement des ces maisons en zone rouge inondations. Pour le plus grand désespoir des habitants, déménager semble pour le moment difficile.
Avant même de penser à partir, il faut réparer les dégâts. À certains endroits, l’eau est montée à plus d’1m50 de hauteur, mettant hors d’usage tout l’électroménager et le réseau électrique des habitations. Les propriétaires des maisons de la vallée de l’Aa se résignent à réparer leur maison, en espérant la vendre à un prix correct dans quelques mois.
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Combien vaudront les maisons sinistrées demain ? La double peine pour les propriétaires sinistrés dans un marché déjà tendu.
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©France Télévisions
Coincés en zone sinistrée
Pour les maisons les plus sinistrées, l’addition des réparations est salée. À Blendecques, Vincent Maquignon estime qu’il faudra débourser 100 000 € pour remettre sa maison en l’état. Traumatisé par l’inondation, il souhaite déménager au plus vite. Comme d’autres propriétaires, la réalité du marché immobilier le rattrape "Si on retape après on partira, dans tous les cas on perdra de l’argent, le prix de la maison a déjà baissé de 50%", se désole Vincent. Pourtant, quand ce père de famille a acheté sa maison il y a 20 ans, elle n’était pas classée en zone inondable. Aujourd’hui, il affirme avec regret que la protection du quartier contre le risque de crue est "impossible" et qu’il partira vivre dans un endroit "plus sécurisé" après les travaux.
"On ne peut pas vivre en permanence dans la crainte d’être inondé"
Frank Darras, habitant de Wavran
Quinze kilomètres plus loin dans la ville Wavran, le constat est le même pour Franck et Christine Darras : "On ne peut pas vivre en permanence dans la crainte d’être inondé" mais vendre maintenant la maison leur ferait perdre trop d’argent. Le couple de retraités attendra 3-4 ans, le temps de tout réparer et que le marché immobilier dans la vallée de l’Aa reprenne. Ils espèrent qu'avec le temps, la méfiance des acquéreurs face au risque d’inondations se dissipera.
La reprise imprévisible du marché immobilier
Sur un marché immobilier déjà tendu, les inondations ont mis à l'arrêt les procédures de vente locales. Trois jours avant le début de la catastrophe, Marie-Pierre Callens et Serge Delerue ont signé un compromis de vente pour une maison à Wavran. Ils se sont depuis rétractés et remettent en question leur projet d’acheter dans la commune. "La météo est de plus en plus capricieuse et excessive qu’est ce qui nous garantit que ces phénomènes n’arriveront pas plus souvent ?" s’interroge Serge Delerue.
Si l'inondation de 2002 n’a provoqué qu’un ralentissement temporaire des ventes de maisons, les professionnels de l’immobilier ont aujourd’hui des raisons de s’inquiéter. "Quand on nous appelle, on nous demande d’abord si le bien mis en vente n’a pas été inondé", constate aujourd’hui Éric Desrumaux de l’agence Duhamel, à Boulogne-sur-Mer dans La Voix du Nord.
Les images catastrophiques diffusées ces dernières semaines ont marqué les esprits, reste à savoir pour combien de temps elles dissuaderont de potentiels acquéreurs d’acheter dans la vallée de l’Aa.
Avec Laurent Navez et Jean-Marc Vasco / FTV