"Rien à voir avec les menaces" : pourquoi les députés LREM picards victimes d'intimidation n'ont pas voté la loi sur le pass vaccinal

Absents lors du vote en première lecture de la loi sur le pass vaccinal, jeudi 6 janvier, les députés LREM de l'Oise et de l'Aisne Carole Bureau-Bonnard, Pascal Bois et Jacques Krabal, avancent des problèmes d'agendas et aucun lien avec les intimidations dont ils ont été les cibles.

Au premier abord, l'information interroge. Jeudi 6 janvier, aucun des trois députés picards de la majorité gravement menacés par des anonymes pour leur soutien au pass vaccinal n'était présent à l'Assemblée nationale pour le vote de la loi en première lecture. Ont-ils été intimidés ? Ils nient fortement.

"Ça n'a rien à voir avec les menaces et intimidations, ce n'est pas le résultat d'un changement de position de ma part", affirme Carole Bureau-Bonnard, députée de l'Oise, dont la permanence avait été taguée le 24 décembre.

"Tout le monde ne me parle que de ça mais c'est un épiphénomène", balaie son homologue Pascal Bois, dont le domicile a été vandalisé le 28 décembre.

"Je revendique le soutien à ce texte !", martèle l'Axonais Jacques Krabal, qui avait reçu - comme d'autres députés français - une menace de mort en ligne. Une enquête nationale est d'ailleurs toujours en cours sur ces menaces et aurait établi des connexions avec une " plateforme aux États-Unis", selon le député.

Des obligations personnelles ou en circonscription

Espéré dans la nuit de lundi à mardi par la majorité, le vote de la loi sur le pass vaccinal a été repoussé de jour en jour par les oppositions, pour intervenir finalement au petit matin de ce jeudi, vers 5h30. Trop tard, ou trop tôt, pour nos trois députés.

"Depuis lundi, j'ai été présente pendant plus de 15 heures, nous en étions à 400 amendements sur 650, avec des rappels au règlement, des suspensions de séance, une obstruction très forte", raconte Carole Bureau-Bonnard. Mercredi soir, la députée a fait le choix de rentrer en circonscription pour un rendez-vous à 8h45 le lendemain et pour travailler l'après-midi en centre de vaccination (elle est masseur-kinésithérapeute et formée aux injections par un ami pharmacien).

Nous avons convenu avec le groupe que je reviendrai le jeudi soir. Finalement, ça a été voté le matin, mais c'est le travail normal d'un député. Si j'avais attendu le vote, j'aurais dû rentrer par le train de 6h15 et faire nuit blanche... Je l'aurais fait pour le vote final, mais pas là. Nous avions la majorité, c'était une première lecture, ça arrive souvent.

Carole Bureau-Bonnard, députée LREM de l'Oise

Situation similaire pour Jacques Krabal. "J'étais présent de lundi à mercredi soir et je suis parti à 22h avec l'accord des responsables du groupe, pour un rendez-vous le matin à Château-Thierry, dans l'idée de revenir voter le jeudi soir, explique le député de l'Aisne. C'est vraiment l'organisation du travail parlementaire, insiste-t-il . Je soutiens ce texte. J'aurais pu voter si l'opposition n'avait pas fait de l'obstruction."

Pascal Bois avance pour sa part des "choses familiales et privées" à gérer dans sa région d'origine, d'où il ne revient qu'aujourd'hui. "J'ai posé une question au gouvernement mardi et, sachant déjà que j'allais partir, j'ai anticipé en ajoutant une phrase pour souligner que, malgré ce que j'ai vécu, je soutiens totalement la proposition de loi", note le député.

Les députés LR n'étaient pas beaucoup plus mobilisés

Les trois députés picards menacés étaient loin d'être les seuls absents lors du vote.

Pour la majorité, la députée axonaise Aude Bono-Vandorme n'était pas présente non plus. Tout comme la députée de la Somme Cécile Delpirou, qui n'a pas reçu de menaces particulières. "Elle aurait voté le texte sans difficulté, c'est juste qu'elle avait déjà fait la veille et l'avant-veille, justifie sa collaboratrice . Il y a des élus de permanence, le groupe fait des appels à présence s'il manque des députés, mais là il y en avait suffisamment." Jean-Claude Leclabart et Marc Delatte étaient présents et ont voté pour.

Dans l'opposition, le groupe de La France insoumise est celui qui a proportionnellement le plus mobilisé son (petit) banc à l'heure fatidique. Mais à droite, plus d'un quart du groupe Les Républicains était absent. À noter que le député LR de l'Aisne Julien Dive, proche de Xavier Bertrand et nommé orateur régional pour la campagne présidentielle de Valérie Pécresse, a bien participé au vote, en s'abstenant.

C'est le principe de la première lecture. Chaque groupe s'organise pour être représenté de manière à ce que les équilibres partisans soient respectés sans avoir à mobiliser 100% des troupes à n'importe quelle heure pour un vote qui n'est pas définitif.

Le débat continue

Quand le vote final arrivera, "je ferai le maximum pour être là", promet Pascal Bois. "Il est possible que je ne sois pas présente car j'ai une formation en fin de semaine, mais j'aurai une délégation, chose que vous n'avez pas en première lecture", précise Carole Bureau-Bonnard, qui continue de défendre haut et fort le pass vaccinal.

Et la députée de clamer, aussi spontanément que longuement, sa détermination : "On travaille pour le bien de nos concitoyens, en démocratie. Je ne suis pas fatiguée d'expliquer. Même si on a un niveau d'anticorps élevé, il faut une vaccination pour que les cellules soient prêtes à réagir fort et vite à une contamination du covid. Je suis désolée qu'on n'écoute plus les politiques, mais qu'on écoute au moins ceux qui sont en réanimation et regrettent de ne pas s'être vaccinés, comme l'ancien antivax que j'ai rencontré hier ! Vous êtes libres, on n'est pas en Italie (la vaccin y est obligatoire dès 50 ans, ndlr) . Vous voyez bien les réanimations, les décès. Vous attendez quoi ?"

Le projet de loi transformant le pass sanitaire en pass vaccinal doit maintenant être étudié par le Sénat. Il devrait revenir à l'Assemblée nationale en fin de semaine prochaine pour le vote final, où davantage de députés sont attendus.

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