L'hôtel des ventes de Saint-Omer a pris le pas du numérique. Un moyen de se renouveler et d'attirer un nouveau public, lors de ventes aux enchères 100% en ligne.
Plus la peine de patienter des heures dans les hôtels des ventes avant que son lot soit finalement mis aux enchères, désormais les mises se font en ligne. Des plateformes comme Interenchères, Drouot ou Actie's fleurissent sur internet avec une offre prometteuse : assister à des ventes aux enchères depuis chez soi, en quelques clics.
Sur ces sites, il n'est pas permis à n'importe qui de mettre en vente ses objets. Ce sont les hôtels des ventes qui y publient leurs catalogues. En ouvrant ainsi leurs ventes aux enchères à quiconque serait intéressé, plus la peine de se déplacer. Ce pas vers le numérique, l'hôtel des ventes de Saint-Omer l'a pris dans les années 2010.
Moderniser les ventes aux enchères
"À l'époque, les gens étaient en salle, prenaient des ordres d'achat et les ventes se faisaient sur site, se rappelle Hadrien Fourquet, gérant expert à l'hôtel des ventes de Saint-Omer. "Quand je suis arrivé à l'hôtel des ventes, j'ai eu l'idée de passer au 2.0, on a supprimé les ventes hebdomadaires du lundi pour aller chercher un public plus large sur internet."
L'avantage d'internet, c'est qu'avant on touchait un public de la ville ou de l'Audomarois, maintenant on passe à des acheteurs nationaux et internationaux.
Hadrien FourquetGérant expert à l'hôtel des ventes de Saint-Omer
Sur Interenchères, site internet spécialisé dans les ventes aux enchères, l'hôtel des ventes de Saint-Omer poste régulièrement des catalogues d'objets qui seront bientôt mis aux enchères. "L'avantage d'internet, c'est qu'avant on touchait un public de la ville ou de l'Audomarois, maintenant on passe à des acheteurs nationaux et internationaux." Pour les acquéreurs les plus attachés à l'hôtel des ventes de Saint-Omer, les objets sont toujours exposés.
Ce qui a changé la donne pour les enchères en ligne, c'est la pandémie. "Tout le monde était bloqué chez soi, on a continué à travailler en ligne, on ne faisait que des ventes par internet et le système s'est démocratisé".
Un effet de mode ?
S'établir sur le net, c'est aussi rendre les ventes aux enchères plus accessibles. "On a des nouveaux acheteurs qui sont plus jeunes. La jeune génération a tout de suite pris le pas", raconte le gérant expert. Entre émission TV spécialisée et streams sur Twitch, les enchères s'ouvrent à une toute nouvelle génération. En octobre 2023, le streamer "Amine m'a tué" avait organisé une vente aux enchères caritative à destination des victimes du séisme du Maroc, en live sur Twitch et Interenchères. Il avait récolté plus de 100 000 euros pour les victimes.
VENTES AUX ENCHÈRES CARITATIVES EN LIVE SUR TWITCH DEMAIN 20H
— Amine 😞🌧 (@AmineMaTue) October 5, 2023
Enfin c’est bon c’est prêt soyez là il y aura des lots de zinzin de personnes très aléatoires mdrr c’est un truc de fou 😀 (vous reconnaissez certains ?) https://t.co/it8dUNDJfA pic.twitter.com/85P4EFxhDr
Mais Hadrien Fourquet est plus mitigé quant à un possible "effet de mode". "Les salles de vente existent depuis au moins mille ans. Internet a remis en lumière les enchères, de nouveaux mécanismes. Mais est-ce que l'effet de mode va perdurer ? Malheureusement je ne suis pas devin."
Les chiffres, eux, sont formels : il y a toujours plus de ventes aux enchères en ligne. En 2022, la plateforme en ligne Interenchères a cumulé 550 millions d'euros de produits vendus. En 2023, elle en totalise 21% de plus, soit 678 millions d'euros. De même pour le nombre de ventes réalisées qui augmentent de 20% par rapport à 2022, avec 13 291 ventes retransmises en 2023.
En travaillant à l'hôtel des ventes de Saint-Omer, Hadrien Fourquet a repris l'affaire de son père, ancien commissaire-priseur. En s'exportant sur internet, il a réussi à multiplier par trois le chiffre d'affaires de son père à l'époque. "On a augmenté le nombre de ventes, on vend plus et les gens déposent plus d'objets. Grâce à l'héritage que mon père a laissé, les gens ont une très grande confiance dans notre hôtel des ventes".
Un nouveau souffle pour les hôtels des ventes de province
"La grosse différence, c'est que maintenant, on n'est plus obligé d'aller dans les grandes places. Si on sort un Van Gogh ou un Rembrandt, on ne sera pas obligé d'aller faire la vente à Paris", explique Hadrien Fourquet.
Éviter des déplacements dans la capitale, c'est aussi réaliser des économies car "en province, les charges sont moindres" précise-t-il. Ce virage du numérique, Saint-Omer n'est pas la seule à l'avoir prise, "on voit que tout le monde s'y met."