Dans les cressonnières, le niveau des nappes phréatiques est scruté attentivement. Dans l'Oise, les situations sont variables : certains subissent le manque de pluie, d'autres le redoutent seulement.
Cela fait cinq mois que Sandrine Jouannin, cressicultrice à Baron (Oise), n'a rien produit. Une perte qu'elle estime à environ 6000 euros.
"Il nous manque environ 50 centimètres d'eau. Il y a un tout petit peu d'eau de la source mais pas assez pour nourrir les bassins et faire en sorte que le cresson ne gèle pas. Conséquence : le cresson est au ras du sol, il n'a pas poussé", déplore celle qui a repris l'exploitation il y a trois ans, dans son village d'enfance.
La Picarde explique avoir remarqué une baisse du niveau de la source qui alimente ses cultures, dès l'été dernier. "J'ai contacté l'ancien cressiculteur, il m'a dit qu'il n'avait jamais vu ça !"
Je suis déçue car c'est énormément de travail. Surtout, je suis inquiète pour la nature et notre planète. Préserver l'eau, c'est la priorité aujourd'hui.
Sandrine JouaninCressicultrice
En fonction de la pluie des prochaines semaines, Sandrine Jouanin avisera pour ses cultures. "On va nettoyer un peu et on verra s'il y a de la pluie d'ici cet été. Si oui, on sèmera à nouveau en juillet pour une récolte en septembre."
Sandrine Jouanin s'est confiée à nos confrères de France 2. Retrouvez ci-dessous le reportage diffusé mardi 14 mars.
Des pluies attendues et souhaitées
"Les nappes ont baissé entre 2 et 2,5 mètres", confirme José Lenzi, troisième génération d’une cressonnière située à Bresles, à côté de Beauvais. Aujourd’hui à la retraite, le Picard ne s’occupe plus que de huit fosses et, pour le moment, l’eau en provenance de son puits artésien est encore suffisante.
Mais il guette tout de même ses relevés de pluie.
Sur les trois mois de l’année, on a pour l’instant eu environ 70 millimètres de pluie. L’an dernier, à la même période, il y avait au moins 250 millimètres. Donc si on n’a pas d’eau avant fin avril, là on va pas être bien.
José LenziCressonnier
Troisième génération de la cressonnière, le Picard se dit pour l’heure simplement "inquiet" : "J’ai connu une situation vraiment critique en 1976. Là, on avait été obligé de fermer des fosses pour en alimenter d’autres."
Preuve que d'une nappe phréatique à l'autre, les situations évoluent grandement : à une quarantaine de kilomètres de là, à Houdancourt (Oise), Yannick Vassant ne connait quant à lui aucun problème d'eau. "On a 200 mètres cubes à l'heure", précise-t-il.
Une situation inégale
Mêmes échos dans le Pas-de-Calais. "On ne constate aucun impact sur nos cultures. Les niveaux n'ont pas baissé de façon significative", affirme Bertrand Bouclet, producteur de cresson à Lillers et Aire-sur-la-Lys.
Pour cause : les exploitations sont souvent installées judicieusement. "On est, en gros, prêt du robinet", sourit Sébastien Simian. D'après le président de la Fédération nationale des cressiculteurs, le problème actuel de la filière se trouve surtout au niveau des ventes : "On a du mal à renouveler les consommateurs alors que c'est un petit trésor, rempli de vitamines et d'anti-oxydants, qui ne demande qu'à se re-développer."
Aujourd'hui, en France, il ne reste qu'une cinquantaine d'exploitants vivant pleinement du cresson.