Un peu partout en Picardie, des actions symboliques et d'ampleur ont eu lieu ce lundi 18 novembre. Les agriculteurs protestent notamment contre l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur.
"Rio" ou "São Paulo", peut-on lire à la place de certains panneaux de communes de la Somme. Les actions symboliques des agriculteurs pour dénoncer l'accord avec les pays d'Amérique latine, le Mercosur, ont commencé à la tombée de la nuit dimanche 17 novembre. Des militants de la FDSEA et des jeunes agriculteurs ont bâché plusieurs panneaux de communes près de Fienvillers.
Ce lundi 18 novembre, très tôt dans la matinée, ce sont les agriculteurs de la Coordination rurale qui se sont déplacés avec leur tracteur devant l'Agence de services et des paiements près de la gare d'Amiens. Cette dernière est chargée de verser des primes de compensations aux agriculteurs.
Tout ça pour vendre des bagnoles allemandes ou du textile espagnol.
Agriculteur de la Coordination rurale
Furieux, les agriculteurs présents dénoncent l'accord de libre-échange avec le Mercosur. Celui-ci aboutirait à la suppression progressive des droits de douane entre l'Union européenne et cinq pays d'Amérique latine. Les agriculteurs y voient une concurrence déloyale et des règles sanitaires moins strictes.
"Je suis céréalier, je fais des betteraves et le Mercosur, c'est l'importation de sucres et de céréales. Tout ça pour vendre des bagnoles allemandes ou du textile espagnol, on est en train de sacrifier notre agriculture française", s'insurge l'un des agriculteurs de la Coordination Rurale.
Matthieu Carpentier, président des Jeunes Agriculteurs de l'Oise insiste aussi sur cette concurrence déloyale : "Nous on a des coûts de production plus importants pour produire de la qualité. Donc là, on va importer des produits qui ne respectent pas nos normes parce que ça coûte moins cher, comme des accélérateurs de croissance, c'est inadmissible."
Les mêmes revendications depuis des années
Pour les agriculteurs, les discussions d'un futur accord entre l'Union européenne et le Mercosur, sont la goutte d'eau. Cela s'ajoute à de nombreuses revendications dont ils font part depuis des années.
Déjà, en janvier dernier, le mouvement de colère des agriculteurs avait abouti à l'annonce de mesures par le gouvernement. Pourtant, un peu moins d'un an plus tard, les effets de celles-ci ne se font pas ressentir pour tout le monde sur le terrain.
"Pour ce qui est des simplifications, c'étaient des promesses [du gouvernement] mais on ne le vit pas encore sur nos fermes. On est des agriculteurs, on est là pour produire, élever, on n'est pas là pour passer notre temps dans un bureau. Ça fait des mois, des années qu'on réclame cette simplification administrative", dénonce Matthieu Carpentier, président des Jeunes Agriculteurs de l'Oise.
On ne donne pas envie aux jeunes de faire ce métier.
Matthieu Carpentier, président des Jeunes Agriculteurs de l'Oise
Autre problématique : le manque d'attractivité du métier qui décourage les jeunes de se lancer dans l'agriculture. "On ne donne pas envie aux jeunes de faire ce métier à cause de toutes ces contraintes qui existent. De base, on veut faire ce métier avec passion, on ne veut pas vivre dans le stress, dans l'oppression des contrôles qu'on subit", estime Matthieu Carpentier.
La journée de mobilisation de ce lundi 18 novembre devrait se terminer vers 18h30 avec des convois qui convergeront vers l'avenue de l'Europe à Amiens pour allumer des "feux de la colère", soit douze bidons qui représenteront les douze étoiles du drapeau de l'Union européenne. Une action conjointe entre les différentes organisations syndicales un peu partout en France.