18 membres d’un vaste réseau de passeurs dans la Manche ont été condamnés par le tribunal de Lille à des peines allant d’un à quinze ans de prison, l'aboutissement d'un long travail d'enquête mené conjointement par la France, l'Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. Des “marchands de mort”, également condamnés à une interdiction définitive de territoire.
Une condamnation lourde, pour l’exemple. Ce mardi 5 novembre 2024, le tribunal a condamné 18 membres d’un vaste réseau de passeurs à des peines allant d’une année à quinze ans de prison, principalement irako-kurdes.
L'enquête avait établi que ce réseau avait en grande partie la mainmise sur les traversées de migrants vers l'Angleterre à partir du littoral du Nord et du Pas-de-Calais entre 2020 et 2022.
Des peines d’une année à quinze ans de prison
Dans son délibéré, le tribunal a suivi les réquisitions du procureur en infligeant la plus lourde peine, 15 années d'emprisonnement avec une période de sûreté des deux tiers et mandat de dépôt, à l'encontre d'un Irakien de 26 ans, Mirkhan Rasoul.
Soupçonné d'avoir piloté l'ensemble du réseau de sa cellule de prison en France, il s'est également vu infliger une interdiction définitive du territoire français et 200.000 euros d'amende.
Un réseau de passeurs de haut niveau impliqué dans un trafic de migrants
— Carole Etienne, procureure de Lille (@ProcureurLille) November 5, 2024
Délibéré du tribunal de Lille ⤵️
Major operation against migrant smuggling in the English Channel: 39 arrests | Eurojust | European Union Agency for Criminal Justice Cooperation (https://t.co/VGCIdAowB2)
Les 17 autres prévenus, dont une femme, ont été condamnés à des peines allant d'un à douze ans d'emprisonnement et jusqu'à 150.000 euros d'amende. Tous ont été condamnés à une interdiction définitive du territoire.
Un "dossier tentaculaire"
Au terme du procès, qui s’était tenu entre la fin septembre et le début octobre devant la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Lille, la procureure avait décrit un “dossier tentaculaire” aux ramifications internationales. "Les prévenus ne sont pas des bénévoles aidant leur prochain mais des marchands de mort", avait accusé la procureure dans ses réquisitions, décrivant des canots chargés de passagers "jusqu'à 15 fois leur contenance théorique".
Plus de 50 perquisitions avaient permis de saisir 1.200 gilets de sauvetage, près de 150 canots pneumatiques et 50 moteurs de bateaux, lors d'opérations menées conjointement par la France, l'Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, coordonnées par les agences Europol et Eurojust.
Au moins 60 migrants ont perdu la vie dans la Manche lors de tentatives de traversées pour rejoindre l’Angleterre depuis le début de l’année, un record depuis l’apparition du phénomène des traversées sur des canots de fortune en 2018. Entre le 1er janvier et le 4 novembre 2024, 31 000 migrants sont parvenus à rejoindre les côtes anglaises sur des smallboats, soit plus que sur toute l’année 2023.
Avec AFP