Ce 23 juin 2024, une équipe de démineurs a désamorcé une bombe de 226 kilos datant de la Seconde Guerre mondiale, découverte à Rang-du-Fliers (Pas-de-Calais) lors de travaux de terrassement. Pendant l'opération, une centaine d'habitants ont dû rester confinés chez eux et se tenir loin des vitres.
Impossible d'accéder à la gare de Rang-du-Fliers ce 23 juin 2024. Police et barrières sont postées aux quatre coins de la petite commune du Pas-de-Calais pour s'assurer que personne ne pénètre dans la zone de confinement, délimitée pour une opération de déminage.
Depuis 8 heures ce matin, les forces de l'ordre et la sous-préfecture de Montreuil-sur-Mer sont sur le qui-vive : jusqu'en fin de matinée, huit démineurs du centre de déminage d'Arras travaillent sur une bombe d'aviation de 226 kilos, découverte il y a quelques jours lors de travaux de terrassement.
Une découpe au jet d'eau
Un poste de commandement opérationnel, dirigé par la sous-préfète de Montreuil-sur-Mer, a été mis en place pour assurer à distance le bon déroulement de l'intervention. À l'aide de drones, les autorités peuvent suivre l'avancée des opérations sur leurs écrans et vérifier que les habitants restent bien cloîtrés chez eux.
Le temps de l'intervention, la centaine de riverains vivant dans un rayon de 270m autour de la bombe a été invitée à rester confinée à domicile, volets fermés et fenêtres ouvertes. Les routes ont également été barrées pour faciliter l'intervention des démineurs d'Arras, qui ont choisi une méthode un peu spéciale pour mettre la bombe hors d'état de nuire : "On a choisi un système de découpe jet d'eau. On va injecter de l'eau à 700 bars avec un abrasif qui va découper la gaine de façon à pouvoir retirer le système d'amorçage", commente Michel Colin, chef de l'équipe.
On va injecter de l'eau à 700 bars avec un abrasif qui va découper la gaine de façon à pouvoir retirer le système d'amorçage.
Michel Colin, chef du centre de déminage d'Arras
Une technique plus sécurisante pour le personnel car la découpe à l'eau se fait à distance et ne produit aucune chaleur ou vibration pouvant stresser le cœur de la bombe anglaise, parachutée pendant la Seconde Guerre mondiale. Aucun risque (ou presque) de faire exploser les 88 kilos de poudre présents dans la bombe.
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La bombe, transportée vers Laon
Après trois heures d'intervention, le déminage de la bombe s'est déroulé avec succès. Il ne reste plus que sa structure ovale en métal (voir vidéo) : toute la partie qui fait office de détonateur a été retirée par les professionnels. "Une fois qu'on a retiré le culot, la partie sensible pouvant déclencher l'explosion, ce qui reste c'est l'enveloppe métallique avec l'explosif dedans, qu'on va évacuer avec un de nos véhicules jusqu'au dépôt."
Cette bombe désormais inoffensive va pouvoir être acheminée jusque dans un hangar de Laon, où elle sera détruite comme toutes ses congénères : c'est loin d'être la première fois qu'une bombe de cette taille réapparaît dans la région. Selon Michel Colin, les démineurs interviennent 6 à 8 fois par an sur des objets de ce gabarit, issus des précédents conflits.
Le dernier déminage marquant s'était déroulé fin mai, il y a presque un mois jour pour jour, à Calais pour une bombe de la Seconde Guerre mondiale lourde de 500 kilos, découverte dans le quartier habité de Fort Nieulay. L'opération avait nécessité l'évacuation de 1600 personnes.
Avec Valérie Dermersedian