Après le passage des tempêtes Ciaran et Domingos, les habitants de Saint-Etienne-au-Mont, dans le Pas-de-Calais, sont à bout. On parle de traumatisme. Ce vendredi 3 novembre 2023, trois cents foyers ont été touchés par, des inondations records, qui ont atteint un mètre d'eau par endroits.
"C'est un traumatisme qui restera toute ma vie." À Saint-Etienne-au-Mont l'heure est au désolement.
La tempête Ciaran qui a déferlé sur les Hauts-de-France ce vendredi 3 novembre 2023 a inondé les rues de cette commune roche de Boulogne-sur-Mer, laissant derrière elle 300 foyers détrempés, croulant parfois sous plus d'un mètre d'eau. Un record pour la ville.
Surtout, la décrue a été ralentie par le passage de la tempête Domingos ce samedi, retardant le retour à la normale. "Le niveau d'eau est un peu remonté dans la nuit, mais aucun dégât n'a été recensé", faisait savoir la mairie ce matin.
Les meubles se sont mis à flotter, même mon frigo. Au matin tout était gondolé
Mélodie, sinistrée
Repartir à zéro
Pas de nouvelles dégradations dans les foyers donc, mais beaucoup craintes hier face à cette seconde intempérie. "De toute façon tout a déjà été emporté", ironise amèrement Mélodie, résidente de Saint-Etienne-au-Mont.
Livrets de famille, photos, factures, acte de baptême, matériel de puériculture... Rien n'a survécu. La télévision, déjà placée en hauteur, est la seule rescapée de cette nuit fatidique. "J'ai tout perdu", assène finalement la jeune maman. "Je peux plus travailler, j'accueillais les enfants chez moi. Là je fais les travaux de la maison et je m'en vais. C'est fini."
Un "traumatisme" pour les habitants
En 1998, la commune de Saint-Etienne-au-Mont avait déjà essuyé une inondation record, mais rien de comparable avec celle qui s'est déroulée cette semaine, selon les habitants.
On est restés les pieds dans l'eau et dans le noir toute la nuit, sans savoir quand ça irait mieux. On est capables d'aller marcher sur la lune mais pour ça on ne peut pas faire quoi que ce soit.
Michelle, sinistrée
"En 30 ans que j'habite ici, on n'avait été inondés qu'en 98, mais il n'y avait pas eu autant d'eau", livre Michelle, au bord des larmes. Pendant la tempête, cette habitante a également perdu l'entièreté des affaires qu'elle avait laissées au rez-de-chaussée. "On est désemparés, je ne sais pas ce qu'on va faire."
La retraitée ne parvient pas à réfréner un long sanglot. Pour elle, cette nuit cauchemardesque restera à jamais "un véritable traumatisme". "On est restés les pieds dans l'eau et dans le noir toute la nuit, sans savoir quand ça irait mieux", elle marque une pause et reprend, désabusée : "on est capables d'aller marcher sur la lune mais pour ça on ne peut pas faire quoi que ce soit."
Un message sur Facebook c'est très bien, mais ceux qui n'ont pas internet ou qui dorment la nuit comment ils font ? D'habitude la mairie fait du porte à porte mais là il n'y a rien eu, tous les voisins sont très en colère.
Mélodie, sinistrée
La colère prend le dessus
Lassés, les habitants de Saint-Etienne-au-Mont ne comprennent pas comment de tels dégâts ont pu avoir lieu. Pour Mélodie, qui tient la mairie pour responsable, le drame aurait pu être évité. "On n'a pas été prévenus comme il aurait fallu l'être", souffle-t-elle. "Un message sur Facebook c'est très bien, mais ceux qui n'ont pas internet ou qui dorment la nuit comment ils font ? D'habitude la mairie fait du porte à porte mais là il n'y a rien eu, tous les voisins sont très en colère."
Face à la rancune de certains administrés, la maire Brigitte Passebosc se justifie : "Je comprends que les habitants soient excédés, nous sommes là pour capter cette colère. Mais les conditions étaient tellement exceptionnelles que tout le monde a été surpris... Il y a tellement d'alertes tout le temps qu'au bout d'un moment elles ne sont plus prises au sérieux. Un placement en alerte rouge aurait peut-être permis de mieux comprendre la gravité."
En attendant, la maire de Saint-Etienne-au-Mont et l'équipe municipale ont mis à disposition un hébergement au foyer communal, pour que les sinistrés puissent se réchauffer. Les encombrants passent également de porte en porte pour récolter les objets irréparables. Une situation temporaire, que Saint-Etienne-au-Mont espère ne plus avoir à revivre, alors que les tempêtes se font de plus en plus nombreuses en France ces dernières années.