Pénurie de dentistes : un constat alarmant qui complique l'accès aux soins dans les Hauts-de-France

L’Union Régionale des Professionnels de Santé alerte sur la situation des chirurgiens-dentistes des Hauts-de-France. La région manque de professionnels par rapport à la moyenne nationale et a du mal à attirer les jeunes praticiens en milieu rural.

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La région Hauts-de-France manque de dentistes. L’Union Régionale des Professionnels de Santé (URPS) Chrirurgiens-Dentistes des Hauts-de-France révèle des chiffres alarmants qui expliquerait un accès aux soins rendu difficile pour les patients. 

Il y a actuellement 43 chirurgiens-dentistes pour 100 000 habitants dans les Hauts-de-France contre 63 pour 100 000 en moyenne en France. Ce chiffre bien en-dessous de la moyenne nationale a de quoi étonner car les Hauts-de-France sont la quatrième région la plus peuplée de France d'après l'INSEE et le Nord est le département le plus peuplé depuis plusieurs années, devant Paris et les Bouches-du-Rhône.

Au total, la région comptait 2 604 chirurgiens-dentistes libéraux en 2021. Cela représente 7,3% des dentistes en France. Pour être en adéquation avec la densité de population, il faudrait que ce chiffre s'élève à 9%.

Des zones blanches, sans aucun dentiste

"Le problème au départ, c'est le numerus clausus, explique le Dr Marie Biserte, chirurgien-dentiste et vice-présidente de l’URPS Chirurgiens-Dentistes Hauts-de-France. Il y a 30 ans, on a réduit le nombre d'étudiants formés sans tenir compte des conséquences."

A cela, s'ajoute "un problème d'aménagement du territoire" qui ne rend pas l'intérieur des terres très attractif auprès des jeunes praticiens. Elle développe : "Quand on voit à la télévision que dans les milieux ruraux il y a de moins en moins de boulangeries, que les bureaux de poste ferment et que les écoles sont moins dotées d'options qu'en ville, c'est normal que les jeunes praticiens trouvent cela moins attirant. La dimension qualité de vie est loin d'être illégitime."

Sans surprise, Lille, Amiens et Dunkerque sont les territoires les plus dotés en chirurgiens-dentistes. En revanche, il existe 5 zones où la densité de chirurgiens-dentistes est très faible et va en décroissant :

  • Dans le Pas-de-Calais, entre Montreuil-sur-Mer, l’est de Boulogne-sur-Mer et Bruay-la-Buissière
  • Dans la Somme, entre Abbeville et Amiens
  • Entre Beauvais et Saint-Quentin
  • Dans le Nord, sur le territoire Sambre-Avesnois-Thiérache
  • Entre Compiègne et Soissons

Par ailleurs, sur les 244 territoires des Hauts-de-France déterminés par l'Agence Régionale de Santé (ARS), 24 ne comptent aucun chirurgien-dentiste. Ces déserts sont répartis sur les cinq départements de la région.

Le docteur Marie Biserte souligne que "même en zone surdotée (comme la Métropole lilloise par exemple) l'accès aux soins est compliqué". "Surdotée, ça veut dire mieux dotée, précise-t-elle. Mais si vous avez une rage de dents, vous n'aurez pas forcément un rendez-vous le lendemain."

Un autre problème se pose dans la région : on constate un vieillissement des professionnels présents sur le territoire. "En 2021, 16,4 % des chirurgiens-dentistes libéraux étaient âgés de 60 ans et plus. Ils n’étaient que 15,4 % en 2014", indique le communiqué de l'URPS. Les secteurs fortement concernés par le vieillissement professionnel sont sur le littoral de la Manche (depuis le sud de Boulogne-sur-Mer jusqu'à la Normandie), la quasi-totalité de l’Oise et l’Aisne du sud et de l’ouest. Certaines parties du Pas-de-Calais sont également touchées.

La vice-présidente de l'URPS regrette qu'il existe une "menace au conventionnement sélectif". Cela consisterait à ne conventionner que les praticiens qui s'installent dans les zones sous-dotées en professionnels de santé. "On trouve cela contre-productif parce que ça ne marchera pas, assure-t-elle. Pour les étudiants, la liberté d'installation est vraiment un leitmotiv. On ne peut pas perdre cette liberté essentielle."

Comment remédier au manque de dentistes ? 

L'URPS propose quelques pistes pour tenter de remédier au manque de dentistes et au vieillissement des professionnels en poste. Certains actes médicaux, comme la réalisation d'une radio, pourraient être délégués aux assistants dentaires. L'URPS propose également la création d'un guichet unique qui permettrait aux jeunes praticiens d'avoir facilement accès aux offres et aux aides auxquelles ils ont le droit.

Au-delà de vouloir aider les jeunes praticiens, l'URPS pense qu'il faudrait éveiller des envies de carrière chez les lycéens, notamment ceux des territoires en manque de professionnels des soins dentaires. "L’association souhaite donc mettre en place des rencontres entre lycéens/étudiants de 1ère année aux études de santé et étudiants chirurgiens-dentistes pour présenter le métier et coacher ces potentiels futurs professionnels dentaires", détaille le communiqué de l'URPS.

Pour Marie Biserte, "aller chercher les lycéens sur des territoires qui sont en tension" permettrait de  "pallier ce phénomène d'auto-censure des jeunes sur des territoires moins favorisés". D'autant plus, que ces jeunes seraient certainement plus enclins à s'installer dans ces communes "parce qu'il y a un ancrage familial et une connaissance de l'environnement", explique-t-elle.

Par ailleurs, la vice-présidente de l'URPS conseille aux patients d'être très réguliers dans leurs visites de contrôle :

Si les patients venaient une fois par an pour le détartrage annuel, cela permettrait de déceler certains problèmes quand ils ne sont pas encore graves et urgents. On aurait ainsi beaucoup moins de demandes d'urgence et on pourrait mieux s'organiser.

Dr Marie Biserte

Une autre solution serait de permettre aux praticiens d'exercer un jour par semaine dans un cabinet dentaire au sein d'un hôpital en milieu rural. "Cela permettrait aux dentiste de continuer à habiter en zone urbaine et une journée par semaine aller les mains dans les poches dans un cabinet équipé", précise-t-elle. Elle regrette que pour le moment les services dentaires en hôpital soient davantages consacrés à des soins chirurgicaux qu'à des soins conservateurs.

L'URPS espère retenir l'attention des pouvoirs publics, et notamment des élus locaux, et leur faire comprendre que lorsqu'on parle de "déserts médicaux, cela ne concerne pas que la médecine générale, mais aussi les dentistes".

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