"Tu m'appartiens (...) Le jour où tu me quittes, je te crève" : Jonathan Boillet a été condamné vendredi 8 mars 2024, à 30 ans de prison, dont une peine de sûreté de 20 ans, pour le féminicide de sa compagne Sandy Cucheval, brûlée vive en 2020, après l'avoir aspergée d'essence.
Déjà condamné à huit reprises par le passé, dont quatre fois pour des violences sur une précédente compagne, la mère de ses enfants, l'homme était sorti de prison le 29 juin 2020. Il faisait l'objet d'un suivi socio-judiciaire au moment des faits, en novembre 2020. Jonathan Boillet était alors en couple depuis trois mois avec Sandy Cucheval.
Au terme de quatre jours de procès devant les assises du Pas-de-Calais, Jonathan Boillet a été reconnu coupable du meurtre de sa compagne Sandy Cucheval, et condamné à 30 ans de prison assortis de 20 ans de sûreté. Un verdict prononcé ce vendredi 8 mars 2024, qui suit les réquisitions de l'avocat général.
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Les peines prononcées par la cour d'Assises du Pas-de-Calais sont conformes aux réquisitions du parquet, tout comme le suivi socio-judiciaire auquel sera soumis pendant dix ans Jonathan Boillet à l'issue de son incarcération, et une obligation de soins pour lutter contre ses addictions à l'alcool et au cannabis.
Au troisième jour de son procès, Jonathan Boillet a avoué avoir aspergé d'essence son ancienne compagne Sandy Cucheval le 10 novembre 2020. Il soutenait jusque-là la thèse de l'accident. La famille de la victime attendait ces aveux.
Accueilli dans le calme, le verdict ne satisfait pas entièrement la famille de la victime. "Trente ans, c'est bien, mais ça ne fera pas revivre Sandy", regrette sa mère.
Il va faire sa petite vie en prison et nous, il nous reste nos yeux pour pleurer
Gilberte Kuhfeld, mère de Sandy
"Il va faire sa petite vie en prison et nous, il nous reste nos yeux pour pleurer."
"Je vois mes petits enfants dévastés. Tout à l'heure, j'ai entendu l'avocat de l'accusé dire qu'il ne fallait pas le condamner trop longtemps car ses enfants ont besoin de lui, en sachant que moi, mes petits-enfants reverront jamais leur mère !" a réagi Pascale Dalibon, ex-belle-mère de Sandy et grand-mère des enfants de Sandy.
Mes petits-enfants reverront jamais leur mère !
Pascale Dalibon, ex-belle-mère de Sandy
Sur la peine de 30 ans de prison : "en France on dit perpétuité, pour nous ça veut dire 'à vie', mais en réalité cela n'existe pas. Qu'on enlève ce mot 'la perpet' ! Qu'est-ce que vous voulez que je leur dise à mes petits-enfants ? Que leur mère va revenir demain. C'est pas vrai. Lui, dans 16 ans il est dehors et il retrouvera ses enfants".
D'être enfermé pour toujours cela ne nous ramènera pas notre mère donc ça ne change rien pour moi.
Mary, fille de la victime
Je ressens "beaucoup de tristesse et toujours autant de colère car cela ne change rien : d'être enfermé pour toujours cela ne nous ramènera pas notre mère donc ça ne change rien pour moi. J'espère que tout ça va quand même permettre de me reconstruire car j'attends un petit bonheur donc, faut que je pense à lui", a, quant à elle, exprimé la fille de Sandy, Mary Vantours.
L'avocate de Jonathan Boillet, Me Anne-Céline Lemonnier, a estimé à propos de la peine : "C'est lourd, c'est une lourde peine mais c'est une peine juste". L'injonction de soins pendant 10 ans ? "C'est important car cela va permettre le suivi de ce qui a été déjà mis en place et d'être cadré pour qu'il n'y ait pas de rechute et éviter un risque de récidive.
J'avais émis le souhait qu'il n'y ait pas de perpétuité dans ce dossier, donc je suis satisfaite
Me Anne-Céline Lemonnier , avocate
J'avais émis le souhait qu'il n'y ait pas de perpétuité dans ce dossier, donc je suis satisfaite".
En moyenne, un féminicide survient tous les trois jours en France. Le ministère de la Justice a dénombré 94 féminicides en 2023.
Avec Martin Vanlaton et Sergio Rosenstrauch / FTV