Jeudi 30 mars, Emmanuel Macron a présenté un plan de lutte contre les fuites critiques dans les réseaux de distribution d'eau de 170 communes, quatre d'entre elles se trouvent dans notre région. Ces fuites causent la perte de plus d'un litre d'eau sur deux.
En France en moyenne, un litre d'eau sur cinq est perdu en raison des fuites, "inacceptable", a déclaré le président de la République Emmanuel Macron lors d'un déplacement à Savines-le-Lac (Hautes-Alpes) jeudi 30 mars. Le gouvernement veut résorber les fuites d'eau des réseaux de distribution où les taux de fuites sont supérieurs à 50%, soit un litre sur deux.
Noyer-Saint-Martin dans le nord de l’Oise, Quesnoy-sur-Airaines dans la Somme, la communauté d’agglomération de Soissons dans l’Aisne et Foufflin-Ricametz dans le Pas-de-Calais. Ces quatre communes et intercommunalités font partie des territoires identifiés comme prioritaires, appelées "points noirs".
Le plan prévoit un accompagnement financier pour les territoires où les pertes sont de plus d'un litre sur deux. Le gouvernement entend débloquer une enveloppe de 180 millions d'euros, renouvelée chaque année. L'objectif est de "faire le maximum avant l'été et accélérer les travaux", a promis Emmanuel Macron.
Outre le plan de lutte contre ces fuites critiques, Emmanuel Macron a développé différents axes de son plan, qui contient 53 mesures. Parmi elles, la mise en place d'un eco watt de l'eau, qui montre la consommation en temps réel, la récupération de l'eau de pluie avec un objectif : passer de 1% de l'eau de pluie récupérée à 10% d'ici 2030, mais aussi une aide de 30 millions d'euros aux agriculteurs pour des "systèmes intelligents" d'utilisation d'eau.
Exemple à Foufflin-Ricametz
L'une des communes concernées par ces pertes d'eau est Foufflin-Ricametz, située dans le Pas-de-Calais, à quelques kilomètres de Saint-Pol-sur-Ternoise.
Philippe de Plasse, maire depuis 2014 et président du syndicat des eaux de sa commune depuis 2020, estime que cette situation est due à une vétusté des canalisations, dont il a hérité des précédents mandats. "J'ai tout découvert en 2020, on a 5,5 km de canalisations vieilles de 90 ans, alors l'eau est pleine de nitrate, il y a des fuites et en plus, on n'a pas de pression, c'est la triple peine", déplore-t-il.
Chaque année, seuls 22 000 m3 d'eau sont utilisés dans la commune, dont la moitié par les agriculteurs sur les 66 000 m3 pompés dans les nappes phréatiques, soit une perte de 44 000 m3 par an, l'équivalent de 18 piscines olympiques. La rentabilité du réseau d'eau s'établit donc à 36%.
L'édile indique que l'eau est une préoccupation depuis plusieurs années dans sa commune, "on a pris contact avec l'agence de l'eau, l'ARS et la préfecture, on a fait un plan, puis on est parti sur un projet pour régler le problème de fuites, tout cela coûte 400 000 euros". Des travaux ont démarré en février 2023 à Foufflin-Ricametz pour refaire 800 mètres de canalisations sur les 5,5 km qui la traversent.
Concernant le plan eau dévoilé par le Président de la République, Philippe de Plasse reste prudent : "c'est bien ce qu'il propose, mais tout cela ne va pas se régler en cinq minutes (...) avec tous ces travaux, si on est les plus mauvais aujourd'hui au niveau de l'eau, j'espère qu'on sera les meilleurs en 2024", complète-t-il.