Au troisième jour de son procès, Jonathan Boillet a avoué avoir aspergé d'essence son ancienne compagne Sandy Cucheval le 10 novembre 2020. Il soutenait jusque-là la thèse de l'accident.
"C'est bien moi qui l'ai arrosée d'essence. On ne peut pas dire le contraire", les mots de Jonathan Boillet sont sans équivoque. Ce jeudi 7 mars après-midi, devant les assises du Pas-de-Calais, il vient d'avouer avoir aspergé d'essence Sandy Cucheval la nuit du 10 au 11 novembre 2020, à Bully-les-Mines (62). La mère de la victime et ses trois enfants, assis au premier rang, fondent en larmes. Depuis le début du procès, tous le suppliaient de passer aux aveux.
Un long travail des parties civiles et des experts
C'est le résultat d'un long travail des parties civiles et des experts, et les supplications de la famille d'avoir enfin la vérité. La matinée avait été consacrée aux témoignages des proches de la victime : sa mère, ainsi que trois de ses quatre enfants. La plus jeune ne s'est pas rendue au procès. Sa mère témoigne : "C'est une souffrance que je ne souhaite même pas à mon pire ennemi. Ça fait trois ans que je vis dans l'enfer". Au-delà de l'horreur elle se souvient d'une "fille merveilleuse. C'était mon rayon de soleil. J'étais très fière de ma fille et aujourd'hui il ne reste plus rien, qu'un tas de cendres. Qu'il dise la vérité, qu'il arrête de mentir."
Avant d'entendre les enfants, l'expert psychiatre partage ses conclusions. Le procès et les témoignages peuvent avoir un effet "déclencheur", pousser l'intéressé à avouer ce qu'il s'est passé.
D'après les experts il n'y a pas photo, c'est bien moi
Jonathan Boillet
Barbe et cheveux courts, réponses succinctes, mots presque inaudibles, l'accusé défend depuis le premier jour la thèse de l'accident. Ce soir-là, un bidon d'essence se trouvait à l'arrière du véhicule. Jonathan Boillet soutient s'être allumé une cigarette, qui provoquera selon lui l'explosion du bidon.
Après une suspension de séance, la Présidente l'interroge. Soutient-il toujours la thèse de l'accident ? C'est à ce moment que Jonathan Boillet craque. Face aux preuves avancées à la cour, l'homme reconnaît que tout mène à sa culpabilité. "J’ai toujours essayé de créer des hypothèses parce ce que je ne me croyais pas capable de faire ça. D’après les experts il n'y a pas photo c’est bien moi." Une vague de soulagement se fait alors sentir dans les rangs des parties civiles. Quelques personnes sortent de la salle en pleurs. La famille de Sandy Cucheval pleure elle aussi.
L'amnésie peu crédible
S'il avoue avoir aspergé Sandy Cucheval d'essence, Boillet peine à expliquer ce qu'il s'est passé dans la voiture. Une dispute? Aucun souvenir. La raison de l'achat du bidon d'essence l'après-midi même du drame? Il ne s'en souvient pas non plus, tout juste concède-t-il que ce n'était pas pour alimenter sa débroussailleuse, comme il le soutenait depuis le début. "Je n'essaie pas de jouer le gars qui ne se souvient pas, c'est l'explosion qui m'a réveillé. Avant, j'ai eu un black-out". Une thèse de l'amnésie qui ne parvient pas à convaincre la cour.
Alors la Présidente reprend le fil : alors qu'elle était encore consciente, juste après les faits, Sandy Cucheval le désigne sans ambiguïté aux secours : "il a voulu me tuer, il m'a aspergée d'essence et il a mis le feu avec un briquet". La présidente interroge alors l'intéressé : "que répondez-vous à cela?". "C'est ce qui a dû se passer avant l'explosion" répond l'accusé. Pas à pas, la Présidente le pousse dans ses derniers retranchements. "Il est possible que vous l'ayez aspergée d'essence et mis le feu?". "On n'était qu'à deux dans la voiture, donc oui," admet Boillet.
Quatre jour de procès aux assises
Depuis ce mardi 5 mars, Jonathan Boillet doit répondre de meurtre par conjoint devant la cour d'assises de Saint-Omer. Sandy Cucheval avait 33 ans et était mère de quatre enfants. Elle voulait quitter son compagnon. Sa vie bascule dans la nuit du 10 au 11 novembre 2020 à Bully-les-Mines. Après une dispute avec son ancien compagnon dans la voiture, Sandy Cucheval sort du véhicule, en flammes. Transportée au centre des grands brûlés du CHU de Lille, elle décédera sept jours plus tard.
Vendredi 8 mars, la cour d'assises du Pas-de-Calais rendra son verdict. Jonathan Boillet risque la réclusion criminelle à perpétuité.