Pollution de l'usine Synthexim : la CGT alerte sur les risques, des élus s'emparent du dossier

L'évacuation de polluants du site classé Seveso seuil haut, à Calais, a débuté selon la préfecture. Mais l'avancée est trop lente et le manque d'informations sur les produits identifiés inquiète.

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Le début du processus de sécurisation de l'usine Synthexim à Calais, classée Seveso seuil haut, fermée depuis mai dernier, ne rassure pas grand monde. Beaucoup de questions demeurent. Combien de tonnes restent à évacuer ? Les polluants sont-ils tous identifiés ? Le site est-il assez sécurisé contre les intrusions ?

La dépollution a bien débuté selon la préfecture du Pas-de-Calais, qui dresse un premier bilan de son avancée dans un communiqué daté du 9 octobre. Elle indique notamment que "tous les produits de la famille des amphétamines ont été retirés". Que le retrait du brome "devrait avoir lieu dans les prochaines semaines". Et pour le cyanure, que des "échanges sont en cours [...] avec des prestataires" pour le retirer.

Peu d'informations sur l'évacuation de produits

Mais cet état des lieux ne semble pas rassurer pour autant. Le syndicat CGT a tenu une conférence de presse ce lundi 30 octobre pour faire part de son inquiétude. Et dénonce une communication "laconique" de la part du préfet. "Il y a un tas de questions et forcément de la suspicion."

"Il reste 1.800 tonnes de solvants acides encore sur le site, et pour certains, non étiquetés. Mais ils sont forcément toxiques et dangereux, puisque l'usine est classée Seveso seuil haut."

Eric Lhirondelle, Unoin locale CGT Calais

Selon le syndicat, 1900 tonnes de déchets chimiques sont hébergées sur le site industriel (dont 69 tonnes de cyanure, 386 kg de brome et 15 tonnes d'amphétamines) Difficile de savoir quelle quantité, pour l'heure, a déjà été évacuée. "On n'a pas les chiffres exacts, on sait seulement que des produits sont sortis de l'usine, explique Eric Lhirondelle de l'Union locale de Calais. Ce qui est d'ordre à nous inquiéter."

Deux accidents en août déjà

Deux accidents - avec des dégagements de fumée - ont déjà été signalés en août dernier, illustrant le potentiel danger de cette usine. La maire de la commune, Natacha Bouchard, avait d'ailleurs déposé une plainte contre X dans cette affaire, afin de demander des explications sur les raisons du placement en liquidation de l'entreprise en mai dernier, laissant près de 100 salariés sur le carreau. Et la non prise en charge de sécurisation du site par cette dernière.

Pour la CGT, les risques d'accident sont toujours d'actualité. "Il reste 1.800 tonnes de solvants acides encore sur le site, et pour certains, non étiquetés. Mais ils sont forcément toxiques et dangereux, puisque l'usine est classée Seveso seuil haut", assure Eric Lhirondelle. D'après lui, la météo et les pluies à venir pourraient provoquer des réactions dangereuses avec les agents chimiques encore présents sur les lieux. "Cela pourrait être explosif."

"Que l'État mette la main à la poche pour aller plus vite"

Trois parlementaires du Pas-de-Calais - la sénatrice Cathy Apourceau-Poly (PCF), les députés Pierre-Henri Dumont (LR) et Fabien Roussel (PCF) - se sont emparés du dossier Synthexim. "J'ai envoyé un courrier à M.Béchu (ministre de la transition écologique NDLR), fait savoir la sénatrice. Car il faut que l’État mette la main à la poche pour aller plus vite. On ne peut pas laisser les riverains comme ça. Cela peut créer une psychose."

Cathy Apourceau-Poly pointe du doigt également le dispositif de sécurité du site, jugé trop léger. "Le site est aujourd'hui gardienné par une entreprise locale de sécurité qui n'est pas compétente en la matière, assure-t-elle. On a l'impression que c'est un site Seveso sécurisé comme un parking de supermarché."

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