Casinos en ligne : le gouvernement temporise, l'inquiétude reste de mise au casino de Cayeux-sur-mer

Dans le cadre de son projet de loi de finances, le gouvernement a voulu légaliser les casinos en ligne, pensant engranger avec cette mesure près d’un milliard d’euros. Face à la fronde de la profession, l’amendement a finalement été retiré mais l’inquiétude règne toujours dans les petites communes

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Lorsque, le 19 octobre dernier, le gouvernement dépose un amendement prévoyant d'autoriser les casinos en ligne, la profession des casinos dits "physiques" monte au créneau. Selon eux, cette légalisation serait catastrophique pour leur secteur, menaçant emplois et régulation de l'addiction au jeu. Face à la mobilisation, le gouvernement rétropédale et lance une concertation afin "d'éclairer ses choix futurs". Mais à Cayeux-sur-mer, l'inquiétude reste de mise.

"Une grosse angoisse"

Au casino de Cayeux-sur-mer, c’est par l’intermédiaire de son syndicat que Sabrina Mortki-Blachère, directrice du casino de Cayeux-sur-Mer, apprend au mois d’octobre le projet du gouvernement, c'est alors une "grosse surprise, et tout de suite grosse angoisse parce que c'est l'inconnu, parce que d'un coup, c'est ouvrir la boîte de Pandore, c'est dangereux". 

Aujourd’hui, seuls le poker et les paris sportifs sont autorisés sur internet. Si les machines à sous et jeux de cartes le deviennent aussi, le casino de Cayeux craint pour son activité et son chiffre d'affaires, "l'équilibre est très fragile pour des établissements comme le nôtre, dans des petites stations, on est ouvert 365 jours par an, l'hiver est très long, c'est 30 salariés, donc 30 familles, en CDI", s'inquiète la directrice.

Une autorisation des casinos en ligne pourrait, selon la profession, entraîner la fermeture du tiers des établissements physiques français et menacerait 15 000 emplois dès la première année.

"J'ai des clients notamment au black jack qui font plus d'une heure de route pour venir jouer, qui viennent à peu près une fois par semaine, je pense que s'il y a une offre de jeu en ligne, ces clients-là ne sont plus sujets à venir", affirme Maxime Mortki, membre du comité de direction au casino de Cayeux-sur-mer.

En 2021, l’établissement a été refait à neuf pour 2,5 millions d’euros. Cette année, il a reçu l'autorisation d’installer 75 machines supplémentaires. Il ne peut se permettre une baisse du chiffre d’affaires.

Augmentation des comportements addictifs 

Selon les casinotiers, la légalisation des casinos en ligne entraînerait par ailleurs une augmentation des comportements addictifs. 100% du personnel étant formé à la détection des cas à risque, ils se considèrent comme les premiers garde-fous. 

Pour Quentin Ledent, salarié du casino de Cayeux-sur-Mer,"un client qui vient une fois par semaine et qui tout d'un coup, du jour au lendemain, commence à venir 2,3 fois par semaine, voir plus (...) c'est un comportement qui peut être à risque pour le joueur, je suis chargé de repérer ces joueurs-là et d'en informer le membre de comité de direction". Une surveillance moins évidente en ligne.

La Fédération Addiction a, elle aussi, tiré la sonnette d'alarme : les casinos en ligne sont identifiés comme extrêmement addictifs. "Cette réforme du marché des jeux d’argent et de hasard risque d’entraîner des risques accrus de jeu problématique et d’addictions pour des millions de personnes", indique-t-elle.

Le soutien du maire

A Cayeux-sur-mer, il n'y a pas que la casinotière qui s'inquiète, le maire, Jean-Paul Lecomte (SE), est tout aussi opposé à cette éventualité. La commune est en effet propriétaire des lieux et en délègue la gestion. En contrepartie, elle reçoit 200 à 300 000 euros par an. Une manne financière dont elle ne peut se passer.

"Cela fait partie des investissements locaux pour l'avenir de la ville, de tout ce qui est voirie, de tout ce qui est enfouissement des réseaux, de l'aménagement, ça va contribuer aussi au projet du futur boulevard maritime qui va coûter la modique somme de 12 millions et demi d'euros".

La France et Chypre sont les seuls pays de l’UE où les casinos en ligne sont interdits. Les autoriser pourrait rapporter près d'un milliard d'euros à l'État. Mercredi 6 novembre, lors du lancement de la concertation avec les acteurs du secteur, le ministre du Budget s'est voulu rassurant et a confirmé aux participants la décision de ne pas réintroduire la légalisation des casinos en ligne dans les textes financiers de 2025. Une légalisation suspendue donc, mais pas enterrée. 

Avec Grégoire Alcalay (FTV)

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