Il y a un an, le maire d'Enquin-sur-Baillons dans le Pas-de-Calais lançait un appel pour que l'une des dernières cressonnières de sa commune ne reste pas à l'abandon. L'appel a été entendu : c'est une association d'insertion qui s'occupe désormais du site. En novembre dernier, les premières bottes de cresson ont été récoltées.
Pierre-André Leleu est un homme heureux. Le maire d'Enquin-sur-Baillons, petite commune dans la vallée de la Course près d'Hucqueliers dans le Pas-de-Calais, a réussi à sauver de l'abandon l'une des dernières cressonnières du village, après un appel lancé dans les médias il y a un an.
Aujourd'hui, la cressonnière produit à nouveau ses petites feuilles vertes. Et c'est du bio ! C'est l'association d'insertion Cré'Actif basée à Saint-Martin-Boulogne, déjà impliquée dans le maraichage bio, qui a été choisie parmi 25 candidatures pour gérer le site. Elle bénéficie pendant deux ans d'une réduction de 40% sur la location du terrain.
"On a déjà de notre côté quelques hectares de maraichage et là, on vient sur un nouveau territoire et une nouvelle culture, explique Loïc Cheuva, directeur de l'association. Le cresson est une culture d'hiver qui vient équilibrer notre activité tout au long de l'année. Lorsque les autres champs se vident en novembre, ça permet de remobiliser nos salariés sur d'autres cultures."
Une culture, les pieds dans l'eau
Pour remettre en état ce patrimoine local : 5000 m2 de cressonnière en bio, il a fallu tout apprendre de A à Z avec d'anciens cressiculteurs : refaire des bassins en pierre de silex pour que l'eau de source du Baillons baigne en permanence la culture, trouver et planter les semences. Ainsi, depuis la fin du mois de novembre, les salariés en insertion de l'association récoltent deux fois par semaine la fameuse plante verte. Ciseaux à la main, les pieds et les mains dans l'eau ils coupent le cresson.
"On cueille avec la racine, on ne garde que les feuilles avec les tiges et on laisse la partie avec les racines dans l'eau et ça va reprendre... Au bout de trois à quatre semaines, de nouveaux bouquet vont émerger", indique Mickaël Caton, formateur à l'association.
De la botte à la soupe
10.000 bottes de cresson devraient être produites pour cette première récolte, mais l'association table sur 20.000 à 40.000 bottes pour les années à venir. La production est vendue en circuit court dans les commerces locaux.
L'association la transforme aussi en soupe dans ses ateliers de Saint-Martin-Boulogne. Chaque semaine, une centaine de litres est élaborée sur place et distribuée dans les magasins bio.
Et bientôt un festival du cresson !
Fier de son patrimoine local retrouvé, Le maire d'Enquin-sur-Baillons se fait désormais le VRP du cresson de sa commune. Il établit de nombreux contacts avec des restaurateurs régionaux pour qu'ils valorisent le produit dans leurs cartes.
Il espère même lancer au printemps prochain le premier festival du cresson d'Enquin-sur-Baillons.