Procès Bettencourt, auditions d'Eric Woerth et Patrice de Maistre : ce qu'il faut retenir

Eric Woerth (député-maire UMP de Chantilly) et Patrice de Maistre étaient entendus par le tribunal de Bordeaux, jeudi 29 novembre, dans le cadre du procès Bettencourt.

L'ex-gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre, 65 ans, a assuré jeudi à Bordeaux, entre émotion et défensive, avoir été plongé bien malgré lui dans les affaires personnelles, comptes cachés et "déchirures" d'une famille multimilliardaire vivant "dans un monde tout à fait à part".

Il a par ailleurs revendiqué ses liens avec le député de l'Oise et ex-ministre UMP Eric Woerth, lui aussi jugé par le Tribunal correctionnel de Bordeaux jusqu'au 26 février, comme huit autres prévenus. Ce dernier a été brièvement entendu - moins d'une demi-heure - sur son parcours, sans question de fond du tribunal ou d'aucune des parties.

"Admiration" pour Eric Woerth


Patrice de Maistre est jugé pour "abus de faiblesse" et "blanchiment" : il est soupçonné d'avoir abusé de la vulnérabilité de l'héritière de L'Oréal, aujourd'hui âgée de 92 ans et sous tutelle, pour des donations et obtention d'espèces totalisant 12 millions d'euros. En 2012, il a passé près de trois mois en détention provisoire.

Défensif dans ses explications sur son rôle de gestionnaire, voire sur son patrimoine, près d'une trentaine de millions d'euros, selon lui, Patrice de Maistre a paru à l'aise sur ses relations avec Eric Woerth, avouant son "admiration" pour l'homme politique, à la campagne duquel il dit avoir contribué financièrement à titre personnel, comme à celle de Nicolas Sarkozy.

Eric Woerth : Patrice de Maistre ne lui aurait donné que 1.500 euros


L'ex-ministre, poursuivi pour "recel" d'une somme que lui aurait remise Patrice de Maistre, a détaillé que Patrice de Maistre, membre du "premier cercle" des donateurs de l'UMP, avait aussi "contribué une fois" personnellement, et en toute transparence, à son association de financement électoral (1.500  euros, selon l'ex-ministre). Tout comme Liliane Bettencourt, "une fois" également. Il a par ailleurs évoqué ses relations a minima avec la famille Bettencourt.

Selon l'ex-comptable de Mme Bettencourt, Claire Thibout - que le tribunal de Bordeaux espère entendre malgré un certificat médical - Patrice de Maistre aurait versé au moins 50.000 euros en 2007 à Eric Woerth pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. L'ex-chef de l'Etat, mis en examen en 2013, a bénéficié d'un non-lieu.

Une comptable qui, selon l'ex-secrétaire de Patrice de Maistre, entendue en fin de journée, aurait raconté que Françoise Bettencourt-Meyers payait certains employés de sa mère pour lui faire passer des informations sur celle-ci.

Dans un volet distinct du tentaculaire dossier Bettencourt, Patrice de Maistre et Eric Woerth doivent être jugés en mars pour trafic d'influence.
Le premier est soupçonné d'avoir fourni un travail à l'épouse du second dans la société Clymène, en échange d'une Légion d'Honneur, que lui remit le ministre.

Sur Bettencourt : "des comptes en Suisse depuis 50 ans"


Patrice de Maistre, ex-commissaire aux comptes puis auditeur à succès, avait été recruté fin 2003 comme directeur-général de Thétys et Clymène, les sociétés gérant les dividendes tirées de L'Oréal par la famille Bettencourt. Mais, à l'en croire, il s'est retrouvé à gérer bien plus que cela.

Il décrit comment il découvre progressivement "une famille qui a des comptes en Suisse depuis 50 ans", d'autres à Gibraltar, qui achète discrètement une île seychelloise, possède un ranch aux États-Unis, des tableaux, etc. Gérer cet argent dissimulé, "ce n'était pas le contrat de départ", s'est défendu Patrice de Maistre, qui dit n'en avoir eu "ni besoin, ni envie".

Et d'enfoncer le clou sur la rupture entre Liliane Bettencourt et sa fille Françoise, après la plainte en 2007 de cette dernière, à l'origine de l'affaire. "Je n'avais aucun intérêt, que des inconvénients, à cette déchirure familiale" vécue comme une "déclaration de guerre" par la vieille dame, 11e fortune mondiale.
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