Reproduire à l'identique Mathurin, le célèbre automate qui sonnait depuis 350 ans les heures à la porte du bas de la rue de Dunkerque, est la mission de Gery Buissart. Une idée qui a été lancée en 2015. Aujourd'hui le sculpteur peaufine les finitions de la statue.
Avec ses ciseaux, Gery Buissart taille avec précision dans le bois de tilleul. Depuis huit mois, durant cinq heures par jour, le sculpteur n'a plus qu'une seule mission : faire renaître Mathurin, l'automate, véritable emblème de Saint-Omer. Et cette tâche n'est pas toujours facile pour le sculpteur : "Créer c'est relativement aisé, facile même, mais reproduire c'est vraiment autre chose ! Il faut tout faire pour que ça soit au plus proche de l'oeuvre originale. On a très peu de documents sur cette fameuse statue, ce qui ne facilite pas les choses. Reproduire un visage à l'identique et lui redonner l'expression exacte, c'est compliqué mais c'est en même temps le travail d'artiste".
Mathurin et le campanile bombardés en 1940
Mathurin et le campanile sur lequel la statue était perchée ont été battis en 1590 à Saint Omer. Bombardés lors de la Seconde Guerre Mondiale, les restes de l'édifice furent rasés en 1963. La sculpture a été retrouvée en très mauvais état. Elle est conservée aujourd'hui à l'abri des regards dans le musée Sandelin de la commune. Mathurin a été une perte pour la ville à l'époque. Il était celui qui frappait les heures sur la cloche du campanile pendant près de trois cent cinquante ans : "Très peu de monde avait l'heure, c'était rare à l'époque. Grâce à l'automate on connaissait l'heure à la ville mais également à la campagne pour ceux qui travaillaient aux champs". Le jacquemart qui mesure 1,30 mètres de long et pèse 120 kg représentait aussi la richesse de Saint-Omer: "Mathurin c'était l'emblème de la ville, la prospérité, l'image de la richesse. Il était très bien habillé, c'est pour ça qu'il porte le chapeau haut de forme, la redingote rouge, les boutons dorés et puis bien évidemment les souliers vernis".
Gardien du temps, le jacquemart était aussi le gardien de la porte d'Eau du Haut-Pont, l'entrée de Saint Omer à l'époque. Pour le sculpteur et la société des Antiquaires de la Morinie à l'origine de ce projet, redonner vie à Mathurin est une évidence. Il est un peu la mascotte audomaroise qui attend de retrouver sa place dans la cité : "Paris a son Titi, Bruxelles son Manneken-Pis et bien nous on a notre Mathurin" explique Gery Buissart.
Le sculpteur et la société des Antiquaires de la Morinie sont en pourparlers avec la mairie de Saint-Omer pour savoir où Mathurin sera installé dans la ville.
Voici le reportage réalisé par Kanwaljit Singh et Jean-Christophe Raczy