L'empoisonneuse de la Saint-Valentin, accusée d'avoir tué son compagnon, devant les assises du Pas-de-Calais

Jennifer D. est accusée d'avoir empoisonné et étouffé son compagnon et père de ses deux filles le 14 février 2018 à Nœux-lès-Auxi. Le procès de cette jeune femme, aujourd'hui âgée de 30 ans, s'ouvre ce mardi 28 février 2023 devant les assises du Pas-de-Calais.

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Dimanche 26 février 2023, Jennifer D. a fêté son trentième anniversaire derrière les barreaux de la maison d’arrêt de Sequedin (Nord). Originaire du Pas-de-Calais, cette mère de famille de deux jeunes filles aujourd’hui confiées à l’Aide Sociale à l’Enfance a été placée en détention provisoire il y a cinq ans.

Elle est accusée d’avoir empoisonné et étouffé son compagnon, Bruno Benedit, dans la nuit du 13 au 14 février 2018.

Des médicaments dans du Porto

Ce soir-là, les deux filles du couple âgées de 7 mois et 2 ans et demi ont été couchées à l’étage de la petite maison du couple, située à Nœux-lès-Auxi, village frontalier du Pas-de-Calais et de la Somme. 

Jennifer est ensuite descendue avant qu’une dispute n’éclate vers 22 heures. La mère de famille a saisi une flasque de Porto qu’elle avait achetée dans l’après-midi, des médicaments et un rouleau à pâtisserie, avant de s’enfermer dans la salle de bain.

Pendant une trentaine de minutes, Jennifer a méthodiquement broyé les cachets de méthadone et de Xanax puis les a mélangés avec l’alcool avant de proposer à Bruno de boire le mélange.

Une quinzaine de minutes plus tard, celui-ci s’est assoupi sur une chaise et sa compagne l’a étouffé pour s’assurer qu’il soit bien mort avant de quitter le domicile avec ses deux filles.

Entendue le lendemain, elle a d’abord avancé la thèse du suicide avant de passer aux aveux. Oui, c’est bien elle qui a délibérément tué son compagnon.

Jennifer D. était "dans un trou noir"

Comment expliquer un tel geste ? Pour son avocat, maître Loïc Bussy, sa cliente "était dans un trou noir" et tuer son compagnon était "la seule solution qu’elle ait trouvé car elle ne voyait plus la fin". La fin d’un long calvaire, affirme Jennifer D. Selon ses déclarations, son compagnon était violent et les disputes conjugales fréquentes. "Elle voulait le quitter, elle en avait ras-le-bol, elle ne supportait plus qu’il boive et qu’il ne s’occupe pas des filles", décrit son conseiller.

Elle voulait le quitter, elle en avait ras-le-bol, elle ne supportait plus qu’il boive et qu’il ne s’occupe pas des filles.

Loïc Bussy, avocat de Jennifer D.

Une version contredite par maître Vincent Debliquis, avocat de la famille de Bruno Benedit. "Peut-être que la difficulté au quotidien et les fins de mois qui commencent le 15 ont généré des douleurs et des souffrances, concède-t-il, mais on ne peut pas dire qu’on est face à un couple avec des violences réciproques, des blessures, des marques, des certificats médicaux et des plaintes. Ça ne résulte pas de ce dossier".

Après cinq années de procédure, les proches de la victime espèrent de ce procès des réponses mais leur avocat est pessimiste. "On ne peut pas expliquer un acte aussi violent, aussi invraisemblable, résume-t-il. Il ne peut pas y avoir d’explications".

Altération du discernement retenue

La question centrale de ce procès gravitera sans aucun doute autour du psychisme de Jennifer D.

Selon l’expert psychiatre qui l’a rencontrée en détention, le discernement de la mère de famille lors du passage à l’acte a pu être altéré. "C’est-à-dire qu’au moment des faits, ma cliente avait un niveau de conscience altéré et une responsabilité pénale amoindrie", détaille maître Bussy.

La mère de famille peut donc être jugée et doit répondre de ses actes, mais la peine qui va être prononcée pourrait être modulée. "Elle est intelligente, elle a organisé tout ça et elle est allée au bout de son raisonnement", rétorque l’avocat des parties civiles.

Accusée d’assassinat sur conjoint et de modification de l’état des lieux d’un crime pour faire obstacle à la manifestation de la vérité, Jennifer D. encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu vendredi 3 mars 2023.

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