Fermeture de l’usine Seveso Synthexim : 3 questions à la maire de Calais, qui porte plainte contre X

Placée en liquidation judiciaire en mai 2023, l'usine Synthexim de Calais est fermée mais héberge encore des produits dangereux. La maire de Calais estime qu'il y a urgence et a déposé une plainte contre X.

Le feuilleton a débuté en mai dernier, lorsque l’usine pharmaceutique basée à Calais a été placée en liquidation judiciaire par le tribunal d’Orléans. Les 104 salariés ont peu à peu cessé leur activité, le site est aujourd’hui désaffecté.

Classée Seveso seuil haut, comprendre qu’il existe un risque d’accident majeur, l’usine Synthexim demeure néanmois surveillée car il reste des produits dangereux à l’intérieur qui n’ont pas encore été évacués. "La mise en sécurité (du site industriel) n’a pas été réalisée par l’entreprise, en méconnaissance du Code de l’environnement", indiquait alors la préfecture du Pas-de-Calais, qui avait sommé l’entreprise d’agir dans un délai d’un mois via un arrêté de mise en demeure en date du 23 juin. Mais faute de trésorerie, rien n’a été fait.

Durant le mois d’août 2023, deux incidents ont renforcé les craintes des riverains. Des dégagements de fumée émanant du site ont été observés par les riverains, inquiets face au danger.

Au début du mois de septembre, la préfecture du Pas-de-Calais a organisé une réunion d’informations destinée aux riverains. Réunion à laquelle Natacha Bouchart, maire de Calais, n’a pas souhaité participer. Jeudi 14 septembre 2023, la première édile de la ville a annoncé avoir porté plainte contre X dans ce dossier.

France 3 Hauts-de-France : Vous déposez plainte contre X. Pourquoi ?

Natacha Bouchart, maire de Calais : "J’ai décidé de déposer plainte contre X, ce qui permet d’ouvrir éventuellement une enquête sur les circonstances et les causes qui ont abouti à la fermeture du site. C’est un site qui aurait dû être en pleine expansion économique et je considère qu’il y a eu des fautes multiples qui ont fait que ce site a dû fermer.

Je m’interroge d’abord sur la partie réglementaire. Depuis 15 ans, le site a dû être contrôlé en principe par les services de l’État. Ils ont dû voir qu’il y avait des dysfonctionnements, ils ont peut-être fait des remarques mais ne sont pas allés jusqu’au bout et ont laissé faire, sur un site hautement protégé, sécurisé et sensible.

Il y a eu plus de 10 millions d’euros de subventions. Où sont-il allés ?

Natacha Bouchart, maire de Calais

Je m’interroge également sur les subventions versées au groupe. Où sont-elles allées ? Il y a eu plus de 10 millions d’euros de subventions. Cet argent est-il bien parti à l’entreprise calaisienne ou dans une autre entreprise, faisant s’éteindre à petit feu Synthexim à Calais ?

Je m’interroge enfin sur la responsabilité de la direction. Direction avec qui nous avons toujours eu des échanges très compliqués. Ils doivent d’ailleurs deux millions d’euros à l’agglomération".

L’usine, aujourd’hui désaffectée, est toujours classée Seveso seuil haut. C’est-à-dire qu’elle présente des risques d’accidents majeurs.

"On ne sait pas ce qu’il y a comme produits à l’intérieur. C’est grave. Ça met en insécurité pas seulement les riverains mais toute une collectivité. On sait que l’état a sommé l’entreprise de sortir les produits les plus dangereux sous 15 jours. Ça n’a pas été fait. Depuis, que se passe-t-il ?

J’ai cru comprendre qu’il manquait 800 000 ou 1 million d’euros, mais ça n’est pas notre problème. C’est de la sécurité publique".

Il y a eu deux incidents au mois d’août, les riverains expriment leur crainte. Que pouvez-vous leur répondre ?

"Je peux leur dire qu’on met tout en œuvre pour pouvoir les protéger, le plus tôt possible.

On est obligés de rester en contact avec les services de l’Etat. Il faut impérativement qu’ils puissent trouver les financements et qu’ils arrêtent d’attendre pour nous mettre en sécurité. Il y a urgence".

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