Le siège de la fédération des chasseurs de l'Oise a été saccagé dans la nuit de dimanche à lundi. Un délit signé "ALF", acronyme du Front de Libération des Animaux, une organisation internationale parfois assimilée à de l'"éco-terrorisme".
La Fédération des chasseurs de l'Oise a été attaquée dans la nuit de dimanche 15 à lundi 16 février. A leur arrivée au siège d'Agnetz, les salariés ont découvert des locaux totalement saccagés. 14 bureaux ont été visités et vandalisés, pour un préjudice estimé par la fédération à 60.000 euros.
Tous les ordinateurs ont été cassés, les armoires éventrées à coups de pied ou de masse, les meubles de bureau défoncés, les murs et sols taggés, y compris à l’extérieur où apparaît une menace : "Mort aux chasseurs !"
Une partie des 25 salariés se sont affairés lundi pour remettre les locaux en ordre et "rouvrir demain (mardi) pour les 18.400 chasseurs de l'Oise", annonce Guy Harlé d’Ophove, le président de la fédération. Mais la page ne sera pas tournée. La fédération prend la menace au sérieux et va déposer plainte. La gendarmerie de Clermont a déjà ouvert une enquête.
Un suspect est tout désigné puisque le délit est signé "ALF", l'acronyme du Front de Libération des Animaux (Animal Liberation Front en anglais). Il s'agit d'une organisation clandestine qui se donne pour mission d'"infliger des dommages financiers à ceux qui profitent de la misère et de l'exploitation des animaux" et de "révéler l'horreur et les atrocités commises envers les animaux derrière des portes fermées, via des actions directes non-violentes et des libérations d'animaux."
Saccages de bureaux et sauvetages d'animaux : qu'est-ce que l'ALF ?
Le site animalliberationfront.com estime que la première action de l'ALF en France remonte à 1981, soit peu de temps après l'apparition du mouvement au Royaume-Uni (1976) et sa contagion aux Pays-Bas (1977) puis aux Etats-Unis (1981).
Les actions de l'AFL sont assimilées par les autorités, qu'elles soient politiques ou policières, des Etats-Unis jusqu'en France, à de l'extrémisme voir à de l'éco-terrorisme.
Il faut dire que les actions de l'AFL exercent une violence à la fois symbolique et matérielle, en ce qu'elles bafouent le principe de propriété privée et consistent le plus souvent en des destructions de biens.
Mais elles n'ont surtout aucune centralisation ni coordination . Concrètement, tout le monde peut se revendiquer de l’ALF à condition de respecter quatre ou cinq commandements dans ses actions.
C'est ainsi que peuvent être revendiqués sur le site Bite Back (spécialisé dans le référencement de ce type d'action) des délits aussi divers que : le saccage, le 6 janvier 2015, d'un local d'Air France à Toulouse parce que la compagnie aérienne "est la dernière à transporter des animaux pour les laboratoires de vivisection" (avec un tag "A.L.F") ; ou le "sauvetage" de 12 lapins volés dans une simple ferme du sud de la France qui n'est pas signé ALF mais qui correspond bien aux "règles de conduite" de l'organisation...
Une menace connue des autorités depuis de nombreuses années
Le fonctionnement informel de l'ALF lui garantie la pérennité dans la clandestinité, facilitant son développement tout en compliquant la tâche des enquêteurs pour remonter des filières.
Aux Etats-Unis, les autorités ont longtemps considéré que l'éco-terrorisme était l'activité la plus dangereuse après l'islamisme radical. "Ça prend de l'ampleur (en France)", confiait même en 2007 Christian Dupouy, chef du bureau de la lutte antiterrorisme à la direction générale de la gendarmerie nationale.
Et même si aujourd'hui, le nombre de délits signés ALF est très limité en France, Guy Harlé d’Ophove indique cependant que c'est la première fois aujourd'hui qu'une fédération française de chasseurs est ciblée par l'organisation.