L'auteur de "L'Insoutenable légèreté de l'être", mort mardi 11 juillet à l'âge de 94 ans, possédait une résidence secondaire dans la station huppée de la Côte d'Opale. Les rares personnes qui l'ont croisé évoquent la très grande discrétion de ce géant de la littérature du XXe siècle.
"Je ne savais pas qu'il était possible de le croiser au Touquet." Cet étonnement d'un internaute et habitant de la Côte d'Opale en dit long sur la discrétion de l'écrivain franco-tchèque. Milan Kundera, grand nom de la littérature du XXe siècle, décédé mardi 11 juillet 2023 à Paris à l'âge de 94 ans, avait bien une résidence secondaire dans la chic station balnéaire du Pas-de-Calais. Où il se faisait petit.
Comme de nombreuses célébrités, l'auteur de L'Insoutenable légèreté de l'être, naturalisé français en 1981, aimait poser ses valises avec sa femme, une partie de l'année, dans cette ville huppée du Pas-de-Calais. Le maire actuel, Daniel Fasquelle, évoque une "relation particulière", dans un message publié sur Twitter.
"Il n'acceptait pas d'être incommodé"
Mais pourquoi s'installer ici, au milieu des stars, lui qui se tenait loin des sollicitations médiatiques ? Son dernier passage à la télévision remonte à 1984, son dernier entretien avec un journaliste à 1986. D'ailleurs, jamais il n'accordera d'entretien à la journaliste du Monde, Ariane Chemin, qui lui a dédié le livre A la recherche de Milan Kundera. Un ouvrage chroniqué par notre reporter de France 3 Nord Pas-de-Calais dans cet article.
Pourquoi ce bord de mer ? Était-ce pour la quiétude et l'anonymat que les habitants de la commune savent respecter envers le ghotta qu'ils fréquentent. "Le Touquet c'était pour lui un endroit très absolu, où il était tout seul, raconte Lilyane Lussignol, ancien édile de la ville, de 2017 à 2020. Il allait chercher son journal, ses oranges ou ses fruits, mais il n'acceptait pas d'être incommodé, même par ceux qui l'aimaient."
"Quand je suis arrivée au Touquet, je savais qu'il était ici et j'ai tout fait pour me rapprocher de lui, mais c'était impossible."
Lilyane Lussignol, maire du Touquet de 2017 à 2020
Des habitudes au café Le Safran
Elle-même, forte de son écharpe tricolore, ne pourra jamais briser la glace avec le romancier. "Quand je suis arrivée au Touquet, je savais qu'il était ici, j'ai tout fait pour me rapprocher de lui, mais c'était impossible", dit-elle avec autant de regret que d'admiration. De ses activités, peu de choses sont connues, si ce n'est qu'il continuait d'écrire, sait Lilyane Lussignol.
Peu de gens ont réussi à ôter des mots de la bouche de l'écrivain, qui résidait à Paris ces dernières années. Virginie Carton, si, apparement. Dans une publication Facebook en forme d'hommage, l'écrivaine lilloise fait le récit d'une rencontre éphémère et énigmatique avec l'homme, au café Safran situé sur la plage, où il avait ses habitudes jusqu'en 2018. "Il m'a dit ce jour-là qu'il avait très envie de ne plus écrire, raconte-t-elle. Je pense souvent à ces drôles de mots."
Lilyane Lussignol, désormais à la tête de l'organisation du Salon du livre du Touquet, promet de rendre hommage au romancier lors de la prochaine édition du 17 au 19 novembre 2023.